Avec son capteur smart home, Artifeel protège les distributeurs de billets

Avec son capteur smart home, Artifeel protège les distributeurs de billets La start-up française, connue pour protéger la maison en analysant si les clés sont insérées correctement dans la serrure d'une porte, se diversifie.

Les distributeurs automatiques de billets (DAB) sont une cible de choix pour les voleurs. Pour détecter les effractions, les caméras connectées constituent les solutions les plus courantes. Mais le secteur bancaire peut désormais compter aussi sur l'alarme Check'In de la start-up française Artifeel. Conçu pour garantir la sécurité de la maison connectée, ce device détecte avec l'analyse des vibrations par intelligence artificielle (IA) si quelqu'un tente de forcer une porte. Il est maintenant déployé dans le secteur bancaire et est notamment capable de déceler les effractions commises contre les DAB.

L'orientation vers ce marché s'est faite par hasard. "Nos équipes veillent à ce qu'il n'y ait pas de fausse alerte dans les utilisations professionnelles de Check'In. Le dirigeant d'une banque nous a demandé à tester le capteur car il rencontrait de nombreuses fausses alertes avec sa solution initiale, quand des employés vont chercher un courrier sans désarmer l'alarme, raconte Alain Staron, cofondateur et PDG d'Artifeel. Face aux résultats concluants, il a souhaité expérimenter d'autres usages, c'est ainsi que Check'In s'est retrouvé appliqué à la protection des DAB." Développer dès le départ un hardware résistant et doté de plusieurs capteurs ultrasensibles a permis à l'appareil de réussir cette diversification.

Le capteur a été expérimenté sur une quinzaine de DAB. © Artifeel

Pour la protection des DAB, les équipes d'Artifeel ont dû étudier les différentes attaques menées contre les distributeurs, développer une intelligence artificielle dédiée et analyser de nombreux signaux chaque seconde. " Nous sommes allés chez un coffretier pour apprendre quels sont les signes de perçage du coffre-fort", illustre Alain Staron. Résultat, le Check'In est capable de reconnaitre le perçage du DAB, une fracturation du clapet ou encore des coups de masse. Un POC a été mené en août 2022, Check'In a été déployé sur une quinzaine de DAB appartenant à deux banques, la Caisse d'Epargne à Toulouse et la BRED à Paris.

Le premier enseignement que met en avant Alain Staron est l'importance de l'IA en edge computing. "Nous avons adapté le logiciel selon la position du capteur pour éviter les faux-positifs, par exemple si quelqu'un pose son sac sur le DAB. Il y a une vraie valeur ajoutée quand on fait la conjonction entre le logiciel et le matériel", assure le PDG. Le deuxième message clé d'Alain Staron est la nécessité d'utiliser des réseaux standardisés. "Nous avons opté pour des réseaux cellulaires, en LTE-M et NB-IoT, pour garantir une qualité de service H24", indique-t-il. Le device comprend deux emplacements pour les cartes SIM, mais intègre aussi une eSIM.

Les perspectives de marché dans la protection des DAB s'annoncent prometteuses pour Artifeel, qui échange déjà avec trois nouveaux réseaux bancaires. Parmi les 48 000 DAB déployés en France, 1,5% enregistrent une effraction chaque année. "C'est à la fois peu et beaucoup, car le montant des dégâts dépasse largement la valeur monétaire volée", précise Alain Staron, qui met en avant par ailleurs le coût de sa solution, "dix fois moins chère que les solutions traditionnelles". Les dernières attaques, à Sarcelles (dans le Val d'Oise) le 5 octobre dernier ou à Saint-Maur-des-Fossés (dans le Val-de-Marne) le 31 octobre dernier ont eu lieu à l'explosif, ce qui a détérioré la façade et l'équipement, en plus de plusieurs centaines de milliers d'euros volés.

Artifeel prépare une levée de fonds pour la fin d'année, notamment pour étendre son Check'In à de nouveaux usages. "Nos capteurs peuvent détecter un coup de poing dans un équipement dans un rayon de six mètres. Nous voulons tester ce qu'il est possible de faire pour détecter une vitrine brisée car, aujourd'hui, si le malfaiteur ne pénètre pas dans la banque après en avoir cassé la vitre, l'alarme ne se déclenche pas. Ce qui explique que des banquiers découvrent avec surprise l'état de leur vitrine après des manifestations, car ils n'ont reçu aucune alerte", explique Alain Staron. Piste supplémentaire de développement : l'envoi d'alerte en cas de tentative de brouillage.