Franck Pichereau (Nice France) "La smart home jouera un rôle moteur dans notre croissance"

Déjà propriétaire de Fibaro, l'entreprise italienne Nice, qui propose des solutions d'automatisation d'ouvertures de la maison et des systèmes de sécurité, accélère dans la smart home en se focalisant sur la France.

Franck Pichereau est PDG de Nice France. © Nice France

JDN. Le groupe Nice lance cette année une offre pour contrôler les objets connectés de la maison. Pourquoi axer désormais votre stratégie sur la smart home ?

Franck Pichereau. Enrichir nos solutions dédiées à l'extérieur de la maison avec des offres pour l'intérieur de l'habitat est une suite logique et complémentaire à notre activité. C'est aussi un passage obligé pour s'imposer sur le marché. Avec 368,2 millions d'euros (+13%, ndlr) de chiffre d'affaires en 2018, nous avons désormais la force financière pour nous concentrer sur cette activité. Le groupe Nice réalise 70% de son CA dans le résidentiel, la smart home devrait constituer un axe fort de croissance. Si cette activité ne représente actuellement que 10% des activités du groupe, elle jouera un rôle moteur d'ici 2020.

Comment vos projets dans ce secteur se concrétisent-ils ?

Nous avons débuté en 2018 avec l'acquisition de l'Américain Abode Systems aux Etats-Unis et du Polonais Fibaro pour consolider notre savoir-faire. En avril, nous présenterons notre gateway core qui sera le cœur de l'écosystème IoT dans la maison. Le maître-mot dans la smart home est l'interopérabilité, nous travaillons ainsi à rendre les objets connectés compatibles avec nos produits. Nous réfléchissons avec Fibaro à la manière d'étendre nos offres et nous réfléchissons à la manière d'exploiter son module thermostatique. Fibaro développera notre R&D en IoT et de nouvelles offres émergeront de notre alliance. Car l'IoT est l'élément-clé pour rester compétitif. Notre valeur ajoutée demeurera le design des produits et leur simplicité d'utilisation. C'est ce qui assurera à la maison connectée un marché de masse. Mais auparavant, nous devons offrir à nos clients les clés pour maîtriser ce nouveau marché et pallier au défaut de confiance des utilisateurs finaux.

Qu'entendez-vous par là ?

Notre modèle d'affaires est basé sur la vente en BtoBtoC. En France, nous avons près de 4 500 clients parmi lesquels des fabricants, des installateurs, des intégrateurs et des distributeurs tels que Leroy Merlin. Nous leur proposons des formations pour maîtriser les nouvelles contraintes de la smart home. En 2018, nous avons réalisé plus de 1 000 formations, nous en effectuerons 3 000 en 2019 et en prévoyons près de 9 000 en 2020. La formation des installateurs est un axe essentiel pour faire évoluer nos utilisateurs finaux de l'automation à la smart home car ce sont eux qui ont une relation quotidienne avec les habitants. Nous allons par ailleurs diffuser une campagne publicitaire pour faire connaître notre ambition. Le groupe Nice est présent dans 100 pays, la France est le plus gros marché avec 48,7 millions de chiffre d'affaires réalisé en 2018 mais les utilisateurs finaux ne nous connaissent pas. La notoriété est une autre clé pour faire face à la concurrence d'acteurs comme Somfy.

Comment anticipez-vous les évolutions de l'IoT et leur impact dans la maison connectée ?

Nous nous adapterons tout simplement aux usages des utilisateurs finaux. Nous avons travaillé plusieurs années à rendre nos produits compatibles avec HomeKit, l'application d'Apple pour la maison connectée. Nous anticipons l'usage de la voix dans la maison et nous préparons de nouvelles acquisitions. Le groupe a investi par ailleurs 20 millions d'euros dans la construction d'une usine 4.0 à Oderzo, près du siège, pour maîtriser la chaîne de fabrication, jusqu'alors sous-traitée. Avec cette stratégie générale, l'objectif du groupe est d'être à la pointe de l'IoT et d'atteindre 500 millions de chiffres d'affaires en 2019, avec une croissance organique à deux chiffres.