L'Europe du commerce se construit maintenant!

Face à une concurrence mondiale croissante, PME et ETI adhérent de plus en plus aux nouvelles formes de commerce pour réconcilier enfin implantation et contribution locale avec croissance à l'échelle internationale. Si elles peuvent compter sur les acteurs européens du commerce pour soutenir leur développement, la France doit saisir l'opportunité de la PFUE pour défendre la nécessité d'une stratégie coordonnée de soutien à la digitalisation de nos entreprises.

Le commerce en ligne, le meilleur moyen de développer les ventes physiques 

Le e-commerce existe-t-il toujours ? La question peut paraître étrange alors que l’engouement pour les ventes en ligne ne montre, et c’est peu dire, aucun signe d’affaiblissement. Parler de e-commerce, c’est faire une distinction avec le commerce traditionnel, quand ces deux canaux de distribution forment les deux faces d’une même pièce : celle d’un commerce intégré et omnicanal bref, celle du commerce tout court !

Catalysés par la crise, les nouveaux besoins et usages autour du commerce sont maintenant définitivement installés. Les consommateurs attendent des marques et des enseignes qu’elles soient présentes sur tous les points de contact et qu’elles leur proposent une expérience d’achat unifiée. Les entreprises, de leur côté, adhèrent avec enthousiasme à ce nouveau paradigme et la plupart considèrent maintenant le e-commerce comme un moyen de développer les ventes physiques. Les ventes en ligne ont augmenté de 15% en 2021 et ont atteint 129 milliards d’euros[1]. Un dynamisme dont bénéficient d’ailleurs les enseignes physiques dont les ventes en ligne se sont envolées depuis 2 ans.

Bien plus qu’un outil de résilience, la digitalisation est devenue le relai de croissance indispensable à la conquête de nouvelles parts de marché mais aussi un levier de fidélisation car elle permet d’offrir une expérience d’achat plus fluide, en particulier pour les jeunes consommateurs. En deux ans, nous sommes passés de l’ère de la défiance à celle de la complémentarité et il revient maintenant aux décideurs publics de mettre en place des politiques volontaristes, capables de soutenir l’installation durable de cette dynamique.

Voyons plus grand, voyons Européen !

Maintenant que le cap est franchi, il est temps de voir plus loin et de changer d’échelle. L’heure est à la conquête ! Qu’ils soient équipementiers sportifs en Italie ou industriels dans les Vosges, les entreprises européennes disposent aujourd’hui de tous les outils pour grandir en dehors de leurs frontières, tout en irriguant l’économie locale. La digitalisation du commerce est un formidable vecteur de redynamisation des territoires mais trop de PME tardent encore à s’y mettre.

Inquiétudes face à la sécurité des données, aux cyberattaques, au manque de compétences en interne, à la complexité de mise en œuvre… Si la plupart de ces freins peuvent être levés, l’obstacle principal est bien souvent d’ordre financier et l’implication des institutions reste capitale pour accompagner les entreprises vers une digitalisation réussie. Les pays l’ont bien compris et proposent déjà des solutions publiques, privées ou associatives de prêts, de financement et des dispositifs d’accompagnement pour donner aux entreprises les moyens de se digitaliser. Mais l’envergure du chantier est telle qu’elle ne peut appeler qu’une réponse coordonnée à l’échelle de l’Europe. Ce n’est qu’à cette condition que nos entreprises pourront pleinement faire face à une concurrence internationale toujours plus féroce et valoriser leurs actifs digitaux pour devenir des acteurs majeurs du commerce de demain.

Une opportunité unique pour renforcer la puissance de l’écosystème numérique européen 

La période historique qui vient de s’ouvrir est une opportunité unique de renforcer la puissance de l’écosystème numérique européen. Alors que les enjeux liés à la protection des données, à la solidité de nos infrastructures numériques et à la transparence des plateformes sont devenus hautement stratégiques, nous devons favoriser l’émergence de champions européens du commerce et du numérique pour partager et diffuser, partout en Europe, l’extraordinaire dynamisme de la French Tech. Nous avons plus que jamais besoin d’acteurs souverains qui développent des technologies souveraines pour soutenir notre excellence économique.

Et ce n’est pas qu’un enjeu économique ! Cette stratégie devra aussi permettre à nos entreprises de croître dans un cadre qui reflète les valeurs et les usages numériques européens. Elle permettra, grâce à la place qu’elle accordera au commerce en ligne, de faire briller tous les savoir-faire d’Europe dans le monde entier.

Pour ces raisons, la France en particulier, a l’immense responsabilité de soutenir l’innovation européenne lors de sa présidence du Conseil de l’Union, alors même que se joue à Bruxelles l’avenir du Digital Markets Act et du Digital Services Act, garants de notre compétitivité et de la préservation de nos valeurs dans le numérique. De l’harmonisation du cadre réglementaire auquel sont soumises les plateformes à la refonte des règles de la commande publique en Europe, les chantiers sont nombreux : pour réussir, l’approche européenne devra faire cohabiter innovation et régulation.

À la France, à présent, de saisir cette opportunité pour devenir le moteur du changement et porter une vision ambitieuse de l’avenir du commerce en Europe !

[1] https://www.fevad.com/bilan-du-e-commerce-en-france-en-2021-les-francais-ont-depense-129-milliards-deuros-sur-internet/