Société numérique  : récit d'un matin comme un autre en 2027

Dans un monde toujours plus connecté, il est légitime de s'interroger sur l'influence des nouvelles technologies sur nos modes de vie. Embarquons dans le récit d'un début de journée ordinaire de 2027 !

Ce matin, je me réveille quelque part entre 7h12 et 7h56, je ne sais pas vraiment, je laisse à mon bracelet connecté la liberté de me réveiller au moment qu’il aura jugé le plus opportun.

Ce petit bijou de technologie (que certains appellent assez vulgairement « une montre ») se base sur mes cycles de sommeil ainsi que sur un ensemble de données propres à mon style pour me réveiller en douceur. Toujours est-il que ce matin, j’ai quand même un peu la tête dans le brouillard, j’aurais du écouter les alertes qui me sommaient d’aller me coucher, mais c’était une bonne soirée…

Je me réveille donc plus proche des 8h que des 7h, une matinée un peu spéciale m’attend aujourd’hui. Je ne débute pas par du télétravail, mais par une réunion au bureau. Eh oui, mon patron est de la vieille école  « Rien ne remplace le contact direct ! » comme il dit. Pourtant, avec le miracle de la 4D quelle différence entre une cyber-réunion et une bonne vieille réunion ?

Encore dans mon lit, je m’habille de mes lunettes connectées, un flux d’informations plus ou moins sérieuses transperces ma rétine de la météo, aux actualités personnalisées en fonction de mes centres d’intérêt en passant pas des photos et vidéos de toute sorte. Je suis interrompu par l’alerte ultime m’indiquant qu’il est grand temps que je me lève si je veux arriver à l’heure à cette fameuse réunion.  Plus une minute à perdre, je me lève et file directement à la salle de bain, j’attrape ma brosse à dents connectée et me lave les dents tout en me demandant si je dois prendre une voiture partagée ou le métro ?
La question m’a à peine traversé l’esprit, que mes lunettes connectées et un certain Google Now, m’indiquent de prendre le métro, puisque la prochaine voiture partagée ne sera disponible que trop tard. Quelle efficacité ce Google Now, cela n’est pas sans me rappeler une polémique qui enfle, accusant Google d’avoir mis au point un procédé permettant de lire dans nos pensées, ce dernier se défend jurant que son système repose uniquement sur une exploitation pointue du Very Big Data. Moi, je ne sais trop comment me positionner face à cette polémique, certes, je dois bien avouer que tout cela est déconcertant mais c’est aussi bien utile. La brosse à dents vibre dans ma main m’indiquant que mon brossage de dents est terminé.
C’est alors que mes lunettes me rappellent à l’ordre, je peux encore être à l’heure si je prends le métro dans 9 minutes ! Pas une seconde à perdre, je m’habille précipitamment et je suis sur le point de quitter mon appartement quand un message, m’indique que je n’ai rien mangé, ni bu ce matin que le petit déjeuner est le repas le plus important… . J’y prête à peine attention et me mets en route.
Je sais pertinemment vers quelle station de métro je dois me diriger mais j’ai dans mon champ de vision une petite flèche m’indiquant le chemin que je dois prendre : c’est toujours plus rassurant !
Alors que je marche, mes lunettes exposent quelques publicités, une d’entre elles attire particulièrement mon attention : une telle offre pour ce restaurant juste à côté de chez moi, ça ne se refuse pas ! Ça sera pour ce soir, j'enregistre l'offre et je n’aurai plus qu’à scanner mon bracelet connecté au moment venu pour bénéficier de cette promotion si alléchante. Puis, d’une pierre deux coups, j’appose dans l’agenda de mon Smartphone que je vais au restaurant ce soir et j’invite ma dulcinée. Quelques secondes après, j’apprends que ma belle est ravie de ce rendez-vous romantique, alors que me voilà rendu dans la bouche de métro.
J’embarque dans un peu moins de 3 minutes. Tandis que je passe devant un distributeur automatique, un message me rappelle que je n’ai pas pris mon petit déjeuner ce matin et que ce distributeur me propose justement une offre sympathique, avec café et une petite collation pour hommes pressés. Je me laisse tenter : « C’est important après tout de ne pas manquer le repas le plus important de la journée ! ».
Je monte dans le métro, café à la main, je profite du trajet pour continuer à m’informer. Je jongle avec mon Smartphone, mes lunettes et ma montre connectées. Je passe d’informations professionnelles à des informations plus personnelles, sans toujours bien faire la différence entre les deux. Alors que je relève la tête pour boire une gorgée de café, je réalise qu’il y a du monde autour de moi, je n’y avais absolument pas prêté attention auparavant et il semble qu’eux non plus.
Chacun semble absorbé, voire enfermé dans son univers : certains sont très sérieux, alors que d’autres ont un petit sourire au coin ou se tordent de rire tout seul. Je continue mon petit tour d’horizon du monde réel non sans une certaine nostalgie des temps passés.
Nostalgie vite oubliée à la vue de cette sublime blonde. Il s’en est fallu de peu pour que je ne la remarque pas. Il serait prématuré de dire qu’elle me fascine, mais elle m’intéresse néanmoins : qui est-elle, que fait-elle, a-t-elle un ami, un mari ? Je prends discrètement une photo d’elle et je trouve en un rien de temps tout un tas d’informations sur elle : Madame est comptable dans… ah non, pardon il semble que ce soit Mademoiselle depuis peu. Brusquement, mes recherches sont interrompues par une nouvelle alerte m’indiquant que c’est ici que je dois descendre, quoi déjà !? Je n’ai pas vu le trajet passer !
À peine sorti du métro, j’apprends que je serai au bureau dans 7 minutes et que je dois me préparer à affronter la pluie. La pluie ? Ce n’était pas au programme ! Heureusement, mes lunettes me présentent une offre, semble t-il intéressante pour me procurer un parapluie dans un magasin à 30 mètres de moi. Me voilà rassuré, je vais pouvoir continuer ma journée sereinement…
Alors utopie, cauchemar ou réalité : l’avenir tranchera ! Ce n’est peut-être pas une matinée banale de 2027 mais de 2033, à moins que ce ne soit 2022 ? Pensez-vous qu’il ne s’agit là que de science-fiction ou au contraire, que ce récit sous-estime la réalité d’un monde futur ?