La digitalisation des chaînes d'approvisionnement peut aider les marques à l'heure de la Covid-19 

A l'heure de la Covid-19 et des guerres commerciales globales, les chaînes d'approvisionnement (supply chain) pour le retail sont soumises à rude épreuve. La digitalisation et l'adoption de plateformes centralisées devient une nécessité pour les marques et fournisseurs, afin d'obtenir la visibilité et renforcer la collaboration permettant de réagir et d'adapter les stratégies d'achat et qualité.

Dans le monde interconnecté d'aujourd'hui, caractérisé par la volatilité de la demande des consommateurs, le terme « chaîne d'approvisionnement » (supply chain) est devenu quelque peu inadapté. Une chaîne suggère la rigidité, la linéarité et des liens définis, alors que le paysage manufacturier en évolution d'aujourd'hui exige des marques et des fournisseurs qu'ils créent des réseaux d'approvisionnement entièrement circulaires et imbriqués, fondés sur l'adaptabilité et la flexibilité.

Pour affirmer leur agilité, de nombreuses marques digitalisent leurs réseaux de chaînes d'approvisionnement afin d'avoir une vue d'ensemble à 360 degrés de la situation des fournisseurs en termes de qualité et de respect des normes sociales et environnementales.

Le problème actuel de la gestion de la chaîne d’approvisionnement

Les stratégies de la chaîne d'approvisionnement héritées du passé adoptent une approche de « comply or die », en gérant leurs fournisseurs et usines par une communication descendante et à sens unique. Dans ce modèle, les inspections qualité finales déterminent les pénalités éventuelles en cas de défauts des produits. Les défauts sont souvent documentés manuellement, parfois sur papier, puis communiqués par courrier électronique plusieurs jours après l'inspection.

Bien que ce modèle ait pu fonctionner pour minimiser les coûts, réduire les stocks et maximiser les ressources, le moment de vérité permettant de savoir si un fournisseur respecte ou non les normes est placé trop bas dans le cycle de vie de la chaîne d'approvisionnement. Lorsqu’un problème est finalement détecté, il est souvent trop tard pour le corriger sans dépenses supplémentaires.

Les événements géopolitiques et les tendances économiques récentes ont accentué ces défis de longue date auxquels sont confrontés de nombreux acheteurs lorsqu'il s'agit de gérer les normes de qualité et de conformité dans leur réseau d'approvisionnement. Avec d'abord la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, puis la pandémie sans précédent de Covid-19, un éclairage encore plus vif a été mis sur les obstacles auxquels les marques sont confrontées pour atténuer les risques émergents dans leurs chaînes d'approvisionnement, soulignant à quel point elles sont souvent sous-préparées pour répondre à l'évolution des comportements des consommateurs et des modèles de demande.

D’abord la guerre commerciale...

Depuis 2018, le différend commercial entre les États-Unis et la Chine a poussé de nombreuses marques à transférer les activités de leur chaîne d’approvisionnement hors de Chine, en particulier les étapes d’assemblage et de finition du produit final.

Mesurant l'impact de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine avant la Covid-19, un rapport du baromètre QIMA du premier trimestre 2020 a révélé que la demande d'inspection en Chine avait chuté de 14 % par rapport à l'année précédente parmi les acheteurs américains en 2019, la demande ayant ensuite explosé sur les marchés alternatifs d'Asie du Sud-Est (en hausse de 9,7 % par rapport à l'année précédente) et d'Asie du Sud (en hausse de 37 % par rapport à l'année précédente).

...puis la Covid-19 a paralysé les chaînes d’approvisionnement

Comme si les querelles tarifaires ne suffisaient pas, les usines chinoises ont fermé leurs portes au début de l'année 2020 pour tenter de freiner la propagation de la COVID-19. Peu après, les fermetures d’usines se sont répandues dans d’autres parties du monde. Les marques ont eu beaucoup de mal à contourner les retards de production, à trouver rapidement de nouveaux fournisseurs et à répondre de manière rentable aux attentes instables des clients.  

Le paysage de la chaîne d'approvisionnement a changé radicalement en peu de temps et de nombreuses marques n'ont pas été en mesure de réagir de manière à protéger la qualité et les normes éthiques. Les marques étant parfois en « mode survie », le respect de l'éthique dans les chaînes d'approvisionnement mondiales est soumis à une pression supplémentaire. Selon le rapport du baromètre Q4 2020 de QIMA, les notes éthiques des usines ont chuté de 4,5 % en cumul annuel par rapport aux moyennes de 2019, et environ 62 % des usines ont besoin de mesures correctives dans divers domaines, dont la santé et la sécurité, le temps de travail et les salaires, la gestion des déchets, etc.

Les marques digitalisent maintenant pour garder une longueur d’avance

 Dans une enquête de juillet 2020 menée par QIMA auprès de plus de 200 marques, les deux tiers des répondants ont indiqué que la pandémie avait accéléré la résolution de leur entreprise à numériser sa chaîne d'approvisionnement en 2020, notamment par l'utilisation de nouvelles solutions digitales et à distance. 

Alors que les voyages sont interrompus pendant de longues périodes,  les entreprises doivent abandonner l'approche « comply or die » et établir de véritables partenariats avec leurs en les responsabilisant, et en améliorant la transparence et la qualité produit tout au long du cycle de production, depuis les échantillons et les matières premières jusqu'aux inspections dans les magasins des consommateurs.

Repenser et pérenniser les chaînes d’approvisionnement

Pour déployer un nouveau modèle qui renforce leur réseau de fournisseurs, les marques, leurs acheteurs et responsables qualité vont devoir investir dans des solutions qui les aideront à obtenir une visibilité multidimensionnelle, à cartographier les risques et à identifier les problèmes de qualité et de conformité en temps réel.

Même avant les restrictions de voyage dues à la COVID-19, il n'était pas possible pour les marques d'avoir une présence physique constante dans les usines. Équiper leurs équipes et leurs fournisseurs avec des outils numériques peut donner aux marques une vue unique et globale de l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement, en termes de conformité à la qualité, de responsabilité sociale des entreprises, d'équipes d'approvisionnement, d'inspecteurs, de fournisseurs, d'entrepôts et de magasins.

Une plateforme digitale centralisée permet aux marques et à leur réseau d’approvisionnement d’accéder enfin à une vision consolidée des données et analyses dont ils ont besoin pour surveiller les performances individuelles de chaque fournisseur et inspecteur sur le terrain. Cela permet de décider de manière très fine où et quand envoyer des inspecteurs externes ou s'ils peuvent laisser les usines procéder à des auto-inspections. Cela permet aux marques de savoir si elles doivent conserver ou réduire la relation avec un fournisseur et améliorer les résultats qualité de manière plus efficace, notamment en matière de détection et même de prévention précoces des défauts.

Une vision intégrée et holistique définit essentiellement le cadre permettant aux marques de réorganiser la façon dont elles s'adressent à leurs fournisseurs et de former ceux qui font partie de leurs réseaux. En élaborant des instructions et des listes de contrôle normalisées et personnalisées pour les inspections et les audits, les marques peuvent garantir le respect des normes et des meilleures pratiques du secteur dans toute leur chaîne d'approvisionnement, y compris les usines, les fournisseurs de matières premières et les vendeurs. Les plateformes numériques peuvent également collecter des données plus efficacement, permettant aux marques de déployer des plans d'action correctifs par le biais de communications et d'analyses de risques en temps réel afin d'anticiper les défauts potentiels.

Fondamentalement, une approche digitale de la gestion de la chaîne d'approvisionnement modifie les relations que les marques et les distributeurs entretiennent avec leurs fournisseurs. Il ne s'agit plus strictement d'un contrat client-fournisseur. Les entreprises peuvent disposer de la technologie nécessaire pour réunir tous les acteurs de leur chaîne d'approvisionnement sur une plateforme unique afin de renforcer la collaboration et d'améliorer la qualité de la production, renforçant ainsi la résilience de la chaîne d'approvisionnement en période d'incertitude.