L'IoT français tente de profiter du confinement pour se développer

L'IoT français tente de profiter du confinement pour se développer La réorganisation en télétravail et la baisse de la demande permettent à certaines sociétés de se pencher sur des travaux de R&D ou des projets jusqu'alors laissés de côté.

Le début du confinement en France mardi 17 mars n'a pas marqué l'arrêt complet des projets IoT. De nombreuses entreprises profitent du temps gagné par l'absence de transport et d'une baisse de la demande des clients pour se pencher sur des projets jusqu'alors envisagés sur le long terme. "Il faut s'adapter et mettre à profit ce temps où l'on est moins sollicité pour préparer des plans d'évolution de produits", résume Vincent Richet, PDG et cofondateur du centre d'innovation La Coque. "Les projets IoT sont stoppés faute de pouvoir les déployer sur le terrain mais positionner des équipes en télétravail est une grande opportunité de productivité, si elles disposent de rigueur et d'outils de communication", confirme Kévin Polizzi, CEO de l'opérateur Jaguar Network.

Certains capitalisent sur le confinement pour s'attacher à des projets en interne, à l'image d'Invoxia, fournisseur français de trackers GPS : "Nous voulions publier un blog pour notre référencement naturel en marketing. Il s'agissait d'une tâche qui a été reportée à plusieurs reprises, nous allons désormais pouvoir la faire", cite en exemple Amélie Caudron, sa CEO, qui a ainsi redirigé les équipes vers les projets qui peuvent avancer à distance. Le confinement profite aussi à la néo-assurance Luko. "Notre offre d'objets connectés pour la maison est en bêta-test. Les utilisateurs sont confinés chez eux, ils prennent donc le temps de nous faire des retours sur les éventuels bugs, ce qui nous permet d'avancer d'un mois la date de mise sur le marché. Prévue pour l'été, l'offre pourrait être présentée avant juin", se réjouit Léa Joussaume, directrice marketing et communication.  

"Il n'y a pas de temps perdu. Si l'opérationnel se perd, il faut travailler sur des sujets de fonds"

L'innovation est également au cœur des projets. Au sein des équipes de R&D de Jaguar Network, de nouveaux capteurs jusqu'alors simplement évoqués sont en cours de développement. "Il n'y a pas de temps perdu. Si l'opérationnel se perd, il faut travailler sur des sujets de fonds et recentrer les salariés sur la vision de l'entreprise. C'est ce qui permet de garder un élan fédérateur à un moment où l'on est tous éloigné les uns des autres", affirme de son côté Raphaël Meyer, CEO et cofondateur de Lancey Energy Storage, start-up grenobloise qui développe des radiateurs électriques connectés avec une batterie intégrée. Les 30 salariés de Lancey Energy Storage travaillent sur l'optimisation du système cloud de management de l'énergie en effectuant davantage de simulations. Les équipes effectuent également des études de marché en vue de lancer, d'ici 2021, un nouveau service. "Nous développons une offre massive qui était jusqu'à présent envisagée à long-terme et repoussée lors des réunions", indique le CEO.

Le télétravail permet à d'autres de réorganiser les équipes pour faire face à la demande à venir. La start-up Koovea s'attend à l'essor de sa solution connectée de suivi de température lors du transport des produits de santé, notamment des tests de dépistages du Covid-19 réalisés par les laboratoires d'analyses. Elle prépare ses moyens de production afin de pouvoir subvenir aux commandes attendues dès la fin du confinement. "Nos objectifs prévoient une multiplication par dix du chiffre d'affaires", indique Adrien Content, CEO et cofondateur de Koovea.

De son côté, l'entreprise Amixys, distributrice et conceptrice de robots domestiques avec ses trois marques Novarden, Amibot et Domoova, avance sur les trois aspects. Elle a vu la part de son activité jardinage grimper en quelques jours dès la mise en place du confinement, jusqu'à représenter 50% de son chiffre d'affaires, et a dû former à distance ses équipes du service client et de la technique sur ces produits. "Nous avons lancé une nouvelle gamme pour le jardin qui n'aurait jamais eu l'accueil qu'elle rencontre sans le confinement. Les Français sont chez eux et apprécient entretenir leur jardin. Nous avons encore beaucoup de commandes car les livraisons se maintiennent", explique Claire Ritaine, responsable marques du groupe Amixys, qui effectue aussi en interne une veille sur les marchés allemand, italien et espagnol en vue d'y renforcer l'implantation des produits.

Ses équipes planchent par ailleurs sur de nouveaux produits. "La vidéosurveillance sera intégrée à nos robots aspirateurs pour permettre aux utilisateurs d'avoir une vue sur leur maison à partir d'une seule caméra capable de se déplacer", dévoile-t-elle. Enfin, le confinement pourrait donner l'occasion à Amixys de faire resurgir des projets mis de côté, notamment un robot aspirateur doté d'un réservoir à poussière conséquent pour les industriels. "C'est un sujet que nous avions en tête mais qui est difficile à développer. Qui sait, si le confinement dure plus longtemps qu'annoncé, nous pourrions nous y remettre", conclut-elle.