Intégrateur domotique, un métier incontournable pour la smart home

Intégrateur domotique, un métier incontournable pour la smart home La généralisation de la domotique dans la maison nécessite désormais la participation d'un intégrateur spécialisé.

Dans l'ombre de la maison intelligente, l'intégrateur domotique est un métier qui a le vent en poupe. Car avec l'essor des assistants vocaux, le marché de la smart home est en pleine effervescence. Fin 2023, on devrait en effet compter plus de 300 millions de maisons connectées dans le monde, selon le cabinet Strategy Analytics. Habitués aux objets plug and play, les consommateurs ont pris l'habitude d'installer leurs appareils connectés eux-mêmes. Mais avec l'accroissement des possibilités offertes, l'accumulation des objets connectés peut vite devenir un casse-tête. Et c'est pour prendre en charge ces questions, de plus en plus en amont de la conception des bâtiments, que le métier d'intégrateur domotique a émergé ces dernières années.

Le métier commence tout juste à se structurer. "Quelques formations ont vu le jour (BTS Fluides énergies domotique, licence pro domotique, etc. ndlr) mais la plupart des profils avec qui nous travaillons proviennent de reconversions", observe Benoit Guennec, président de Connected Object, fabriquant du hub domotique eedomus qui travaille avec des dizaines d'intégrateurs. Le nom de ce métier n'est pas le même partout : "On peut parler d'intégrateur numérique, mais aussi de coach numérique ou de concierge numérique. Le principe reste de coordonner les objets connectés de la maison pour en assurer le bon fonctionnement", souligne Pierre-Nicolas Cléré, directeur de Connecting Technology et intégrateur domotique lui-même.

Le quotidien de ce nouveau métier se décompose en trois phases. La première, en amont du projet, où les architectes ou réseaux d'artisans font appel à lui pour un projet. "Une fois contacté pour un projet, nous échangeons avec le client pour connaître les interactions à faire entre les objets. Cette étape est importante, il faut s'informer sur l'usage que l'habitant fait de sa maison pour apporter du conseil et définir le niveau de technologie. Il est nécessaire de rester simple pour que l'utilisateur s'y retrouve", explique Pierre-Nicolas Cléré, directeur de Connecting Technology. A l'issue de cette étude préliminaire, l'intégrateur fournit ses plans à l'architecte pour qu'ils soient exploités lors de la construction par différents corps de métier. Son tarif : entre 5 000 et 50 000 euros selon la complexité et la multitude de périphériques.

Un expert réseau

L'intégrateur domotique mène ensuite des tests d'appareillage. "Il faut veiller à ce que les objets fonctionnent bien ensemble. Cela suppose de vérifier si un objet communique avec tel protocole, que les fonctionnalités voulues sont bien supportées par le périphérique et qu'il n'y ait pas de dysfonctionnement dans la remontée de notification", note Thibaud Dufour, ingénieur de développement systèmes embarqués pour le bureau d'étude expert dans l'IoT, Rtone. Pour lui, les compétences réseaux sont essentielles. "Il faut aussi veiller à ne rien oublier, car l'ajout d'un câble lors de l'installation ne coûte que quelques centimes, mais une fois le projet fini, casser un mur peut coûter des milliers d'euros", ajoute Marie-Laetitia Poidatz, fondatrice de Ker-Tech.

Au quotidien, le plus grand challenge des intégrateurs domotiques est d'échanger avec les différents corps de métier mobilisés. "Il faut pouvoir leur parler d'égal à égal en maîtrisant leur vocabulaire pour ne pas ralentir le chantier. Ainsi, quand on échange avec un électricien, il faut une compréhension des courants forts et faibles. De même, quand on échange avec l'installateur de climatisation, il faut savoir à quoi fait référence le double flux", détaille Pierre-Nicolas Cléré. La diversité des produits et des protocoles demande également un lourd travail de veille. "Nous suivons la bataille entre le compteur d'électricité, les box domotiques comme Enki ou encore les assistants vocaux des Gafa pour devenir le lieu de centralisation des données", complète Thibaud Dufour, chez Rtone. "Il faut être référent sur les offres mais de nouveaux appareils sortent en permanence et il est impossible de tous les connaître", reconnaît Marie-Laetitia Poidatz, qui s'inquiète aussi des questions de sécurité. "Ce sujet prend de l'importance car, en cas de faille, à qui en revient la responsabilité ?", s'interroge-t-elle. "C'est toutefois un métier passionnant qui mêle théorie pour la conception avec le concret du terrain dans l'installation et qui mériterait d'attirer davantage de candidats", conclut-elle.