Avec IoTroam, l'Afnic veut favoriser le roaming entre réseaux IoT

Avec IoTroam, l'Afnic veut favoriser le roaming entre réseaux IoT L'association chargée de gérer le registre des noms de domaine en France développe une solution basée sur le DNS pour favoriser la mobilité des objets connectés.

Votre smartphone passe du Wi-Fi au cellulaire pendant vos déplacements, sans que vous y prêtiez attention. Et si vos capteurs de température ou de qualité de l'air en faisaient autant ? C'est l'objectif du projet IoTroam, mené par l'Afnic, l'association chargée de gérer le registre des noms de domaine en France. Ses membres se sont lancés dans cette initiative à la suite d'un constat : "Dans l'IoT, les solutions sont encore trop silotées. C'est en travaillant sur des projets d'interopérabilité entre réseaux que l'on parviendra à la mobilité des objets connectés, un vrai besoin sur le marché", explique Benoît Ampeau, directeur du département Innovation de l'Afnic.

Pour concrétiser ce projet, les équipes se sont basées sur le projet existant Eduroam dans l'éducation, qui offre un accès sans fil sécurisé à Internet aux personnels et aux étudiants des établissements d'enseignement supérieur et de recherche, et ce à un niveau mondial. "Il fournit un seul identifiant fonctionnant sur différents réseaux Wi-Fi", détaille Sandoche Balakrichenan, responsable recherche et partenariat à l'Afnic. Après avoir théorisé le concept en 2017, l'Afnic a rejoint l'Alliance LoRa pour travailler sur les réseaux LoRaWAN publics et privés et a présenté le projet fin 2018 lors d'une conférence sur Eduroam à Porto. L'association est parvenue à une première solution de bout en bout en 2019. Au terme de trois ans de travaux, l'Afnic a construit une plateforme de roaming autorisant cette mobilité entre réseaux LoRa.

Pour que l'IoT puisse passer d'un réseau à l'autre de manière simple, sécurisée et sans action de la part de l'utilisateur, l'Afnic promeut l'usage du DNS, un système permettant de gérer un registre global d'adresses IP. L'objectif est de concevoir un schéma sécurisé pour les identifiants IoT et de prendre en charge la distribution sécurisée de clés pour leur authentification sur les réseaux, grâce au DNS. Attribuer un identifiant à chaque objet connecté serait le socle du projet. "Cela se ferait de manière logicielle, en interfaçant sur la plateforme le DNS avec les routers par lesquels les devices envoient leurs données", précise Benoît Ampeau. Autre avantage du DNS : sa sécurité. "L'atout premier du DNS est sa résilience, sa robustesse et sa capacité de passer à l'échelle. Une évolution du protocole permet de remplacer la couche de sécurité classique, généralement constituée par un secure element, et de vérifier qu'une requête est légitime, que l'émetteur est bien celui qu'il prétend être", ajoute Sandoche Balakrichenan.

Une latence de 300 millisecondes

Les premiers tests ont été effectués auprès d'universités (l'Institut Polytechnique de Paris et l'IMT-Atlantique) avec une dizaine d'objets connectés. "Nous avons été surpris de l'intérêt des universités. Elles ont de réels besoins car leur personnel se déplacent en devant apporter leurs bancs de test", raconte Benoît Ampeau. Les premiers résultats se sont avérés satisfaisants pour l'Afnic. L'opération n'engendre pas plus de latence que les procédures habituelles (un temps de 300 millisecondes a été enregistré). Le coût de développement est compris dans le budget R&D de l'Afnic, qui a par ailleurs reçu de l'Agence nationale de la recherche (ANR) un financement de 756 000 euros sur trois ans et pour l'ensemble des membres du consortium du projet DINS, un projet de recherche visant à concevoir une architecture globale pour renforcer l'interopérabilité et la sécurisation de l'IoT, dont IoTRoam fait partie intégrante. "Pour les utilisateurs, il s'agira d'une solution ouverte et gratuite", souligne Benoît Ampeau.

La prochaine étape pour l'Afnic est de faire connaître IoTroam pour nouer "davantage de partenariats et ajouter des réseaux à la plateforme", notamment le NB-IoT. Un service de support est mis au point pour la poignée d'opérateurs qui l'expérimentent. Les services sur la plateforme IoTroam seront effectifs pour les clients en 2022. L'Afnic cible principalement pour l'avenir les usages en mobilité dans la smart city.