Le téléphone mobile contre ebola

Pour lutter contre ébola, véritable fléau depuis la nouvelle épidémie de l'an dernier, les applications mobiles peuvent contribuer à la lutte. Un cas concret.

    

Le virus Ebola s’étend de façon incontrôlée et incontrôlable, tant sur le terrain que sur le champ de la communication, des rumeurs et des peurs. Virus parmi les plus meurtriers (son taux de mortalité en 2014 est compris entre 50 et 60%) il est aussi l’un de ceux qui se transmet le plus difficilement. Cette spécificité, fait que l’épidémie déclenchée en 2014 et ayant fait des milliers de morts reste somme toute limitée. Ebola n’en demeure pas moins un virus extrêmement dangereux et la prise de conscience internationale a été tardive. Au niveau local le virus, dont la version 2014 est concentrée essentiellement sur 3 pays (Libéria, Sierra Leone et dans une moindre mesure Guinée Conakry) qui disposent de faibles moyens en termes médicaux notamment dans les zones rurales (médecins, équipements, accès aux soins, électricité, eau, etc.). L’ampleur, sans précédent, de l’épidémie actuelle s’explique en grande partie par ces problèmes d’infrastructures.

Les difficultés de communication au niveau du terrain sont l’un des facteurs clés (avec le manque moyen, les croyances, etc.) de cette propagation. Les problèmes de communication sont à plusieurs niveaux. La communication entre les localités touchées et les services centraux de l’administration et de la santé ne se fait pas en temps réel ; personne ne sait véritablement quelle est son ampleur, compte tenu des faibles capacités à mesurer, partout où il s’étend, les contagions réelles ou imaginaires ; personne ne sait comment former rapidement les populations sur la réalité de la contagion et sa dangerosité avérée ; personne ne sait comment agir contre les rumeurs les plus folles entourant cette contagion.

Orange en partenariat avec Alcatel et l’ONG Aide et Action, qui a dressé ce constat sur Ebola, a réalisé  le projet « Déclaration des Naissances par le mobile », au Sénégal ainsi que dans d’autres pays (Côte d’Ivoire, Burkina Fasso, Burundi et Bénin, et la Guinée). Dans le même esprit de partenariat, ces acteurs, en lien avec l’OMS, ont mis en place en quelques semaines une application mobile pour contribuer à la lutte contre la propagation d’Ebola.

L’objectif de cette application est multiple. Il s’agit de la sensibilisation et d’information des jeunes populations à la maladie et à son mode de contagions, d’alerte lors de la contamination de la maladie dans la population, de comptage précis et de cartographie de la propagation de la maladie.

Des espaces de rencontres (PROJEG) dans les quatre régions naturelles et Conakry regroupant chacun plus de 100 membres des associations, des élus et de l’administration locale, ont été mis en place pour permettre le premier niveau d’échange d’information. Via l’application mobile, un partage d’information dans les collèges régionaux a été mis en place par le PROJEG  par région). Un groupe de travail et de pilotage multi-acteurs intégrant les ministères de l’administration du territoire, de la santé et de l’éducation ainsi que le  PROJEG a été créé. D’un point de vue technique, un serveur dédié et un lien entre le serveur et les services de santé locaux, les ONGs, a été déployé.

Via l’application mobile c’est tout un canal de communication qui été mis en œuvre :

  •  Création d’un message d’information adapté à ce projet
  • Diffusion de l’information par affichage de ce nouveau vecteur de sensibilisation, de pédagogie et d’alerte via le mobile
  • Diffusion de l’information dans collèges dans les écoles par les équipes pédagogiques
  • Conception/production et diffusion d’une vidéo pédagogique via le Web et pouvant être repris par les chaines de télévisions locales
  • Conception/production et diffusion d’un message radio via les stations de radios locales.

Lancée dans l’urgence de la situation, cette application n’est bien sûr qu’une petite pierre à l’édifice de lutte contre Ebola, le gros du travail étant du ressort des médecins sur place et des chercheurs pour le vaccin. Mais en contribuant à canaliser l’information et à donner des éléments de communication via le « terminal » le plus répandu dans cette zone, le téléphone mobile, cette application pourra aider à enrayer la diffusion du virus. La prochaine étape est la déclinaison au Mali et au Libéria de l’application

Paul William Delorme, Business development & partnership director in emerging market, Orange