Pierre-Henri Tataranno (Ecommerce United) "En un an, environ 800 deals ont été signés sur Ecommerce United"

A mi chemin entre un réseau social et une plate-forme d'appel d'offres, Ecommerce United se propose de mettre en relation e-commerçants, prestataires et médias. Explications de son DG.

JDN. Quel est le rôle d'Ecommerce United ?

Pierre-Henri Tataranno. Ecommerceunited.com est un réseau social BtoB spécialisé dans le commerce électronique, ouvert en mai 2010. On y trouve trois types de membres. Les sites marchands et les enseignes d'une part, ensuite les prestataires du type logistique, informatique, marketing ou conseil, et enfin les médias et les blogs. Donc tous les acteurs qui font l'économie du Web. L'inscription est payante pour les prestataires.

Qu'est-ce qu'Ecommerce United a de plus qu'un réseau social professionnel à la LinkedIn ?

Il répond à un vrai besoin du marché, qui n'est pas encore adressé sur Internet. Supposons que le JDN cherche des partenaires commerciaux. Sur Facebook il touche des lecteurs et sur Twitter des experts et des consultants. Quant à LinkedIn et Viadeo, ils servent principalement dans une démarche de recrutement. Sur Ecommerce United, vous allez consulter les comptes des annonceurs, où figurent le plus souvent les directeurs généraux, commerciaux et marketing - chaque entreprise a la possibilité de mentionner jusqu'à 50 collaborateurs. Vous pouvez voir qui ils sont et ce dont ils ont besoin. Le service est entièrement conçu pour permettre de conclure des partenariats avec eux. Nous sommes donc un hybride entre Twitter, Facebook, Viadeo et une plate-forme d'appel d'offres, puisqu'il arrive même qu'on nous compare à Alibaba.

Seuls 5 % des membres sont des prestataires. Pourquoi si peu ?

Au début, le service était gratuit pour tout le monde et nous avions 50 % de prestataires. Mais ils n'étaient pas toujours très qualitatifs, ils entraient en contact avec tous les marchands et spammaient tout le monde. Nous avons donc décidé de leur faire payer l'inscription. Ceux qui sont restés sont les entreprises prêtes à mettre 1000 euros par an dans cet abonnement. C'est le tarif moyen. Depuis, nous n'avons quasiment plus de freelance.

"Il est possible de suivre une société comme sur Twitter, pour se tenir au courant de ses besoins ou de ses offres"

Quels services apporte Ecommerce United à ses membres ?

Ces services sont les mêmes pour tous les membres, les prestataires et les autres. Ce sont des services assez classiques de mise en relation. Ensuite, les entreprises peuvent proposer des partenariats, poster des annonces commerciales ou des annonces de trafic. Les partenariats les plus répandus sont des échanges de liens, de bases d'e-mail optin ou de visibilité. Ils interviennent surtout entre marchands ou entre médias et marchands.

Concernant les annonces commerciales, beaucoup portent sur le référencement naturel, mais il s'agit aussi de SEM, d'e-mailing, de conseil en stratégie e-commerce, de formation, de webmarketing, de graphisme, de photo, de webdesign, d'e-logistique...  Et pour les annonces trafic, on trouve bien sûr du CPM et du CPC, des e-mailers proposent la location ou l'achat de bases e-mail, les éditeurs de contenu proposent du display ou du sponsoring... Finalement, nous avons créé une grande bourse autour des annonceurs et nous proposons une mise en relation directe, complètement désintermédiée.

Comment accède-t-on à ces offres et appels d'offres ?

Les annonces sont publiées de la même façon que sur Leboncoin.fr et on les retrouve sur le profil de la société qui les propose. Par exemple un pack à 100 euros pour l'envoi de 10 000 e-mails. Un moteur de recherche permet de trouver des offres et de classer les réponses par date ou par popularité. Il est possible aussi de suivre une société comme sur Twitter, pour se tenir au courant de ses besoins ou de ses offres. Les membres suivent ainsi leurs partenaires, leurs fournisseurs, leurs concurrents...

Combien de contrats ont déjà été signés grâce à Ecommerce United ?

Pour l'instant, nous comptons 6000 utilisateurs pour 3000 entreprises membres, soit en moyenne deux représentants par société. Nous en sommes à peu près à 800 deals signés. Lorsqu'une société propose un deal, elle reçoit environ cinq e-mails ou appels téléphoniques de membres intéressés et encore davantage si elle est une société connue.

"Nous visons les 10 000 membres fin 2011"

Quels objectifs vous fixez-vous ?

Nous visons les 10 000 membres fin 2011. A cette fin, nous avons démarré un plan d'actions commerciales en mars. A terme, nous souhaitons nous imposer comme le réseau social majeur pour tous les acteurs du Web. Nous voudrions que les sociétés membres placent toutes un bouton Ecommerce United à côté du bouton Facebook sur leur site, afin de diriger sur leur compte les visiteurs qui envisagent de faire du business avec elles. Par ce moyen, nous espérons créer un véritable enthousiasme autour du service.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Notre plus gros challenge est informatique. Il n'existe pas de logiciel de réseaux sociaux clé en main comme pour les boutiques en ligne. Tout est développé sur mesure. Pour financer ces coûts, il nous faudrait lever des fonds cette année. Nous prévoyons un premier tour en juin.

Nous voulons également traduire le site en anglais, afin de nous développer sur d'autres marchés tels que le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Etats-Unis, qui sont peut-être plus propices encore que la France au développement de notre concept. Et où, à ma connaissance, nous n'avons pas de concurrent.

Comment allez-vous convaincre des investisseurs ?

Notre problématique est propre à tous les réseaux sociaux. Nous avons besoin de temps pour créer une communauté et devons payer des salariés pendant deux ou trois années avant de pouvoir monétiser le " cheptel ". Nous avons de vrais besoins humains et informatiques pour construire le service et apporter une vraie proposition de valeur. Mais notre croissance sera lente au début. Nous avons donc besoin d'investisseurs qui acceptent cette logique de long terme.

Pierre-Henri Tataranno, diplômé d'Euromed Marseille en 2000, débute sa carrière en tant qu'auditeur et consultant chez PricewaterhouseCoopers. En 2004 il fonde Starbagg.com, site marchand de sacs à main qu'il revend à Sarenza en 2008. Il commence alors à travailler sur le concept d'un réseau social BtoB spécialisé dans l'e-commerce. Il intègre ensuite le programme de start-up de la SSII Astek et lance Ecommerce United en mai 2010. Il en est le directeur général.