Les wearables donnent un coup de collier à la supply chain

Les wearables donnent un coup de collier à la supply chain Les acteurs de la chaîne logistique éprouvent un intérêt croissant pour ces objets connectés à porter sur soi dans les secteurs du retail, du postal et du pharmaceutique.

Les wearables, ces objets connectés à porter sur soi, "définissent l'avenir des processus d'assemblage, de production et de logistique", estime Andreas Koenig, PDG de Proglove, une entreprise d'origine allemande spécialiste des wearables pour l'industrie. L'entreprise a enregistré depuis le début de la crise sanitaire une croissance de 35% de ses ventes par rapport à l'année précédente, et note une forte demande dans les secteurs du retail, du postal et du pharmaceutique. Et elle n'est pas la seule à constater cet intérêt pour les gants, vestes et autres casques connectés en logistique. L'éditeur et intégrateur français de solutions d'optimisation de la supply chain Acteos témoigne aussi d'un vif engouement pour les devices dans ce secteur.

La première raison qui explique l'essor des wearables en logistique : la réponse qu'ils fournissent au besoin de productivité. Selon Acteos, l'usage de wearables dans les activités de picking offre un gain de productivité de l'ordre de 25%. Du côté des scans de codes-barres, les wearables réduisent les temps d'opération de 50%, met en avant Proglove, dont les solutions sont utilisées par plus de 500 clients dans le monde. Et les perspectives de marché sont encore nombreuses : "La préparation de commande est l'un des domaines les plus exigeants en terme de main d'œuvre et de temps et 80% des processus de prélèvement sont toujours effectués manuellement", indique pour sa part Philippe Morel, business developement manager chez Lydia Voice, qui conçoit un système vocal pour la logistique et l'industrie.

Autre avantage, les wearables constituent un moyen de fidéliser les salariés. "Les ressources humaines sont de plus en plus volatiles, il est donc nécessaire de les fidéliser en améliorant le confort au travail", assure Thomas Felfeli, directeur général délégué d'Acteos. Un avis partagé par Christophe Blanchard, directeur logistique de Schiever. Le groupe français, qui gère la logistique de 400 points de vente de 15 enseignes comme Auchan ou Flunch, a équipé en décembre dernier ses collaborateurs en entrepôt de vestes avec micro et haut-parleurs intégrés pour faciliter leurs opérations de picking. 134 vestes connectées ont été déployées, 200 au total devraient l'être en avril prochain. "Nos collaborateurs se plaignaient de la pression sur les tempes exercée par les casques filaires. Ils se sont montrés très satisfaits de cette solution élaborée par Acteos et Lydia Voice qui accroît leur bien-être, c'est la première fois que l'adoption est unanime. Nos collaborateurs nous ont même demandé d'accélérer les déploiements", se réjouit Christophe Blanchard, qui se félicite de pouvoir également équiper les salariés possédant des appareils auditifs, jusqu'alors exclus des solutions de casque à commande vocale.

"Le ROI est rapide, il n'excède parfois pas plus de 30 jours"

Le coût de ces objets connectés joue également en faveur de leur adoption. "Ces technologies en logistique sont devenues bien plus accessibles", souligne Kim Bybjerg, vice-président et responsable Europe continentale chez Tata Communications. Les solutions de pick-to-light (l'objet est désigné par une lumière) ou de voice-picking (l'objet est désigné par la voix) sont en effet utilisées depuis les années 2000 mais deviennent plus abordables. Les projets de déploiement de Proglove sont généralement compris entre 50 000 et 100 000 euros, avec un prix de départ pour les gants avec lecteur de code barre intégré à 650 euros. "Le ROI est rapide, il n'excède parfois pas plus de 30 jours", affirme Michel Matlega, regional sales director pour la zone Europe du sud chez Proglove.

La maintenance de ces objets s'adapte par ailleurs aux contrats de location des clients. Chez Proglove, les gants et ses accessoires sont commercialisés pour une durée de trois à cinq ans avant d'être renouvelés. La batterie des lecteurs de scans a une durée de vie allant jusqu'à 6 000 scans. "Les industriels se posent souvent des questions sur la résistance des devices, mais nous n'avons jamais eu de problème", souligne Michel Matlega. Proglove développe par ailleurs un logiciel de maintenance prédictive pour ses produits. L'entreprise LydiaVoice indique pour sa part que la veste, "fabriquée avec un matériau résistant pour une conservation longue durée", est démontable et lavable. "Contrairement à notre ancienne solution de casque pour la commande vocale avec laquelle les câbles pouvaient s'abîmer par un usage quotidien, tous les câbles sont intégrés dans ce gilet et sont placés dans le dos pour éviter les chocs", explique Christophe Blanchard, satisfait que l'utilisation soit optimale dans un environnement en grand-froid et avec le port des masques.

Le prochain défi pour les wearables appliqués aux activités de la logistique est de coupler davantage de technologies sur un même objet. Pour ses gants connectés dotés de lecteur de code-barres, Proglove observe une demande de plus en plus importante pour l'ajout d'un écran. Pour l'avenir, elle planche notamment sur des lunettes connectées.