Face au Covid-19, l'hôpital de Chalon-sur-Saône soulage ses soignants grâce à l'IoT

Face au Covid-19, l'hôpital de Chalon-sur-Saône soulage ses soignants grâce à l'IoT Relier les alarmes des dispositifs en réanimation au personnel médical a permis d'ajuster la répartition de la charge et d'éviter toute saturation.

Pour faire face à l'épidémie de coronavirus, les hôpitaux ont dû accroître dans de brefs délais le nombre de chambres en réanimation. Au centre hospitalier William Morey de Chalon-sur-Saône, l'on avait estimé devoir prendre en charge plus de 14 000 patients en réanimation pendant la crise du Covid-19. Selon Stéphane Kirche, directeur de l'innovation et de l'ingénierie biomédicale de territoire au sein du groupement hospitalier Nord-Saône et Loire, la clé de succès pour surmonter l'urgence sanitaire a été la connexion des équipements pour améliorer le suivi des soins aux patients. "Le principal enjeu est la sur-sollicitation du personnel médical. Des alertes sonnent en permanence, c'est ce que l'on appelle une alarme fatigue. La perturbation pendant une tâche est la première cause d'erreur médicale et ces alarmes peuvent conduire à un stress post-traumatique chez les patients", explique-t-il.

"Nous avons équipé 24 chambres Covid-19, chacune d'elles étant munie d'une dizaine d'appareils"

Pour éviter de perturber le personnel soignant et envoyer une alerte significative au bon moment sur le smartphone professionnel de l'infirmier en charge du patient, le service de réanimation s'est appuyé sur la technologie d'Ascom, fournisseur de solutions pour les secteurs de la santé et de l'industrie. "Nous avons équipé 24 chambres Covid-19, chacune d'elles étant munie d'une dizaine d'appareils, du moniteur multiparamétrique au ventilateur respiratoire, qui remontent les informations de santé directement dans le dossier du patient", indique Olivier Camuset, en charge du projet, ingénieur chez Ascom, entreprise spécialiste de la gestion des flux d'information dans les établissements de santé.

En réduisant le déclenchement des alarmes aux situations d'urgence et en offrant un gain de temps aux soignants, le système a permis d'ajuster la répartition de la charge sur toutes les unités et éviter la saturation des services. "Sans cela, les soignants auraient été obligés de s'exposer en entrant plusieurs fois par jour dans ces chambres closes et de reporter dans le dossier patient les données de santé relevées à la main, entraînant une perte de la qualité des soins", indique Alexandre Benoist, ingénieur clinique et responsable du projet dans le centre hospitalier.

250 équipements connectés

Des caméras connectées ont par ailleurs été installées dans des chambres conventionnelles pour suivre l'état des patients 24 heures sur 24, afin d'effectuer une surveillance similaire à celle en réanimation. Ce qui a donné à l'hôpital une flexibilité de transformation des unités de soins. "A chaque intervention dans la chambre, l'infirmière doit s'équiper d'une tenue pour entrer dans la chambre en environnement clos, ce qui est chronophage et fatiguant, surtout quand il ne s'agit que de vérifier un paramètre visible par la caméra", explique Alexandre Benoist.

Cet usage pendant la crise a été possible grâce à un projet mené depuis un an et demi avec Ascom. L'objectif : externaliser la gestion des alarmes des chambres en réanimation, dont les portes doivent rester fermées et sous pression pour éviter les contaminations. Aujourd'hui, Ascom a connecté 250 équipements dans l'hôpital, où il est prévu d'étendre le système à d'autres services, comme l'unité de pédiatrie, de néonatalogie et d'urgence, afin d'uniformiser l'ensemble des pratiques.

"A l'avenir, il sera essentiel d'avoir un "hôpital élastique" pour gérer les crises"

"La crise sanitaire a montré que les solutions digitales, dont l'IoT, sont pertinentes pour améliorer la prise en charge des patients. Cela nous a permis de faire ressortir des besoins dans la structure de soins que l'on n'avait pas identifiés jusqu'à présent", affirme Stéphane Kirche, qui attend des fournisseurs des solutions de santé une plus grande interopérabilité entre les différents objets connectés. Sur ce sujet, Ascom va lancer l'application Digistat Wearables, visant à connecter des dispositifs médicaux Bluetooth sur une gateway pour remonter les données d'objets connectés de différents fournisseurs.

"A l'avenir, il sera essentiel d'avoir un "hôpital élastique" pour gérer les crises, c'est-à-dire la capacité grâce à la technologie de transformer les lieux de manière agile. Le projet nous a certes coûté plusieurs centaines de milliers d'euros mais cela nous a apporté un vrai plus pour que les équipes basculent entre les patients admis pour le coronavirus et les autres, sans déséquiper des services", estime Stéphane Kirche, qui a pu augmenter la capacité d'accueil en réanimation de 16 à 40 lits, à la fois pour les patients atteints du Covid-19 mais aussi pour d'autres pathologies. Ses prochains axes de déploiement porteront sur l'utilisation de l'IoT pour des usages de géolocalisation. Par la suite, Stéphane Kirche prévoit d'intégrer de l'intelligence artificielle pour créer un lien entre le déclenchement d'une alarme et les pratiques médicales dispensées, ainsi que la mise en place de chambres connectées limitant les interactions avec les soignants.