Yahoo fait allégeance à Google

Jerry Yang opte pour un ralliement à Google pour dissuader définitivement Microsoft de s'intéresser à Yahoo. Mais le prix a payer est élevé puisqu'il abandonne toute ambition dans les liens sponsorisés.

Yahoo s'est finalement jeté dans les bras de Google pour échapper à Microsoft. Deux heures après avoir une nouvelle fois éconduit son prétendant, le portail a annoncé avoir signé un partenariat de quatre ans avec Google, reconductible dix ans. Dans trois mois et demi, Yahoo commencera à diffuser sur ses sites américain et canadien les liens sponsorisés de Google. Yahoo ne précise pas si son réseau de mots clés perdurera en parallèle. Cependant, le portail prévient qu'il aura toute liberté de décider sur quels mots clés apparaissent les liens sponsorisés de Google.

Cet accord, non exclusif est censé rapporter 800 millions de dollars par an à Yahoo, qui se laisse la possibilité de signer des accords du même type avec d'autres régies de liens sponsorisés. Si ce partenariat ne débute pas maintenant, c'est que les deux groupes attendent de recevoir le feu vert des autorités américaines.

En liant son avenir au meilleur ennemi de Microsoft, Yahoo espère ainsi calmer définitivement les ardeurs du géant du logiciel qui s'était déclaré prêt à débourser 45 milliards de dollars pour l'acquérir (lire le dossier : Microsoft propose 45 milliards de dollars pour s'offrir Yahoo,du 21/02/08). Depuis, le patron de Yahoo, Jerry Yang a étudié toutes les pistes pour dissuader Microsoft, quitte à se mettre à dos une partie de ses actionnaires qui auraient bien aimé accepter le cash offert par Microsoft. Pressé par Carl Icahn (lire le portrait : Il veut vendre Yahoo à Microsoft, mais qui est Carl Icahn ?, du 16/05/08) qui a pris la tête de la révolte des actionnaires et qui appelle au renversement du conseil d'administration, Jerry Yang a-t-il pris la bonne décision ?

Pas sûr, surtout aux yeux des actionnaires qui attendent que Jerry Yang prouve qu'il est capable de redresser la valeur de Yahoo à la hauteur de l'offre proposée par Microsoft. Et ce n'est pas gagné. Les marchés ont en effet sanctionné le cours de bourse du portail par une baisse de 10 % après l'annonce avec Google, faisant descendre la capitalisation boursière du portail à près de 30 milliards de dollars. Un désaveu sévère des marchés pour la stratégie de Jerry Yang.

Si Yahoo n'abandonne pas totalement le marché des liens sponsorisés, cet accord signifie l'abandon pour Yahoo de toute ambition de renverser la vapeur sur le secteur, du moins aux Etats-Unis. Car en ouvrant ses portes aux liens sponsorisés de Google sur ses espaces, Yahoo renforce ainsi un peu plus Google qui détient déjà près de 80 % du marché selon Efficient Frontier. Un marché particulièrement stratégique puisque celui du display ralentit depuis le début de l'année aux Etats-Unis et devrait selon les différentes prévisions n'augmenter que de 15 à 20 % en 2008.

Si la situation devait en rester là, l'offensive de Microsoft qui visait à créer un concurrent sérieux à Google aura eu l'effet inverse : renforcer l'ogre Google et mettre à ses pieds son plus sérieux challenger sur le marché des liens sponsorisés en liant son avenir à sa réussite. Certes, l'argent ne manque à Microsoft pour rattraper son retard face à Google. C'est plutôt désormais l'absence de sociétés suffisamment puissante qui risque de faire défaut à Microsoft, surtout sur le secteur des liens sponsorisés. Et déjà, selon la presse américaine, Microsoft chercherait à mettre la main sur AOL, tout juste devenu propriétaire de Bebo. AOL qui utilise le moteur de recherche de Google et diffuse lui aussi ses liens sponsorisés...