Après Veepee, Showroomprivé et consorts, l'ère des ventes privées écoresponsables

Après Veepee, Showroomprivé et consorts, l'ère des ventes privées écoresponsables Depuis le début de la pandémie, il y a bientôt deux ans, les ventes privées en ligne évoluent avec l'apparition d'acteurs écoresponsables plus agiles. De quoi chambouler les codes de ce marché.

Lorsqu'on évoque le secteur des ventes privées écoresponsables, The Bradery est l'acteur qui revient le plus souvent. Mais ce marché compte d'autres noms, apparus plus récemment, comme BeBlue, EthiquePrivée ou encore Private Green. Ces sites ont tous en commun de proposer des ventes privées ou ventes flash mettant à l'honneur des marques et produits respectueux de l'environnement, et prônent une autre vision du commerce. 

Pour certains retailers et e-commerçants, les ventes privées représentent un canal de vente privilégié pour écouler les stocks invendus. Dans cette démarche, Showroomprivé, Veepee ou encore BrandAlley figurent parmi les sites les plus connus en France. Si ces mastodontes des ventes privées en ligne puisent leur légitimité dans leur notoriété et la visibilité qu'ils apportent aux marques, notamment les plus jeunes, l'émergence d'acteurs comme The Bradery rebat les cartes. "La génération des nouveaux acteurs de ventes privées écoresponsables est davantage réactive sur la mise en vente des stocks et ne mobilise pas les stocks des marques durant trois mois. Leur positionnement permet également aux marques de cibler une clientèle complémentaire mais différente sans viser leur clientèle habituelle déjà présente sur les sites traditionnels de ventes privées", analyse Sophie Guiter, directrice de Fashion Business Consulting, structure chargée d'accompagner les marques de mode dans une meilleure gestion de leur stock. 

La crise sanitaire n'est pas étrangère à ce tournant. "Avant la pandémie, les retailers et e-commerçants menaient une approche opportuniste de la gestion de leurs stocks en s'adressant naturellement aux sites établis de ventes privées, retrace Sophie Guiter. Depuis la crise sanitaire, on parle davantage de cycle de vie des produits, d'upcycling, de développement durable." 

Soigner le sourcing…

Une prise de conscience générale qui a vu naître une nouvelle réflexion côté consommateurs et côté marques, en même temps qu'une nouvelle opportunité business. Le site de ventes privées écoresponsable BeBlue est ainsi opérationnel depuis septembre 2020. Avec un volume d'affaires de deux millions d'euros en 2021, le site cultive sa différence grâce à un panel d'une cinquantaine de marques aux produits grand public ayant une identité écoresponsable. Le site se distingue sur l'économie circulaire et le reconditionné en particulier. "Nous ne voulons pas que notre business concerne une micro niche de clients sensibles à la démarche écologique, insiste Maxime Coudert, cofondateur et directeur e-commerce de BeBlue. Nous essayons de proposer une approche globale en valorisant des marques grand public comme Lafuma qui mettent en place des gammes éco-conçues par exemple." 

Mais dans le même temps, les sites traditionnels de ventes privées valorisent aussi des marques écoresponsables. Pour aller plus loin, BeBlue envisage prochainement de sélectionner ses marques partenaires sur la base d'un cahier des charges édité par l'Union européenne et d'accompagner celles-ci dans leur démarche éthique. Les consommateurs de BeBlue seront également à évaluer l'engagement écoresponsable des marques. "Nous sommes très bons en matière de sourcing et nous sommes en mesure de concurrencer Veepee ou Showroomprivé sur notre positionnement prix", assure Maxime Coudert. 

…au-delà du e-commerce

Le prix est justement un enjeu crucial chez EthiquePrivée, site de ventes privées écoresponsables lancé fin août 2020. "Bien sûr, notre objectif est de proposer un avantage à nos clients en restant moins cher que le marché, mais sans pour autant matraquer les prix. Actuellement, nos remises ne dépassent pas 20%", souligne Prescillia Pontat, fondatrice d'EthiquePrivée. En moins de deux ans, le site cumule des collaborations avec 150 marques et compte près de 50 000 clients membres. "Nous vendons les collections en cours de nos marques car celles-ci disposent souvent de peu de stocks et nous leur apportons une visibilité en même temps, explique Prescillia Pontat. Avec nos consommateurs, nous jouons la proximité. Notre service client prend souvent le relai au téléphone pour poursuivre la vente."

L'ère des sites de ventes privées écoresponsables dépasse les frontières du e-commerce. D'ici le mois de mai, les locaux d'EthiquePrivée à Sainte-Croix-du-Mont deviendront le lieu de séjours écoresponsables. "Les produits de nos marques partenaires seront disponibles à la vente sur place. C'est une manière pour nous d'aller encore plus loin dans notre approche", justifie la fondatrice du site. 

Elargir son champ d'action

A 28 ans, les fondateurs du site français The Bradery appartiennent à cette génération qui a évolué avec une conscience écologique forte. En trois ans d'existence, le site a vendu un million de produits. "Nous n'avons mobilisé aucune usine puisque les produits que nous vendons sont tous issus d'anciennes collections. Notre business est éthique à la base-même car nous travaillons avec des produits existants auxquels nous redonnons une seconde vie", détaille Edouard Caraco, cofondateur de The Bradery.

Un discours qui fait écho aux attentes des consommateurs qui se sont affirmées depuis deux ans. Le site a généré 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021 contre 15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020. Après avoir proposé sa première vente dans le voyage le 20 janvier 2022, The Bradery souhaite développer cette verticale en plus du C2C cette année.