Exclusif : Iten construira son usine de micro-batterie à Chalon-sur-Saône sur le site Kodak

Exclusif : Iten construira son usine de micro-batterie à Chalon-sur-Saône sur le site Kodak Le fabricant français de micro-batteries a levé 140 millions d'euros fin 2022 pour construire une nouvelle usine de production. Le site choisi est l'ancienne usine de Kodak à Chalon-sur-Saône. Il emploiera jusqu'à mille personnes.

L'IoT participe à la réindustrialisation française avec le projet d'Iten. Le fabricant français de micro-batteries lithium ion pour l'IoT rend en effet concret son annonce de construire une nouvelle usine de production en dévoilant au JDN son emplacement. Il s'agira de l'ancienne usine de Kodak à Chalon-sur-Saône, qui dispose d'une surface de 5 hectares. L'avant-projet a été réalisé et le cabinet d'architecte sélectionné. "Les premiers coups de pioche auront lieu au printemps 2024, le site sera opérationnel en 2026", indique Fabien Gaben, le PDG d'Iten, qui se réjouit de la culture industrielle qui imprègne la région et du fort accompagnement du Grand Chalon et de la région Bourgogne Franche-Comté.

Ce site devrait permettre la création d'une centaine d'emplois à son ouverture. "Le site sera modulaire : chaque module de production va employer une centaine de personnes et il y a une capacité d'accueil de dix modules", souligne Fabien Gaben. Un millier d'emplois pourraient ainsi être pourvus à terme. Mais le recrutement va être le challenge de l'entreprise, "les compétences nécessaires étant très compliquées à trouver", reconnaît le PDG, qui a également prévu de recruter plus d'une cinquantaine de personnes en 2023 pour porter les effectifs d'Iten de 45 salariés à une centaine de personnes.

"Une production de masse est indispensable pour voir apparaître des projets à grande échelle"

Pour rappel, Iten a levé 140 millions d'euros fin 2022 (80 millions d'euros auprès de de Bpifrance et du groupe Seb, et 60 millions d'euros en emprunts bancaires) dans l'objectif de construire cette nouvelle usine de production et d'atteindre la production de 140 millions de pièces éco-conçues par an, quand aujourd'hui la production est de six millions de pièces par an. Cette nouvelle usine devrait en effet produire 100 millions de composants par an et l'usine actuelle de Dardilly devrait voir sa capacité de production augmenter à 40 millions d'unités d'ici début 2024. "Une production de masse est indispensable pour voir apparaître des projets à grande échelle car les clients ne commandent qu'en fonction des capacités de production", décrypte Fabien Gaben, qui mise sur ce projet pour transformer Iten en groupe industriel. Iten a déjà commencé à se structurer comme tel en ouvrant une filiale au Japon et en en préparant une aux Etats-Unis.

Les micro-batteries d'Iten peuvent fournir une densité de puissance mille fois supérieures à celles des piles boutons primaires. © Iten

Cette industrialisation est d'autant plus importante pour Iten que ses perspectives ne cessent de s'élargir. L'entreprise a collaboré avec un groupement d'électroniciens pour concevoir une carte électronique d'objets connectés intégrant la micro-batterie. Cette solution a été présentée à Munich au salon Electronica en novembre dernier. Les micro-batteries produites par Iten peuvent fournir une densité de puissance mille fois supérieures à celles des piles boutons primaires, pour l'épaisseur d'une carte bleue. La demande est conséquente, Iten a déjà plusieurs clients qui développent leurs fonctionnalités pour une mise sur le marché au deuxième semestre 2023. Les premiers usages concerneront la logistique, dans la traçabilité de colis. "Nous sommes beaucoup sollicités en santé, par exemple pour le suivi des poches de sang ou pour des usages en neurostimulation", confie Fabien Gaben. Le remplacement des piles boutons primaires, qui doivent prendre fin en 2030, constitue sa principale activité.

Iten ne compte pas s'arrêter là et travaille dès à présent sur une génération de micro-batterie de taille plus importante et sur des batteries à céramique solides. Iten réfléchit par ailleurs à une nouvelle gamme de batteries faite pour l'IoT cellulaire, la micro-batterie actuelle correspondant seulement aux réseaux Bluetooth, Sigfox et LoRaWAN. "Nous allons continuer de multiplier les utilisations, les opportunités vont croître avec le NB-IoT, la 5G et plus tard la 6G", anticipe Fabien Gaben.