Olivier Heckmann (Kewego) "Kewego sera rentable courant 2009"

La plate-forme vidéo vient de lever 4,7 millions d'euros auprès de ses investisseurs historiques pour accompagner son développement et atteindre l'équilibre. Son co-fondateur détaille ses projets pour 2009.

 

JDN. Vous venez de lever 4,7 millions d'euros. A quoi ces fonds vont-ils vous servir ?

Olivier Heckmann. Nous avons identifié trois axes prioritaires. Nous voulons tout d'abord continuer notre développement à l'international pour accompagner nos clients - Orange, M6, L'Equipe, Renault, etc. - à qui nous fournissons une plate-forme d'échange ou de diffusion de vidéos. Ils sont aujourd'hui présents dans une vingtaine de pays, surtout en Europe. Nous ne pensons pas ouvrir de bureaux avec des équipes dédiées : nous misons davantage sur la constitution d'un écosystème de partenaires capables de diffuser nos produits. Nous travaillons déjà pour cela avec de nombreuses webagencies, comme Digitas ou BBDO. Par ailleurs, nous allons bien sûr continuer à investir dans la recherche et développement, pour laquelle nous avons déjà investi 10 millions d'euros sur les trois dernières années, ainsi que dans nos infrastructures pour maintenir nos capacités serveurs : l'ensemble du trafic de Kewego représente aujourd'hui 17 millions d'internautes et ne cesse de croître. Enfin, nous n'avons pas d'acquisition au programme pour 2009, mais nous ne nous interdirons pas un rachat créateur de valeur s'il se présente.

Ce tour de table a-t-il été facile à boucler malgré la crise ?

Oui, car Kewego a connu une année 2008 dynamique, ce qui facilite les choses. Nous avons enregistré un chiffre d'affaire en progression de 60 %, à 5,4 millions d'euros, soit un peu plus de cinq fois celui de notre concurrent Vpod.tv. Nous prévoyons d'ailleurs d'atteindre l'équilibre dans le courant de l'exercice 2009. Nous avons également continué à recruter de nouveaux clients au quatrième trimestre et comptons aujourd'hui 350 clients. Enfin, cette levée a été réalisée auprès de nos actionnaires historiques, Banexi Ventures Partners et CDC Entreprises (filiale de la Caisse des Dépôts, ndlr.). Elle démontre que nos actionnaires partagent la même vision que nous. Sinon, nous aurions dû aller chercher de l'argent à l'extérieur. Ce qui aurait été moins facile, alors que la crise fait grimper le niveau d'exigence des investisseurs. 

Quel impact a la crise financière sur votre activité ?

Paradoxalement, nous ne ressentons pas encore les effets de la crise. Je dirais même que, pour l'instant, elle nous est profitable, car elle pousse un grand nombre de sociétés à arbitrer en faveur d'Internet, dont le ticket d'entrée est moins élevé que les autres supports, pour leur budget de communication. Au quatrième trimestre, nous avons même gagné de nombreux clients opérant dans des secteurs d'activité très touchés par la crise, comme l'immobilier, la banque-assurance ou l'automobile. Cependant, nous préférons rester prudents. Cette levée de fonds doit justement nous permettre de passer sereinement la crise tout en assurant notre développement.