Grégoire Lassalle (directeur général d'Allociné) "La concurrence de Google est déloyale pour la plupart des sites dédiés au cinéma"

Google vient de lancer un service de recherche d'horaires et de salles de cinéma intégré aux résultats de recherche de son moteur. Le directeur général d'Allociné livre sa vision de ce nouveau concurrent.

 

JDN. Google vient de lancer en France OneBox Cinema, un service de recherche d'horaires et de salles de cinéma intégré à son moteur de recherche. Comment accueillez-vous ce nouveau concurrent ?

Grégoire Lassalle. Sereinement. OneBox Cinema n'est pas vraiment un nouveau service puisqu'il existe depuis trois ans aux Etats-Unis. Nos homologues américains, comme imdb.com ou Fandango.com ne sont pas morts pour autant. Nous avons d'ailleurs été approchés par Google, qui souhaitait que nous lui fournissions nos données. Nous avons refusé car ce partenariat ne donne pas de visibilité. D'ailleurs, le prestataire actuel n'apparaît pas. 


Ne craignez-vous pas une forme de concurrence déloyale ? Google restant le premier moteur de recherche Internet, il risque de vous priver d'office d'une partie de votre trafic...

La concurrence de Google ne nous fait pas peur, car nous ne sommes pas les plus à plaindre. Cependant, je trouve à titre personnel que cette concurrence est en effet un peu déloyale pour la plupart des sites dédiés au cinéma, qui dépensent des fortunes en liens sponsorisés pour générer du trafic. Or c'est systématiquement OneBox Cinema qui apparaît en haut à gauche des pages de résultats de Google. Google devient en quelque sorte juge et partie. C'est un peu exagéré.

Cela étant dit, OneBox Cinema est encore perfectible. D'après nos tests, notre base de données de salles de cinéma est plus complète de 20 % à celle qu'utilise Google. Le service de critiques de films ne distingue pas assez clairement les critiques émanant de spectateurs et celle de journalistes, puisque les critiques des internautes sont mises sur le même plan que celles de la presse spécialisée, le tout d'une manière un peu brouillonne. Enfin, l'interface dépouillée, qui a fait la célébrité du moteur, me semble un peu trop austère dans l'univers du cinéma.

Comment comptez-vous préserver votre place face à Google ?

D'abord en poursuivant notre internationalisation. Nous nous sommes déjà implantés au Royaume-Uni, en Espagne et en Allemagne par de la croissance interne. Nous comptons aussi sur des acquisitions : d'ici quelques jours, nous finaliserons l'acquisition du troisième portail cinéma allemand, Filmstart. Nous prévoyons également de nous implanter en Italie via l'acquisition en 2009 du premier portail de la péninsule, MyMovies.

Le second axe porte sur le renforcement de l'attractivité de notre site, notamment en ouvrant encore plus le site aux contributions des internautes. Enfin, nous allons élargir notre spectre de diffusion sur les différents écrans, du mobile à la TV par ADSL. Nous discutons notamment avec l'ensemble des opérateurs pour être présents en 2009 sur l'IPTV.