Quatre Français qui cartonnent avec leurs applications sur Shopify

Quatre Français qui cartonnent avec leurs applications sur Shopify Grâce aux revenus générés par leurs activités et applications disponibles sur la plateforme de création de site e-commerce, ces quatre entrepreneurs ont développé de véritables business.

Sur l'app store de Shopify, plus de 45 000 développeurs et partenaires externes ont créé pas moins de 10 000 applications. Ils conçoivent des thèmes et proposent aussi des services aux marchands présents sur la plateforme SaaS. D'après les informations que nous a communiquées Shopify, chaque commerçant utilise en moyenne six applications pour gérer son site. La plateforme a reversé 561 millions de dollars en 2022 à ses partenaires pour les applications qu'ils ont développées. Des entreprises se construisent grâce aux expertises nécessaires et aux applications développées pour les sites e-commerce Shopify. Le JDN a choisi de vous présenter quatre entrepreneurs français dont le business réside sur ce modèle.

Mat de Sousa, the Wide Company

JDN. En quoi consiste votre application ?

Mat de Sousa a créé deux applications avec sa société The Wide Company : WideBundle et WideReview. © Shopify Unite 2022

Mat de Sousa. Nous avons deux applications. WideBundle, qui permet d'augmenter le panier moyen en créant des offres sur les produits vendus, et WideReview, qui donne la possibilité d'afficher les avis clients en carrousel. Elles sont proposées sous abonnement, la première pour 14,99 dollars par mois et la seconde pour 9,99 dollars par mois.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

Pendant mes études d'ingénieur, j'ai fait un stage dans une entreprise et cela ne m'a pas plu, je ne me sentais pas à ma place. Après une remise en question, je me suis rendu compte que je voulais monter mon entreprise. A l'époque, Shopify prenait de plus en plus de place, alors je me suis intéressé à la modification de thèmes : j'aidais sur mon temps libre pour des modifications de site, l'ajout de modules et j'ai fini par avoir de plus en plus de demandes. Je faisais cela entre mes heures de cours. J'ai créé ma première application en 2017 pour pousser des codes promotion, mais cela n'a pas fonctionné. J'en ai créé une deuxième puis une troisième qui n'ont pas fonctionné non plus.

En 2020, à la place d'un stage de fin d'étude, je me suis lancé dans la création de mon application pendant six mois. J'ai ouvert WideBundle en mai 2020. En septembre 2020, nous réalisions 3 000 euros par mois et en décembre 10 000 euros par mois, au bout d'un an 25 000 euros par mois. Nous avons un peu plus de 3 000 boutiques clients dans 30 pays.

Au début, WideBundle, c'était une petite application sur un coin de table, mais elle a grandi trop vite. Le cercle est vite devenu infernal avec des requêtes de plus en plus nombreuses. Alors j'ai pris le temps d'écrire un process et de la documentation avant de recruter une équipe pour professionnaliser l'activité. The WideCompany compte aujourd'hui cinq employés, des fonctions support, marketing et des développeurs. Une application est une entreprise comme une autre.

Quel est votre avenir ?

Mon objectif est de créer plusieurs applications Shopify en ayant bien conscience maintenant qu'une application nécessite un support, du marketing. Nous ne voulons pas faire de levée de fonds, car je veux grossir à mon échelle et continuer d'apprendre, mon optique est d'utiliser ce que je gagne.

Coralie Delpha, freelance et développeuse

JDN. En quoi consiste votre activité ?

Coralie Delpha a créé l'application Yaco Progress Bar avec son associé Yann Lombard. © Le Wagon

Coralie Delpha. Depuis quatre ans, je suis freelance spécialisée dans Shopify. Je crée et je migre des boutiques sur la plateforme. Je travaille en binôme avec un designer, je développe des pages, des automatisations ou je forme mes clients. J'ai un projet parallèle avec mon associé Yann Lombard. Il s'agit de l'application Yaco Progress Bar, une barre de progression personnalisable pour augmenter le panier moyen. Yann est CTO et je m'occupe du produit, du support client et de l'onboarding.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

J'ai effectué un master en droit des affaires et j'étais intéressée par une école de commerce alors j'ai fait l'EDHEC. J'ai ensuite voulu apprendre à coder et j'ai suivi le bootcamp Le Wagon pour recevoir une formation en neuf semaines. Je me suis d'abord lancée en freelance en voyageant à côté. Une marque de cosmétiques m'a contacté car elle souhaitait commercialiser ses produits en ligne. J'ai adoré cette première mission et ait continué sur cette voie. Il y a un an et demi, sur Shopify, c'était beaucoup de développeurs en solo, aujourd'hui, il y a de plus en plus d'entreprises qui se lancent. L'appât du gain est important, une application avec un chiffre d'affaires de 1 000 euros par mois en récurrent génère 12 000 euros par an et peut être revendue le triple sur une marketplace spécialisée.

Quel est votre avenir ?

Pour progresser, il faut savoir se mettre en danger. J'ai donc décidé de prendre un poste dans une entreprise britannique qui développe des thèmes Shopify. Je vais aussi lancer une nouvelle application entre fin mars et début avril 2023 sur la genderisation des nouveaux clients afin de les identifier et d'ajouter derrière des champs et des segments personnalisés.

Paul Albou, Ubu

JDN. En quoi consiste votre activité ?

Avec un de ses anciens camarades de l'ESSEC, Paul Albou a créé Ubu, une application de CRM social. © Paul Albou

Paul Albou. Ubu est un CRM social qui à partir d'Instagram permet de débloquer un nouveau canal d'acquisition qui pourra compter pour 10% de l'acquisition de clients en ligne. Ce CRM basé sur les interactions sociales donne la possibilité de réaliser des newsletters sociales, d'envoyer des notifications par DM et de faire du parrainage et de l'acquisition. Nous accompagnons des marques comme WeTheNew, Manucurist et The Bradery.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

La plupart des marques direct to consumer (DTC) ont leur audience sur les réseaux sociaux. Pour certaines, 80% de leur base client y a été acquise, c'est le canal privilégié par la génération Z. Pendant le premier confinement, nous avons vu autour de nous les magasins fermer et pendant ce temps les pures players et les marques au modèle DTC ont fortement progressé. Avec mon associé, nous étions tous les deux à l'ESSEC et nous avions créé un premier business qui n'a pas marché à cause du Covid. Nous nous intéressions alors aux problématiques du e-commerce et donnions des conseils sur Shopify. Nous nous sommes rendu compte que la gestion de la messagerie sur Instagram et des communautés était complexe. Nous avons donc créé en 2020 un outil de CRM complet et il compte aujourd'hui 100 clients sur Shopify.

Quel est votre avenir ?

Notre ambition est de démocratiser les stratégies de communication. Nous voulons apporter de la notoriété aux marques et évangéliser sur le sujet de l'acquisition. Notre seul focus est de faire en sorte que notre CRM soit le plus complet possible pour capitaliser sur l'audience présente sur Instagram. Nous souhaitons aussi continuer de nous développer sur les marchés britannique et américain.

David Dokes, Polar Analytics

JDN. En quoi consiste votre application ?

David Dokes a lancé Polar Analytics en 2021, une plateforme de business intelligence pour les marques présentes sur Shopify. © Louis Carmin

David Dokes. Nous avons lancé Polar Analytics en 2021. Il s'agit d'une plateforme de business intelligence pour les marques présentes sur Shopify qui centralise les données et aide à la prise de décisions. Notre abonnement coûte 300 dollars par mois et les marques que nous suivons ont entre 1 et 100 millions de dollars de revenus par an.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

A la base, j'étais head of growth chez Turo, une plateforme d'auto partage basée à San Francisco. Je suis tombé dans l'e-commerce là-bas, quand j'ai vu cette entreprise passer en quatre ans de 50 à 500 employés. J'ai rencontré sur place mon associé Charbel Seif, un ingénieur passé par Airbnb, et nous avons monté un premier business, un site de dropshipping de vente de matelas gonflables pour piscines. En 2020, j'ai quitté Turo pour rentrer en France et nous avons décidé de monter Polar Analytics. Il s'agissait d'abord d'une agence pour accompagner les marques sur Shopify et nous nous sommes rendus compte qu'un des gros sujets était la data et son analyse. Toutes ces entreprises passaient leur lundi entier à faire du reporting.

Nous comptons aujourd'hui 1 700 marques clientes comme Polène, Respire, Merci Handy. Nous avons de l'appétence pour les marques de nouvelle génération et nous avons envie de les aider. Notre équipe est composée de 25 personnes, 60% de notre équipe est consacré au produit et à l'ingénierie et 40% aux sales et au customer success. Nous rentrons 100 marques par mois et nous avons levé 1,5 million d'euros en 2021.

Quel est votre avenir ?

Notre objectif est de devenir un organe de décision pour les marques du retail.