Trois pistes pour assurer l'interopérabilité réseau des objets connectés

Trois pistes pour assurer l'interopérabilité réseau des objets connectés La compatibilité entre les réseaux est clé dans l'IoT pour assurer la pérennité des solutions. Il est possible de l'effectuer à trois niveaux. Explications.

L'interopérabilité des réseaux de communication est perçue comme une clé de voûte pour les déploiements IoT. "L'avantage de l'interopérabilité, que vise par exemple Matter dans la maison connectée, est de rendre possible la multiplication des fournisseurs pour tirer parti des catalogues de produits de chacun, de rendre les projets réplicables, scalables, pérennes et évolutifs", détaille Marianne Laurent, CMO d'Acklio, start-up rennaise qui développe des solutions de gestion et d'interopérabilité des réseaux IoT. D'après elle, l'interopérabilité assure par ailleurs sur le long terme un meilleur ROI aux clients finaux par le développement d'un environnement plus concurrentiel. Mais comment être sûr d'assurer cette interopérabilité ? Trois moyens sont possibles.

Dans les capteurs

Le premier d'entre eux se situe au niveau des objets connectés. Il est possible d'intégrer plusieurs chips afin que l'appareil soit multi-protocole. "Cela représente un avantage pour les objets dynamiques, qui peuvent ainsi activer l'un ou l'autre réseau selon leur position et leur besoin", rappelait Benoît Ponsard, fondateur du cabinet Kimeggi Consulting, lors d'une conférence pour le salon IoT World. Le Groupe Zekat par exemple, par le biais de sa filiale Lucio, mise sur la multi-connectivité. "A la conception, cela requiert un surcoût de l'ordre de 1,5", prévient Ludovic de Nicolay, son directeur général. Cette méthode demande un point de vigilance : "En fonction de la technologie que l'on veut utiliser, il faut développer les applicatifs de manière différente. Il y a par exemple des spécificités de développement pour les applications en LoRa qui ne pourront pas être portés sur le NB-IoT en changeant simplement le chipset. Il faut alors procéder à des adaptations au niveau logiciel", explique Marianne Laurent.

Au niveau des couches basses réseaux

L'interopérabilité peut également s'opérer au niveau des couches basses réseaux. C'est la méthode que promeut Acklio par son standard SCHC, permettant aux réseaux LPWAN de supporter l'IP. "L'IP représente une couche pivot entre les technologies radio sous-jacentes et l'interface applicative", souligne Marianne Laurent, pour qui l'année 2022 sera celle de l'essor de SCHC, des Alliances de l'écosystème IoT l'intégrant dans leur roadmap. L'association Smart Buildings Alliance s'appuie elle aussi sur l'IP pour promouvoir l'interopérabilité dans le bâtiment avec son label R2S.

Dans le cloud

Les API permettent dans le cloud de rendre interopérables les réseaux entre eux. "C'est la solution la plus répandue", observe Grégoire de Changy, responsable marketing de l'équipe IoT Connect chez Orange Business Services. A l'école de l'IoT à Orléans, savoir développer des solutions modulaires entre plusieurs connectivités grâce aux API est au cœur de la formation. Des plateformes de traduction protocolaire permettent de faire des ponts entre les réseaux. Solutions logicielles ou matérielles, celles-ci peuvent parfois raccorder plus d'une dizaine de protocoles. C'est le cas par exemple du Lightweight M2M (LwM2M). "L'inconvénient, rappelle Marianne Laurent, c'est qu'ils doivent être interfacés avec l'ensemble des éléments du réseau pour re-router les messages. Chaque trame est réinterprétée au niveau de la passerelle, ce qui nuit aux performances du réseau, rend difficile le passage à l'échelle et ouvre de potentielles failles de sécurité en cassant le chiffrement de bout en bout."

Pour l'Alliance Wize, il est d'autant plus important de promouvoir ce concept d'interopérabilité qu'une "technologie ne peut répondre à tous les usages, la multiconnectivité doit donc être envisagée par les acteurs", affirme Thibault Stabat, responsable du développement commercial chez l'opérateur IoT français Iowizmi et responsable développement de l'Alliance Wize."L'évolution des technologies IoT est imprédictible, cette impossibilité de savoir à coup sûr quelles technologies IoT seront présentes dans dix ans devrait inciter les acteurs à privilégier des objets connectés multi-connectivité ou multi-protocoles et à s'appuyer sur des infrastructures de services et plateformes IoT capables de gérer cette hétérogénéité", confirme de son côté Maurice Zembra, président et cofondateur de Vertical M2M, éditeur français de logiciel IoT. Ces sujets autour de l'émergence de réseaux standardisés et de l'interopérabilité seront abordés ce vendredi 8 avril lors de l'IoT Day France. Programme à retrouver ici.