Noms de domaine : la solution pour connecter les objets

Enceintes connectées qui obéissent au doigt et à l’œil, frigo qui constitue lui-même sa liste de courses… Les objets connectés sont désormais partout : pas seulement chez nous, mais aussi dans l’industrie et les services, qui représentent 40% du marché.

Le cabinet de conseil IDC estime que les entreprises devraient dépenser 745 milliards de dollars dans l’Internet des objets (IoT) en 2019, et s’attentent à atteindre les 1 000 milliards de dollars en 2022. Les progrès réalisés récemment sur le matériel en termes de rapidité de conception, de miniaturisation, de baisse des coûts et de consommation énergétique ont rendu possible le marquage massif des objets physiques au moyen de dispositifs les reliant à Internet. Il est aujourd’hui possible de proposer un service IoT à moins de 50 centimes par mois et par objet !

L’IoT sans convention de nommage mondiale et universelle

Dans l’infrastructure Internet actuelle, l’identification unique d’un terminal connecté repose sur son adresse IP. Les adresses IP respectent une convention de nommage spécifique via une structure hiérarchique qui garantit leur unicité. Cela nous permet par exemple d’échanger des courriels dans le monde entier, en toute simplicité, quel que soient les serveurs de messagerie utilisés. Le DNS assure la bonne réception des messages en toute transparence pour l’utilisateur.

A contrario, dans l’IoT, il n’existe pas de convention de nommage mondiale. Chaque acteur définit ses propres standards de communication en fonction d’une application spécifique et de son environnement. Les périphériques IoT commandés par Siri sont par construction incompatibles avec ceux d’Alexa. Dans l’industrie, certains secteurs tels que les produits de consommation, l’automobile ou la défense utilisent depuis longtemps leurs propres conventions de nommage, telles que les codes-barres par exemple.

Le service de noms de domaine, une solution pertinente

Pourra-t-on un jour faire communiquer des objets qui utilisent différentes conventions de nommage pour s’identifier ? Une solution fiable existe déjà : le Système de noms de domaine (DNS). Bien que l’Internet ait évolué au-delà de toutes les espérances, le DNS demeure l’infrastructure de base d’Internet. Certains mécanismes de sécurité et de protection de la confidentialité mis en œuvre dans le DNS pourraient tout à fait être réutilisés dans l’IoT, ce qui en fait une option sérieuse et réaliste.

Même s’il existe plusieurs conventions de nommage dans l’IoT, la plupart d’entre elles présentent des caractéristiques communes au DNS : l’attribution des noms s’effectue de manière hiérarchisée, le contrôle est décentralisé, le mode d’attribution garantit l’absence de doublons. Ainsi, l’attribution et la résolution des identifiants dans l’IoT peuvent mettre à profit l’infrastructure du DNS pour faire communiquer l’ensemble des objets connectés.

Il suffirait pour ce faire de créer un nom de domaine spécifique par capteur apposé sur un objet, afin d’en garantir son unicité. Et cela fonctionne : en Chine, une plateforme nationale spécifique à l’IoT a été créée (cniotroot.cn) et héberge déjà un milliard de noms de domaine !

Des bénéfices indéniables

Il est simple d’entrevoir les bénéfices du DNS, par exemple dans le contexte de développement des smart cities où la prise de décision repose sur l’analyse de différentes données. Prenons l’exemple de l’éclairage public : des capteurs IoT placés sur des lampadaires peuvent mesurer des informations sur le trafic. Une fois couplées à une application de surveillance du trafic et à une solution de gestion de l’éclairage, ces données permettent une meilleure gestion de l’éclairage public. Inutile d’éclairer une route en pleine nuit quand personne n’y circule ! Si de telles initiatives sont déjà mises en place dans plusieurs villes françaises comme Dijon ou Bordeaux, celles-ci exploitent et gèrent leurs nombreux capteurs dans des systèmes hétérogènes et dépendant de leurs fournisseurs de solutions. S’ils venaient à changer, il faudrait se poser la question du renouvellement des installations. C’est là tout l’avantage du DNS, qui, avec son principe de système ouvert, s’affranchit de cette dépendance et tend vers une véritable interopérabilitéentre les systèmes en place.

Au-delà des smart cities, recourir à l’infrastructure des noms de domaine serait bénéfique dans de nombreux secteurs comme l’agriculture, la logistique ou le secteur du détail, qui comptent de nombreux intervenants n’utilisant ni les mêmes standards ni les mêmes technologies. Le DNS permettrait alors une utilisation des capteurs tout au long de leur cycle de vie (qui peut durer plus de 10 ans). Les utilisateurs pourraient, quand bon leur semble, changer d’opérateur (sans avoir à changer toute leur infrastructure), réduisant ainsi les coûts, l’impact environnemental, et bien sûr la perte de temps précieux.

Séduits par ces nombreux bénéfices, plusieurs acteurs s’engagent sur la voie de l’interopérabilité comme Objenious by Bouygues Telecom, qui prévoit d’utiliser le DNS dès cette année pour ses services de géolocalisation et de tracking dans la logistique.

Œuvrer pour une rapide harmonisation et adoption

Les entités qui gèrent des espaces de noms IoT distincts pourront solliciter l’expertise technique des registres de noms de domaine comme l’Afnic qui ont fait leurs preuves depuis plus de vingt ans dans l'enregistrement sécurisé de noms de domaines et leur résolution sur Internet avec le DNS.

Nous sommes d’ores-et-déjà prêts à endosser ce rôle d’accompagnement auprès des entreprises désireuses de se lancer. L’enjeu est majeur : IDC estime que le volume des données générées par l’IoT va doubler tous les deux ans dans les prochaines années, et devrait dépasser les 40.000 milliards de giga-octets d’ici à 2020 dans le monde !