Universal Music lance un YouTube pour les clips de ses artistes

La maison de disques lance Alloclips.com, une plate-forme de diffusion des clips de ses artistes en streaming. Universal se rémunérera par de la publicité sur son site et ceux de ses partenaires. Alloclips vise l'équilibre sur deux ans.

Universal Music veut renforcer l'offre légale de musique en ligne. Après avoir multiplié les partenariats autour de la vente ou la diffusion de musique sur Internet, la maison de disques lance, mardi 14 octobre, Alloclips.com, une plate-forme vidéo proposant gratuitement l'ensemble des clips de ses artistes en streaming.

Outre le portail Alloclips.com ouvert aux internautes, Universal souhaite également exporter son service sur d'autres sites. A la manière de Dailymotion ou YouTube, les éditeurs de sites partenaires pourront intégrer le lecteur d'Alloclips à leur site. L'objectif de ce service est à la fois de valoriser financièrement les clips des artistes du groupe, tout en en assurant une meilleure diffusion de ces contenus, très prisés des internautes. Selon l'Observatoire de la convergence média d'Ipsos MediaCT, les clips musicaux sont, avec les bandes-annonces de films, les contenus vidéo les plus vus derrière les vidéos réalisées par les internautes eux-mêmes (lire Les Français face aux nouveaux modes de consommation des médias, du 08/09/2008).

"Alloclips représente un modèle d'avenir pour tout le monde, explique Xavier de Baillenx, responsable des sites média chez Universal Music. Les internautes auront accès à des contenus légaux et de qualité et les éditeurs de sites bénéficieront gratuitement de contenus pour lesquels ils devraient normalement payer." La major garde ainsi la main sur ses propres contenus, ainsi que sur les revenus qui sont tirés de leur diffusion et les annonceurs qui y sont associés.

Pour convaincre les internautes et les éditeurs d'utiliser sa plate-forme plus qu'un autre service vidéo, Universal mise sur une meilleure qualité de son et d'image. Le lecteur d'Alloclips a également été conçu pour fournir des liens en rapport avec l'artiste. A partir du lecteur, les internautes pourront par exemple acheter le titre ou l'album joué, écrire à l'artiste dont le clip est diffusé ou s'abonner à sa newsletter.

Jusqu'à présent, la major proposait ses clips sur les plates-formes vidéo et musicales les plus visitées comme YouTube (la maison de disques est un des plus gros membres de la plate-forme vidéo de Google), Dailymotion, Yahoo Music ou iTunes, selon un modèle de reversement de commission : en fonction de la diffusion des clips du catalogue, chaque plate-forme reverse une commission à la maison de disques. Le versement d'une commission minimale est également prévu par contrat.

Or ce modèle rend inabordable l'accès à la bibliothèque des clips d'Universal pour de nombreux sites musicaux, dont l'audience ne permet pas de rentabiliser l'acquisition de ces contenus. Avec Alloclips, la maison de disques veut justement proposer ses clips à un plus large panel de sites. Ces derniers n'auront rien à débourser : un back-office leur permettra de récupérer de manière automatisée les derniers clips ajoutés. Des diffusions en avant-première pourront être négociées par les éditeurs. Universal travaille déjà avec une trentaine de sites partenaires, mais indique n'avoir signé aucun contrat pour l'instant.

En revanche, Universal sera le seul à empocher les revenus publicitaires. "Les éditeurs de sites doivent comprendre que les clips leur apportent du trafic supplémentaire et que leur diffusion nécessite une juste rémunération", indique Xavier de Baillenx. Le lecteur vidéo de la plate-forme a en effet été conçu pour embarquer une publicité pré-roll (qui s'affiche avant le lancement du clip), un format considéré comme "très immersif et qui offre de bons taux de clics", selon le responsable des sites média d'Universal.

L'ensemble de la plate-forme a été mis en régie chez Allociné, rompu à la commercialisation de ce format qu'elle utilise depuis longtemps pour monétiser les bandes-annonces de films. Alloclips espère pouvoir négocier un CPM élevé en segmentant son audience en fonction des genres musicaux de ses artistes.
 

Pour l'instant, Universal travaille sur ce projet avec une trentaine de sites, mais aucun partenariat formel n'a encore été conclu. Prudente, la maison de disques n'avance pas de d'objectifs pour Alloclips, mais espère atteindre la rentabilité au bout de deux ans. En cas de réussite de son modèle, Alloclips n'exclu pas de travailler avec d'autres labels ou maisons de disques concurrentes d'Universal.