Simon Dawlat (AppGratis) "La décision d'Apple nous prive de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires"

Le fondateur de l'application évincée de l'AppStore a réussi à mobiliser Fleur Pellerin pour défendre sa cause. L'occasion pour lui de s'exprimer sur le sort de la société.

JDN. AppGratis est-il à l'arrêt suite à cette décision ? Où en êtes-vous ?

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Simon Dawlat, fondateur d'AppGratis. © AppGratis

Simon Dawlat. Il est clair que notre croissance a marqué un arrêt aussi brutal que l'a été la décision d'Apple. Nous avions par exemple prévu de recruter une cinquantaine de personnes cette année et tablions sur un chiffre d'affaires compris entre 22 et 25 millions d'euros. Les recrutements sont pour l'instant gelés et les prévisions de revenus revues à la baisse. La sortie de l'AppStore nous prive potentiellement d'une dizaine de millions d'euros de chiffre d'affaires.

Mais nous ne sommes pas morts pour autant et nous continuons à proposer à notre communauté de 12 millions de membres, dont une grande partie a toujours accès à l'application, de découvrir toujours plus de nouvelles applications. Nos investisseurs nous d'ailleurs ont assuré de tout leur soutien et nous conseillent bien évidemment dans cette épreuve.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de faire de l'argent en faussant les classements de l'AppStore ?

Comprenez que les répercussions que nous pouvons avoir sur le classement de l'App Store ne nous préoccupent pas. Cela fait 10 ans que Google procède à des modifications de son algorithme, chose qu'Apple n'a jamais fait. Si Apple estime que nous faussons ses classements, libre à eux de faire en sorte qu'ils ne soient pas établis sur le seul critère du volume de téléchargement.

Je n'ai par ailleurs pas envie de rebondir sur la polémique qui nous accuse de vendre des positions dans l'AppStore. Je rappelle que le marché publicitaire a toujours fonctionné selon le modèle du coût par installation, à l'instar de ce que propose la régie d'Apple, iAd. Je trouve ce procès d'une hypocrisie la plus totale.

Quelles pistes explorez-vous pour continuer votre activité ?

Si cette décision remet pour l'instant en question notre positionnement sur iOS, nous allons poursuivre la mutation de notre stratégie d'acquisition de nouveaux profils et accentuer la présence de nos services sur d'autres canaux que nous utilisons déjà tels que l'e-mailing et notre site Internet. Ce dernier est également disponible dans une version mobile en HTML5, qui sera encore enrichie dans les mois à venir. Nous sommes historiquement une newsletter, c'est activité concerne encore des millions d'abonnés.

Le passage à Android, prévu de longue date et qui va arriver sous peu, devrait constituer un beau levier de croissance. Le fonctionnement de Google, en  open-source, avec une réglementation plus flexible et ouverte, correspond davantage à nos attentes. Encore une fois, nous regrettons le caractère erratique de la décision d'Apple. Nous avions déjà été interpellés en octobre, lorsque ces fameuses clauses sont apparues, et nous nous étions expliqués avec eux. Notre version iPad a été validée quelques jours avant qu'AppGratis ne soit retiré de l'AppStore. Bien évidemment, le silence dans lequel s'est muré Apple depuis ajoute à la confusion. Mais je ne désespère pas de renouer le dialogue.

Comment voyez-vous cette affaire évoluer ?

Apple a expliqué dans la presse qu'AppGratis n'était que le premier d'une longue liste à exclure de l'AppStore. Je ne serais pas étonné qu'une véritable fronde des développeurs d'applications naisse en réaction à cet exercice, pour le moins brutal, de son pouvoir. Nous espérons également que l'action de la ministre Fleur Pellerin braquera les projecteurs sur notre situation et incitera Apple à reprendre contact avec nous

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