Reconfinement : l'occasion de digitaliser son restaurant

Depuis que les restaurateurs ont été contraints de fermer les portes de leurs établissements le 30 octobre à l'annonce du Président de la République Emmanuel Macron deux jours plus tôt, ils ont été invités à digitaliser leur activité pour continuer à réaliser un chiffre d'affaires et ainsi pallier les pertes conséquentes liées à la fermeture de leurs portes au public. Facile à dire mais pas si facile à faire ?

Oui, c’est un métier de maîtriser le digital. Restaurateur en est un autre. Nous savons penser un lieu ou un menu, créer du confort et de la convivialité pour nos clients, gérer un établissement et manager des équipes mais nous ne savons pas intuitivement comment digitaliser notre activité. Avoir un site internet et être présent sur les réseaux sociaux est souvent la base commune de nos compétences en informatique. C’est déjà une base solide et être visible et animer ses réseaux sociaux est un très bon moyen d’échanger avec ses clients, de les mobiliser pour qu’ils commandent chez nous et sachent comment s’y prendre alors que les portes sont closes.

Pourtant d’après notre ministre de l’Économie Bruno Le Maire, seuls 32% des TPE françaises disposent d’un site internet. Les restaurants en font partie. C’est peu, mais ce reconfinement est le moment de s’y mettre. On peut soit faire un site vitrine avec les données essentielles pour permettre aux clients de commander, de se faire livrer ou de passer récupérer leur commande, soit un site plus poussé en ayant recours à des professionnels. Ce n’est pas insurmontable, même pour ceux qui ne s’y connaissent pas en informatique. Les CCI, les communes, les mairies peuvent guider les restaurateurs dans leurs démarches et le gouvernement a produit un récapitulatif de ce qui peut être mis en place, et donnant des indications à suivre pas à pas.

Une forte mobilisation

Le gouvernement a fortement incité les Français à faire marcher les petits commerces autour de chez eux, restaurants compris : « J’incite tous nos compatriotes à avoir un comportement de consommation patriotique. […] Soutenez vos restaurateurs en achetant votre déjeuner ou votre dîner en allant le récupérer ou en vous le faisant livrer », a dit Bruno Le Maire le 29 octobre. En complément de cette incitation, le gouvernement a promis d’aider financièrement les entreprises dans le besoin (recours au chômage partiel maintenu, renforcement du fonds de solidarité avec une indemnisation allant jusqu’à 10 000€, exonération de charges sociales, Prêt Garanti par l’Etat renforcé, nouveaux prêts directs de l’Etat, aide à la prise en charge des loyers…). Les communes, les régions, les villes se mobilisent aussi en recensant, pour certaines, les commerçants et le moyen de commander chez eux. Les initiatives positives se multiplient dans tout le pays, les Français faisant preuve d’une belle solidarité.

Le gouvernement a aussi promis d’accompagner les commerces dans leur transformation digitale, en donnant des conseils, en lançant des appels à projets pour sélectionner les outils fiables et performants, et en assurant un soutien financier. Une enveloppe de 100 millions d’euros a ainsi été allouée aux commerces pour franchir le pas de la conversion numérique, qui prendra soit la forme d’une aide financière directe envoyée au commerçant, soit la forme d’un crédit d’impôt. Par ailleurs, « le chiffre d’affaires généré par le Click & Collect ne rentrera pas en compte dans le calcul du montant du fonds de solidarité auquel les commerces fermés ont le droit. », a annoncé Bruno Le Maire.

A emporter ou à livrer : deux solutions complémentaires

Etant donné qu’il n’est plus possible de recevoir les clients pour qu’ils consomment leur repas sur place, il reste deux options aux restaurants pour engranger du chiffre d’affaires, ne pas gaspiller leurs denrées et faire travailler une partie de leurs équipes : la livraison à domicile ou le click & collect, qui consiste pour le client à commander sur internet puis passer sur place récupérer son repas.

Il existe différents moyens de mettre en place le click & collect et la livraison. Une première longue et fastidieuse consiste à créer une application en interne mais cela prend des années : il faut recruter les bonnes personnes, se former, développer, tester régulièrement l’outil. La bonne nouvelle c’est qu’aujourd’hui il existe de nombreuses solutions clés en main. Et le premier confinement a accéléré encore ce développement. Le tout est de choisir l’outil qui correspond à son activité, de les comparer et de voir lequel répond à ses besoins sans que les marges soient trop obérées par le prestataire choisi. Pour le click & collect comme pour la livraison, des plateformes proposent l’un, l’autre et parfois les deux. Il faut simplement bien calculer les commissions à reverser aux uns et aux autres. Plusieurs font d’ailleurs des offres avantageuses, au moins dans les premiers temps, pour inciter les restaurateurs à choisir leur solution et donner un coup de pouce au secteur. Attention toutefois à bien gérer le flux clients et le respect des mesures sanitaires pour le click & collect. Bon à savoir : la vente à emporter sans commande à distance préalable n’est pas autorisée. Le paiement, lui, peut se faire sur place ou à distance. Le seul conseil important est le suivant : comparer le coût des différentes solutions, vérifier qu’elles répondent aux besoins propres à chacun et s’assurer que le moyen pour récupérer sa commande vous convient.

Ce reconfinement est difficile, pour nous, restaurateurs, pour nos équipes en chômage partiel, pour nos fournisseurs, pour nos clients qui aimeraient des moments de convivialité. Tout le monde est impacté. Il faut maintenir le cap, garder le moral et saisir cette période comme une opportunité de digitaliser son activité en travaillant sa visibilité et repenser la manière dont on veut délivrer les repas, en mobilisant sa communauté de clients et gardant le lien avec eux, en comparant toutes les solutions qui existent (service rendu et coût), et si besoin en hésitant pas à se faire accompagner par des professionnels, par les organismes disponibles (association représentant la profession, CCI, etc.) et par les aides financières de l’Etat et de sa région.