Oleg Tscheltzoff (Fotolia) "Fotolia envisage toutes les opportunités de sortie"

Business angel actif, Oleg Tscheltzoff revient sur la stratégie de croissance du service d'achat d'images en ligne Fotolia et sa stratégie d'investissement personnelle.

JDN. Où en est le business de Fotolia et son extension géographique ?

Oleg Tscheltzoff. Nous visons un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros pour fin 2011. L'objectif est de le voir croître de 20 à 25 % les années suivantes. En ce qui concerne notre résultat net, il a été impacté par le rachat de la banque de sons AudioMicro et d'ImageCollect, qui sont dans le même groupe. Notre taux de rentabilité sera donc situé entre 25 et 30 %. En ce qui concerne notre déploiement géographique, nous avons étendu nos services au Brésil, à la Pologne, la Russie et à la Turquie, ce qui ne nous empêche pas de continuer à gagner des parts de marché sur les pays européens. Au total, le site existe dans quatorze langues et nous réfléchissons en ce moment à déployer Fotolia dans les pays scandinaves et aux Pays-Bas, qui est un gros consommateur de photos en ligne, tout comme l'est la République tchèque.

Prévoyez-vous d'autres acquisitions pour consolider cette croissance externe ? Fotolia rentrera-t-il en bourse ?

Nous étudions en effet quelques dossiers, principalement dans les sites de partage communautaire, comme par exemple deviantART. Mais notre croissance externe ne se résume pas uniquement à des rachats. Nous avons lancé une API qui permet à des sites partenaires de revendre des images Fotolia, sur un modèle de partage de revenus à parts égales. Nous avons également un accord de partenariat similaire avec Wilogo, un site qui permet aux graphistes de proposer leurs logo, sur le même principe.

En ce qui concerne l'avenir de Fotolia, je reste ouvert aux opportunités, si par exemple nous pouvons rentrer en bourse ou nous faire racheter par Adobe.

Quel constat établissez-vous face à l'utilisation illégale de clichés ? La loi Hadopi a-t-elle un réel impact ?

Les méthodes illégales sont massives en Chine où 99 % des photos sur la Toile sont illégales, et dans une moindre proportion en Russie, Pologne et au Brésil. Il existe heureusement des outils comme TinEye qui permet de voir si une image est dupliquée grâce à une technologique de recherche inversée qui scrolle tout le Web. A la différence des majors de la musique, les photographies sont plus dispersées sur le web, ce qui rend la tâche plus difficile. Je considère qu'Hadopi n'est pas un réel argument pour convertir les utilisateurs frauduleux en consommateurs payants. C'est à nous, acteurs du secteur, d'éduquer notre marché, les autorités ne peuvent pas faire grand-chose.

Vous êtes un business angel très actif, comment réalisez-vous vos sélections ?

J'aime prendre soit un risque sur un marché, soit sur un produit et ce principalement dans les services en ligne transactionnels. Je n'investis toutefois pas dans l'e-commerce classique mais davantage dans des business models ayant un aspect viral important, comme Leetchi où je fus le premier angel, ou encore JolieBox. Ma sélection se fait uniquement par réseau, soit avec le réseau HEC ou encore avec des fonds d'investissement. J'ai récemment investi dans le site de vente de lunettes en ligne Jimmy Fairly, à hauteur de 200 000 euros ou encore dans le Groupon de la restauration Restopolitan, pour 100 000 euros. J'ai misé 50 000 euros dans Alittlemarket, 15 000 euros dans le réseau social Wizee ainsi qu'un petit ticket dans meilleurpompefunebre.com, qui est un site qui dispose d'accords avec des pompes funèbres locales et qui génère du lead. En moyenne, mes investissements sont de l'ordre de 500 000 euros par an.

Ingénieur de formation, Oleg Tscheltzoff est également titulaire d'un MBA effectué à HEC, pour ensuite rentrer chez L'Oréal en tant que chef de produit. Il s'est par la suite lancé dans la production de spectacle dans les pays de l'Est et fonda sa première société en Russie dans les télécommunications. De retour en France, Oleg Tscheltzoff revend sa start-up et fonde Amen en janvier 2000, une société spécialisée dans l'hébergement en ligne. Il quitte Amen quatre ans plus tard. En janvier 2005,il lance Fotolia avec Thibaud Elzière, un ancien collaborateur d'Amen. Business angel actif, Oleg Tscheltzoff a investit dans 34 start-up du web.