Écologie et pouvoir d'achat : les consommateurs au cœur du changement !

A l'approche des élections présidentielles, la crise écologique et le pouvoir d'achat sont des thèmes importants de la campagne. Deux sujets incontournables pour l'avenir qui, ces dernières années, ont souvent été traités indépendamment, voire même de façon antinomique. Mais une question se pose : comment concilier écologie et consommation tout en réduisant notre impact sur l'environnement ? En regardant de plus près, on constate qu'ils sont étroitement liés et qu'il est possible de les résoudre

Consommer autrement

En matière d’écologie comme de pouvoir d’achat, la question centrale à aborder collectivement est celle de nos besoins. Avons-nous tous besoin de smartphones haut de gamme, extrêmement puissants et renouvelés régulièrement à la moindre panne ? Doit-on systématiquement revoir sa garde-robe au gré des saisons et des modes ? Doit-on forcément aller à l’autre bout du monde pour passer de bonnes vacances ? Des modes de consommation plus sobres et plus durables auraient certainement un impact positif à la fois sur la santé financière de la plupart d’entre nous mais aussi sur notre empreinte environnementale globale. Si ces quelques exemples ne suffisent bien sûr pas à épuiser la question, il est certain que l’ensemble des postes de consommation pourraient faire l’objet d’une réévaluation individuelle et collective : énergie, automobile, loisirs, etc.

De nouveaux dispositifs mis en place pour aider les consommateurs à faire les bons choix

L’adoption de modes de consommation plus durables et plus responsables n’est pas une idée nouvelle pour la majorité des Français. Une étude réalisée en septembre 2020 par l’Observatoire de la Société́ et de la Consommation a ainsi montré que 59% d’entre eux prenaient en compte l’impact environnemental de leurs choix de consommation, et que 40% considèrent également les conséquences sociales de leurs comportements. Mais on sait également que ce type de consommation responsable est plutôt le fait des classes supérieures et est perçu, souvent à raison, comme plus couteuse. Une condition indispensable pour réconcilier la question du pouvoir d’achat et celle des comportements de consommation vertueux consiste donc à créer et promouvoir des outils qui redonneraient le pouvoir aux consommateurs, y compris les moins bien dotés économiquement. Les comparateurs, qui permettent à tout un chacun de trouver facilement les produits les mieux adaptés à ses besoins, et les applications de vente entre particuliers, qui offrent une seconde vie à des millions d’objets chaque année, sont à ce titre de précieux outils permettant de rapprocher écologie et économie.

Soutenir un marché plus responsable

A plus long terme, il s’agirait également de développer de nouveaux réflexes de consommation en soutenant des filières plus vertueuses écologiquement et donnant accès à des produits meilleur marché. C’est par exemple le cas des produits de seconde main, du reconditionnement et des services de réparation. D’importantes étapes ont d’ores et déjà̀ été franchies en faveur de ces marchés à travers notamment la création par l’État d’un indice de réparabilité, une note sur 10 permettant depuis le 1er janvier 2021 d’informer les consommateurs sur le caractère plus ou moins réparable des produits qu’ils achètent. Un indice qui pourrait bien devenir un nouveau critère d’achat décisif. Un sondage OpinionWay pour Samsung a ainsi montré que 8 français sur 10 cherchent à réparer leurs produits en cas de panne et que 71% d’entre eux ont déjà entendu parler de l’indice de réparabilité.

Promouvoir des modes de consommation durables

Difficile cependant de revoir en profondeur ses modes de consommation lorsque l’on est exposé continuellement à des messages publicitaires vantant les mérites des derniers produits, souvent les plus chers et les plus nuisibles à l’environnement. En 2007, le nombre moyen de publicités vues par un individu chaque jour varie entre 1200 et 15 000 selon les estimations et les méthodes de comptage1, des chiffres qu’il faudrait bien sûr revoir à la hausse aujourd’hui. Grâce à l’effet de répétition et à des méthodes de plus en plus élaborées, ces publicités ont un impact décisif sur les choix de consommation. Revoir en profondeur nos comportements demande donc de raisonner la publicité. Cet enjeu est progressivement pris en compte et fait l’objet de nombreuses initiatives institutionnelles et associatives, comme les amendements anti-greenwashing adoptés en avril 2021 dans le cadre du projet de Loi Climat. Ceux-ci interdisent notamment les arguments commerciaux écologiques sans fondement scientifique comme celui de la « neutralité carbone ». Mais des mesures plus ambitieuses pourraient encore être prises pour encourager la promotion de produits moins chers ou ralentir le rythme de sortie de nouveaux produits.

Loin d’être contradictoires, les enjeux de pouvoir d’achat et d’écologie peuvent ainsi être réconciliés par la promotion de modes de consommation durables et peu coûteux et la responsabilisation des acteurs de la publicité. Redonner le pouvoir aux consommateurs de faire des choix informés devrait donc devenir une priorité au cœur des débats de ces prochains mois.