IoT : pari gagnant pour l'environnement

Responsable de près de 4% des gaz à effet de serre dans le monde (selon l'association The Shift Project, 2021) – proportion qui pourrait doubler d'ici 2025 – le numérique émet d'ores et déjà davantage que le transport aérien civil. Si les datacenters sont principalement pointés du doigt, le stockage des données n'est pas l'unique responsable de cet état.

En France notamment, la production et l’utilisation des objets numériques est ainsi à l'origine de 81% des émissions, là où la fabrication, qui comprend par notamment l’extraction des minéraux nécessaires, représente à elle seule 70% de l'empreinte carbone du secteur. En réponse, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique. Comment l’IoT peut-il alors contribuer à un mode de vie plus durable et moins énergivore ?

L’enjeu véritable de la pollution numérique repose essentiellement dans la fabrication des outils numériques. Pour autant, le nombre d'équipements classiques ne cesse de croître et le marché de l’Internet des objets personnels et industriels, lui, explose. Avec une augmentation du nombre de connexions IIoT, à l’échelle internationale, 17,7 milliards en 2020 à 36,8 milliards en 2025, soit un taux de croissance global de 107 % (d'après une étude menée par Juniper publiée en octobre 2020) qui verra se multiplier le nombre d’objets connectés industriels utilisés au quotidien.

Malgré la contradiction apparente, c’est en réalité une bonne nouvelle pour l’environnement. En effet, que ce soit dans leur fonctionnement intrinsèque ou dans les services qu’ils apportent, les capteurs, traqueurs et autres outils de relève ont été conçus à des fins d’économie. Des économies de coûts, des économies de taille mais aussi des économies d’énergie. Voilà pourquoi l’IoT doit jouer les premiers rôles pour tendre vers un monde plus durable.

Du produit au service : le changement de paradigme opéré par l’IoT

Difficile de réduire l’empreinte carbone du numérique quand le modèle en place pousse à la (sur)consommation et à la production massive de produits à durée limitée. L’obsolescence programmée n’est pas une légende… mais avec l’Internet des objets, elle pourrait bientôt n’être plus qu’un mauvais souvenir.

En effet, à travers l’évolution d’un modèle centré produit vers un modèle de services, l’IoT favorise l’émergence d’une boucle vertueuse. L’intégration de capteurs au sein de certains matériels permet aujourd’hui notamment de mettre à jour le support concerné et d’améliorer le service associé. À la clé : la capacité à diminuer la fabrication de nouveaux produits et, par conséquent, l’impact négatif de la consommation de masse. Mais sans suivi, impossible d’automatiser les processus de communication et de mise à jour. D’où la place centrale de l’IoT dans les questions de durabilité.

Pour qui sonne le glas… de l’électronique

Nous rentrons dans une nouvelle ère révolutionnaire. Sans transformer nos usages et notre manière de consommer les matériaux, c’est la fin assurée de l’électronique dans moins d’un siècle ! Pourquoi ? Parce que si nous étions déjà très peu à avoir anticipé le dérèglement climatique il y a 40 ans, nous sommes encore moins nombreux aujourd’hui à avoir perçu la disparition prochaine des composants nécessaires à la fabrication de l’électronique. Cuivre, plomb, étain… constituent autant de matières premières et de ressources qui, au rythme actuel, seront épuisées d’ici une centaine d’années maximum.

Le compte à rebours est enclenché SAUF… si nous consommons dès aujourd’hui ces composants autrement. Comment ? En limitant leur obsolescence programmée et en favorisant la réutilisation des matériaux. Et pour y arriver, nous allons devoir assurer le suivi de notre niveau de perturbation pour déterminer nos marges d’amélioration. Une véritable révolution systémique qui doit aller bien au-delà de la problématique IoT pour trouver des solutions.

L’IoT, l’atout "plus" du P&L (compte de pertes et profits) des entreprises

Pour les entreprises se pose alors la question de savoir comment allier écologie et rentabilité. C’est là que l’IoT s’insère au centre d’un cercle économique et environnemental vertueux. En permettant d’économiser les ressources naturelles ou humaines, l’IoT se met à la fois au service de l’environnement mais aussi de l’entreprise elle-même. Grâce au suivi des ressources rendu possible par les capteurs, celle-ci va alors pouvoir ajuster sa consommation en temps réel. La clé d’un P&L positif et d’un monde plus durable.

Toutefois, si les entreprises semblent avoir la pleine mesure du potentiel environnemental de l’IoT, les gouvernements tardent à légiférer en vue d’imposer des objectifs précis. Or, le cercle vertueux de l’IoT ne peut être activé que si l’ensemble des parties prenantes agissent ensemble selon une feuille de route claire et partagée entre tous les acteurs. Une première étape nécessaire pour ouvrir le champ des possibles.

Ainsi, pourquoi ne pas imaginer demain des batteries au glucose pour alimenter les objets connectés, du papier avec de l’encre conductrice, des objets 100% biodégradables (ou presque), et même la collecte d’énergie depuis l’IoT ? Si certaines de ces pistes en resteront au stade de la réflexion, elles montrent toutefois au secteur numérique la voie à emprunter pour tendre vers un avenir plus en phase avec les enjeux environnementaux du 21ème siècle.