Les trois écueils à l'adoption des solutions d'industrie 4.0

Les trois écueils à l'adoption des solutions d'industrie 4.0 L'éditeur français Fabriq a visité 13 usines réparties sur le territoire pour comprendre les enjeux liés au numérique.

L'industrie 4.0 et l'automatisation suscitent l'intérêt des entreprises depuis le début de la crise sanitaire. "Les technologies sont là et la volonté de s'en équiper est manifeste. Pourtant, les PME et les processus de supply chain restent peu numérisées", constate François Déchelette, cofondateur de Fabriq, start-up française à l'origine d'un outil de performance industrielle. Pour comprendre les enjeux du secteur et avoir des retours concrets, ses équipes ont effectué un tour de France de 13 usines de différents secteurs – aéronautique, agroalimentaire, santé, etc. – du 11 au 24 octobre dernier.

Un premier écueil à l'adoption des solutions d'industrie 4.0 relevé par ses membres : le manque d'appropriation des outils d'industrie 4.0 par les équipes métiers. "Il ne suffit pas de leur mettre à disposition des solutions IoT ou de robotique, il faut un réel accompagnement", affirme François Déchelette. Un enseignement tiré notamment de la visite de l'usine du Vaudreuil de Schneider Electric : "La transformation numérique transforme les métiers : un automaticien doit désormais appréhender la connexion des datas, l'IoT et l'IA pour pourvoir traiter l'automatisme. Les opérateurs reçoivent pour leur part de l'information par réalité augmentée ou par des objets connectés. Il faut les aider à s'approprier ces technologies", lui a expliqué Emmanuel Morice, directeur de site chez Schneider Electric, qui a mis en place une solution d'opérateur augmenté.

Deuxième obstacle à relever selon Fabriq : ne pas laisser les technologies aux seules équipes informatiques. "La phase de développement est restée centralisée auprès de l'IT ces trente dernières années, et, malgré les solutions développées, les métiers recourent toujours au tableau Weleda", observe François Déchelette. Pour moderniser ses systèmes et éviter ce travers, la chocolaterie Valrhona s'est dotée d'un CDO et d'outils collaboratifs pour l'ensemble des salariés. Toutes les équipes participent à la digitalisation des données, dans le sourcing du cacao, l'expérience client, la finance de l'entreprise. "Les technologies d'industrie 4.0 nous donnent l'occasion d'améliorer notre cœur de métier – fabriquer du chocolat – et d'atteindre l'excellence opérationnelle", a déclaré Vincent Pontier, facilitateur digital chez Valrhona, lors de la visite du Fabriq Tour.

Côté technique, le frein relevé par les équipes de Fabriq chez les PME industrielles concerne l'implémentation des solutions. "Elles n'ont pas une culture SaaS, la communication entre les applications doit être simplifiée pour les aider", estime François Déchelette, qui a rencontré lors les fabricants Usitech et Wyca Robotics qui travaillent ensemble pour simplifier la conception de robots autonomes.

Fabriq n'est pas le seul à dresser ce constat. Olivier Helterlin, PDG de PTC en France, fournisseur américain de solutions dédiées au cycle de vie des produits, relève aussi ces trois difficultés, tout comme la start-up parisienne Shizen, qui propose aux industriels un logiciel de lean management concurrent de Fabriq. "Le besoin d'interconnecter les applications est évident mais les équipes IT des PME n'ont pas toujours les compétences pour maîtriser les API des offreurs de solution", résume Quentin Bérard, son CEO et cofondateur.

Résoudre ces difficultés est d'autant plus important aux yeux de Fabriq que ces solutions d'IoT et d'industrie 4.0 répondent aux enjeux des industriels, axés en premier lieu sur l'écologie et la RSE. Une priorité affirmée par Jean-Laurent Nectoux, directeur des opérations chez le groupe d'équipements de sports d'hiver Rossignol : "Notre projet d'avenir est la mise en place du programme Respect, qui vise à moderniser les usines pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les déchets, afin de préserver la montagne." La chocolaterie Valrhona projette aussi d'être neutre en carbone, de la plantation à l'assiette.

Ce Fabriq Tour 2021 fut la première édition d'un événement voué à se pérenniser, pour que les équipes de l'entreprise continuent de s'informer des besoins des industriels et leur prodiguer des conseils dans la mise en place des outils.