Mathieu Weill (Directeur général de l'Afnic) "Nous devons ouvrir le .fr aux particuliers et aux entreprises européennes"

L'Etat attribue à l'Afnic la gestion du .fr pour les sept prochaines années. L'association va devoir renforcer la promotion de l'extension française.

JDN. C'est la première convention que signe l'Afnic avec le gouvernement, pourquoi ?

Mathieu Weill. L'Afnic a pris en 1998 la suite de l'Inria, qui s'occupait du domaine national. Mais il n'a jamais existé d'acte juridique entre l'association et le gouvernement. Cette convention est donc une première. Mais le gouvernement avait l'intention de régulariser notre situation depuis 2004. Un appel d'offres à la gestion du .fr a donc été organisé il y a près d'un an, que l'Afnic a remporté.

Cette convention comporte plusieurs obligations, lesquelles ?

Le gouvernement nous demande de consacrer 5 % de notre chiffre d'affaires à la sécurité et la stabilité du .fr. Cela veut dire plus de matériels, plus de serveurs, pour une meilleure redondance et une meilleure accessibilité des .fr sur Internet, mais aussi améliorer notre plan de continuité de l'activité d'enregistrement de noms de domaine en cas de force majeur.

L'Afnic devra surtout investir 10 % de son chiffre d'affaires dans la promotion du .fr...

Effectivement, cela passera par plus de campagnes de communication et de partenariats pour promouvoir le .fr. Mais nous devrons en outre investir près de 30 % de nos bénéfices, ou le tiers de nos dépenses en recherche et développement dans de la R&D coopérative, comme nous en faisons avec SBW et GSI dans le cadre de notre projet commun pour le portail de services Proxima Mobile ; et l'organisation d'un "prix Afnic de l'innovation", qui récompensera les meilleures initiatives liées à l'infrastructure du Web.

Comment comptez-vous promouvoir le .fr ?

Nous voulons faire passer le message que le .fr est le meilleur nom de domaine pour communiquer en France. Nous comptons donc communiquer sur ce thème sur Internet, directement auprès du grand public, et en partenariat avec les bureaux d'enregistrement.

Pensez-vous faire baisser son prix, ou réaliser des baisses de prix événementielles pour pousser son adoption par le grand public ?

Le prix d'un .fr n'est pas très élevé. Il ne coûte que 5 euros hors taxes pour la plupart des bureaux d'enregistrement, ce qui est même moins cher que le .com, qui est vendu aux alentours de 5,50 euros. Nous ne sommes pas favorables à une baisse de prix qui dévaloriserait le .fr dans son ensemble. D'autant que les baisses de prix créent des effets d'aubaines pour des bureaux d'enregistrement qui déposent des noms de domaine pas toujours en règle avec la propriété intellectuelle.

Quel chiffre d'affaires l'Afnic a-t-elle réalisé en 2009 ?

Nos comptes ne sont pas encore finalisés. Mais notre chiffre d'affaires 2009 est de l'ordre de 8,3 millions d'euros, pour un bénéfice de quelques centaines de milliers d'euros.

Pourquoi créer un observatoire des bureaux d'enregistrement ?

Le secrétariat d'Etat à l'Industrie trouvait l'offre des bureaux d'enregistrement confuse. Cet observatoire a pour but de comparer ces offres et définir quels prestataires ont la meilleure qualité de service, le meilleur service après-vente et qui sont les moins chers.

Les conditions de dépôts d'un .fr vont également être simplifiées. Comment ?

Jusque-là, seules les entreprises ou particuliers présents en France peuvent déposer un .fr. Dans les toutes prochaines semaines, nous allons permettre aux français résidant à l'étranger de déposer à leur tour un .fr. Par ailleurs, nous sommes tenus d'ouvrir le .fr aux particuliers et entreprises situés en Euorpe. Nous avons deux ans pour cela.