Pierre Kosciusko-Morizet (Priceminister) Nous voulons entrer dans le top 5 des sites marchands au Royaume-Uni

Après s'être rodé en Espagne, Priceminister se lance dans un second pays étranger, le Royaume-Uni. Le plus gros marché de l'e-commerce en Europe. Son co-fondateur Pierre Kosciusko-Morizet dévoile ses objectifs.

Pourquoi attaquer le marché le plus mature de l'e-commerce en Europe et le plus coûteux en pleine période de crise ?

Nous aimons bien l'idée d'aller à l'encontre des cycles car c'est dans ces moments qu'il y a des opportunités à saisir. Priceminister s'est d'ailleurs lancé en France en août 2002, juste après l'éclatement de la bulle Internet. Aujourd'hui, le Royaume-Uni est au fond du trou. Les britanniques ont un gros problème de pouvoir d'achat et sont par ailleurs très ouverts aux changements de modes de consommation. Ils seront donc sans doute plus ouverts à notre offre que si nous nous étions lancé plus tôt. De plus, le prix du marketing là bas est en train de chuter. Les conditions sont donc bonnes pour attaquer ce marché qui est deux à trois fois plus gros que le marché français. Le pari reste ambitieux, mais s'il réussi, cela validera notre modèle pour d'autres pays...

Justement, quelles sont vos ambitions ?

Le marché français qui est très peu concentré est très différent du Royaume-Uni. Là bas, Amazon, Tesco, eBay et Play.com (une sorte de Cdiscount) sont beaucoup plus gros que les autres. Nous devrions donc rentrer relativement vite dans le top 15 des principaux sites marchands, mais cela ne sera pas suffisant puisque nous serions toujours 10 fois plus petits que ces quatre là. Notre objectif est donc de rentrer dans le top 5. Cela peut paraître ambitieux, mais comme cela paraissait ambitieux de devenir leader en France. Et nous ne sommes pas loin de l'être. Notre audience est désormais très proche de celle d'eBay. Et vu la tendance, nous comptons bien les dépasser en 2010.

Combien attaquer le marché anglais va-t-il vous coûter ? Plusieurs ont déjà fait marche arrière vu les investissements nécessaires...

Ouvrir ne va pas nous coûter cher. Comme pour l'Espagne, nous pilotons le projet depuis Paris. Nous avons traduits la plate-forme, embauchés une dizaine d'anglais, ce qui revient à près d'un millions d'investissement pour le moment. Par ailleurs, nous avions déjà quelques marchands professionnels anglais qui revendaient leurs produits sur Priceminister, ce qui nous permettra d'amorcer la pompe. Aujourd'hui, 40 millions de produits sont déjà disponibles sur Priceminister.co.uk. A partir de là, nous allons tester les taux de conversion et nous investirons en marketing en fonction des résultats que nous observons. Nous allons d'abord vérifier que le modèle plait aux anglais. Mais nous sommes prêts à mettre les grands moyens si le marché décolle, car les perspectives de gains sont plus importantes que sur les marchés français et espagnols réunis.