La livraison de demain sera engagée ou ne sera pas

Face aux enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux, il est nécessaire de revoir nos modèles économiques. Parmi lesquels la livraison du dernier kilomètre qui se dessine comme une aberration climatique.

Pour réagir à cette tribune et échanger en direct avec les équipes de Tut Tut sur les enjeux de la livraison, venez les rencontrer sur le salon Tech for Retail les 28 et 29 novembre prochains Porte de Versailles.

Le jeudi 1er septembre 2022 est une date qui marque une nouvelle fois la rupture entre idéalisation du marché de la livraison à domicile et la dure réalité du terrain. Une grande plateforme de livraison de repas vient d’être condamnée à une amende de 9,7 millions d’euros pour travail dissimulé par le tribunal de Paris. Une décision de justice qui passerait presque inaperçue tant nous sommes habitués à voir les acteurs de ce marché être passés sur le grill. En effet, force est de constater que les initiatives juridiques de la sorte se multiplient de manière exponentielle depuis ces cinq dernières années, dans le but d’améliorer les conditions des travailleurs.

D’un point de vue customer-centric, le modèle est également compliqué à défendre. Comment pouvoir se targuer d’être source d’innovation alors que dans la conscience collective, ce modèle s’apparente plus à de l’exploitation que du salariat ? 

Après des années de folle croissance sur les marchés mondiaux, appuyées de faramineuses levées de fonds et spots publicitaires en tous genres, le secteur de la livraison à domicile semble être en train d’abattre ses dernières cartes. On ne compte plus le nombre de manifestations de livreurs à vélo qui défilent dans les rues pour réclamer la reconnaissance de leur statut ou bien une revalorisation de leurs salaires, alors même que le modèle peine encore à trouver l’équilibre financier.

Face à ce constat alarmant, est-il encore temps de trouver des solutions aux défis contemporains ? Ou est-ce que la livraison à domicile n’était-elle qu’un doux rêve ?

Une réponse sociale, solidaire et durable

Une partie de la réponse se trouve dans l’économie sociale et solidaire. Cette nouvelle tendance apporte une dimension plus humaniste à nos échanges. Que ce soit l’échange de services, le transport de personnes ou bien la livraison à domicile, la hausse du niveau de vie passera indéniablement par la revalorisation du capital social. 

Il est temps de remettre l’humain au cœur de nos échanges. Quand nous aurons compris que la première source de plus-value dont nous disposons, c’est bien la richesse des valeurs qui composent un homme, la société fera un bond de géant. Investir dans l’humain, c’est investir dans la société.. 

La seconde partie de réponse réside dans la prise en compte du facteur environnemental. Difficile, au XXIème siècle, de capitaliser sur des modèles qui consomment plus de ressources que la planète nous en procure. Afin de répondre aux objectifs de développement durable et tenir les engagements fixés par les accords de Paris, il convient de considérer l’impact environnemental de chaque activité d’une entreprise. C’est pourquoi le marché de la seconde main et notamment du textile, un des marchés les plus néfastes, a le vent en poupe. Apprendre à ré-utiliser, recycler et revaloriser des objets qui n’ont pas encore atteint leur fin de vie : une notion qui ne date pas d’hier mais que les consommateurs doivent se réapproprier. 

La livraison du dernier kilomètre, un enjeu climatique

En ce qui concerne le secteur de la livraison, le gouvernement français encadre, depuis 2019, un nouveau modèle économique : le cotransportage. Ce nouveau mode de livraison entre particuliers (basé sur le même principe que le covoiturage) présente l’avantage d’être à la fois socialement équitable et écologiquement responsable. Dotée d’un parc de 38 millions de véhicules particuliers, le réseau francilien est parfaitement maillé, même en zone rurale. Une aubaine pour les nouveaux acteurs de ce modèle qui compte bien exploiter cet avantage pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La livraison du dernier kilomètre représente un quart des émissions de CO2 des français. C’est une aberration climatique. À nous d’arriver à trouver le particulier qui effectue le bon trajet au bon moment pour livrer un client. La livraison de demain se doit d’être engagée, tant au niveau social qu’écologique. La France est un pays qui aime conserver ses acquis. Nous ne pourrons pas nous passer de la livraison à domicile, mais nous nous devons de trouver des alternatives viables et pérennes.