La fabrication additive, un moyen de ne pas rater le train de l’industrie 5.0

A l’heure où des pays comme le Japon choisissent d’adopter un modèle global de société 5.0 afin de pallier des difficultés économiques et démographiques, la France, elle, accuse un important retard en matière de transformation numérique.

L’Hexagone ne représente que 3% des investissements mondiaux en fabrication additive en 2017, quand son voisin allemand regroupe 10% des dépenses. Or, cette technologie connait un véritable boom dans tous les secteurs industriels (dentisterie, chirurgie, mode, alimentation, automobile…), portée notamment par l’amélioration de la qualité et des délais d’impression, la diversification des matériaux, le perfectionnement des logiciels et la réduction du coût des machines. Mais pourquoi est-il impératif pour les entreprises françaises de se saisir de cette opportunité afin de ne pas manquer le virage de l’industrie 5.0 ?

Si les avantages de la fabrication additive en matière d’optimisation des ressources, du temps et des coûts ne sont plus à démontrer, le lourd investissement et la complexité technologiques demeurent des freins à son développement. A cet égard, fabricants et éditeurs se mobilisent afin de faire évoluer leur offre : ils proposent des imprimantes haute performance aux processus simples et fiables, aux coûts plus accessibles et dont les modèles s’intègrent plus facilement à des environnements de travail variés, de l’atelier de production d’une usine à la boutique de réparation de skateboard…

Les suites logicielles destinées à piloter les machines ont beaucoup évolué, notamment grâce au développement de solutions open source permettant aux entreprises d’ajouter leurs propres briques technologiques en fonction de leurs besoins et objectifs. En parallèle, ces interfaces deviennent de plus en plus pratiques et intuitives pour l’utilisateur qui peut désormais contrôler un réseau d’imprimantes à distance depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur.

Repousser les limites de l’innovation

Les nouvelles générations d’imprimantes sont désormais connectées et capables d’interagir à l’échelle de l’entreprise et de la planète. Tirant partie des progrès de l’Internet des objets, de l’intelligence artificielle et du big data, la fabrication additive offre donc de nouvelles possibilités en matière d’automatisation, de maintenance prédictive et de travail collaboratif. Les gains de productivité qui en résultent constituent un véritable avantage concurrentiel, c’est pourquoi cette technologie est un enjeu essentiel pour la compétitivité des entreprises.

La fabrication additive repousse les limites techniques imposées par les méthodes de production traditionnelles et permet de concevoir des pièces à la géométrie complexe et irréalisables auparavant. Si cette technologie est donc un puissant levier d’innovation pour les entreprises, les propriétés des matériaux, leurs performances, leurs capacités à être combinés et leur certification, jouent un rôle essentiel dans l’élargissement de ces usages.

Ces dernières années, une collaboration renforcée entre les principaux organismes techniques internationaux ISO TC 261 et ASTM (American society for test and material) a permis de certifier de nombreux matériaux, favorisant la normalisation du marché et l’émergence de nouvelles solutions. Ainsi, les fabricants mettent au point des matériaux variés (plastiques, métalliques, céramiques…) répondant à de hauts critères de performances, ainsi que des multi-matériaux permettant d’imprimer des objets composites aux propriétés variées (rigides, souples, transparents, opaques…), et ce, en parfaite synchronie.

Développer de nouvelles chaînes de valeur

Cette montée en qualité a permis au marché de la fabrication additive d’opérer un changement de paradigme et d’évoluer vers un modèle davantage orienté sur la production. La possibilité de fabriquer un produit fini avec une imprimante 3D et de le lancer directement sur le marché permet ainsi à de nouveaux business model de voir le jour, comme par exemple des entreprises spécialisées dans la fabrication à la demande et sur-mesure de pièces détachées.

Par ailleurs, la fabrication additive offre une personnalisation sans limite permettant aux entreprises de répondre aux nouvelles attentes en matière de services et d’expérience clients. De nombreuses industries telles que la mode ou la bijouterie en ont fait un véritable atout pour se différencier, fidéliser leurs clients et conquérir de nouveaux marchés.

Qu'il s'agisse de prototypes, de production en petites ou grandes séries, les avantages offerts par l'impression 3D incitent les entreprises à repenser à leur organisation afin d’optimiser leurs processus et de favoriser les savoir-faire collaboratifs. A une plus large échelle, cette technologie s’inscrit dans le modèle de l’industrie 5.0 tourné vers une économie plus intelligente, replaçant l’humain au cœur du processus industriel. Il est donc crucial que les entreprises françaises saisissent l’opportunité de la fabrication additive, d’autant que des études estiment qu’elle pourrait permettre, à termes, de relocaliser 10 à 30 % de la production industrielle dans l’Hexagone.