Dans l'IoT, le casse-tête du recrutement

Dans l'IoT, le casse-tête du recrutement Avec les projets qui redémarrent et les besoins accrus d'automatisation et de monitoring à distance, l'IoT a le vent en poupe. Mais le mouvement ne suit pas côté formation et… salaires.

Les métiers de l'IoT restent en pénurie de recrutement sur le marché français, en particulier les postes "liés au développement du software", observe Silkhom, un cabinet de recrutement informatique, digital et électronique. Un constat partagé par Raphaëlle Trannoy, responsable du développement RH chez Birdz, la filiale IoT de Veolia, pour qui les "profils liés aux activités digitales sont volatiles et plus recherchés sur le marché". Il lui faut en moyenne cinq mois pour trouver les bons profils sur des métiers techniques.

"Il y a beaucoup de demandes car tous les projets arrêtés en mars 2020 avec le confinement reprennent et les besoins d'automatisation et de surveillance à distance sont plus importants. Il n'y a en moyenne qu'un seul candidat pour trois postes ouverts", explique Thomas Baverel, directeur et fondateur de Silkhom, qui anticipe des tensions dans l'emploi jusqu'en 2022.

Cette pénurie est par ailleurs renforcée par un manque croissant de candidats dotés de compétences d'ingénieur en microélectronique. "Cette formation n'attire pas car les salaires ne suivent pas : après cinq années d'études, les rémunérations ne débutent qu'à 35 000 euros et n'offrent que peu de marge de progression", confie Thibaut Kowalski, spécialiste IoT chez le cabinet de recrutement français Easy Partner. Silkhom, qui a publié son baromètre des salaires 2021 dans la tech, partage un avis identique et souligne que les salaires n'ont pas évolué depuis 2019, à la surprise de son fondateur.

Toutefois, les métiers de l'IoT sont "trop vastes et complexes" pour désigner un profil type. Ce ne sont pas des experts de l'IoT que les entreprises recherchent mais des compétences précises, "en particulier concernant la data et les web services", constate Thibaut Kowalski. Ainsi, Birdz recrute actuellement une personne maîtrisant Google Cloud Platform, la gestion de code source en Git ou encore les langages SQL, Python, Java pour un emploi de chef de projet technique dans le smart metering.

L'ouverture d'esprit privilégiée

Et les compétences techniques n'y suffisent pas : "L'ouverture d'esprit et une appétence pour la technologie et l'innovation sont tout aussi importantes que le savoir-faire technique, qui peut être renforcé par des formations", prévient Cécile Fleurot, CFO - secrétaire générale chez Birdz. Ces caractéristiques sont également essentielles lors des recrutements chez l'opérateur IoT Sigfox : "On embauche une personne pour des compétences précises mais le salarié doit aussi partager notre curiosité et avoir une ouverture d'esprit", nous indique Jérémy Prince, son CEO.

Trouver les candidats qui répondent à ces critères n'est pas toujours une mince affaire. Selon les premiers résultats de l'étude Révélations IoT 360 menée par Media dell'Arte, en partenariat avec le JDN et le salon IoT World, 82% des répondants estiment que "leur projet IoT rend indispensable le recrutement de profils spécialisés" mais près d'un quart ne savent pas où trouver ces compétences. Seuls 5% des sondés mènent leur projet avec l'aide d'un cabinet RH spécialisé dans l'IoT. "L'essentiel n'est pas d'intégrer un profil IoT mais d'être prêt à former ses salariés pour les faire évoluer. Ce développement de compétences est également un argument de marque employeur", affirme Thomas Baverel.

La clé chez Birdz pour attirer les candidats consiste à mettre en avant l'ADN de la société, qui place "la technologie au service de l'environnement, un sujet porteur auprès des postulants". Pour embaucher plus rapidement, l'entreprise bénéficie également des canaux de recrutement de Veolia et a une astuce complémentaire : elle fait appel à des prestataires avec une option d'embauche dans les six à sept mois. Autre critère facilitateur pour le recrutement mis en avant par Silkhom : offrir la possibilité de télétravailler. "C'est devenu un argument d'embauche. Les entreprises qui ne la mettront pas en place auront du mal à recruter", souligne Thomas Baverel. Autre défi RH chez Birdz, "parvenir à une féminisation des métiers de l'IoT à moyen-terme en intervenant dans les écoles", indique Raphaëlle Trannoy.

Une vingtaine de postes sont ouverts cette année chez Birdz, dont un tiers dans le hardware, un tiers dans le digital et un dernier tiers dans les fonctions support et commerciales. Un nombre identique de recrutements devrait avoir lieu en 2022. " Le plan de recrutement suit notre stratégie d'entreprise : nous prévoyons de nous diversifier et de renforcer notre présence à l'étranger. Les profils que l'on recherchera dans les années à venir devront avoir une expérience internationale", fait savoir Cécile Fleurot en conclusion.