Les adresses Frogans, points d’entrée d’une alternative au Web ?

Un projet français ambitionne d'améliorer l'expérience de navigation des Internautes. Parmi ses fonctionnalités, de nouvelles adresses qui sont autant de nouvelles opportunités commerciales sur le marché du nommage Internet.

Le .FROGANS, une nouvelle extension obtenue dans le cadre du programme d'ouverture de la racine de l'Internet lancé par l'ICANN, le régulateur mondial du secteur. Déjà active, elle se place aujourd'hui au même niveau que les historiques .COM et les petits nouveaux comme le .BERLIN (déjà près de 50 000 noms enregistrés d'après Ntld Stats)

Le .FROGANS n'a pas vocation à se lancer dans la course aux enregistrements

Pas de noms de domaine traditionnels en tout cas. Cette extension compte en effet parmi les projets les plus innovants reçus par l'ICANN dans le cadre de son programme d'expansion de l'espace de nommage du Net.
Le .FROGANS va servir à sécuriser une nouvelle couche logicielle pour l'Internet. Kézaco une couche logicielle ? Pour résumer, l'Internet c'est globalement 3 niveaux. En premier, les infrastructures physiques : les câbles. Sur ce socle, les systèmes de routage et d’adressage : les protocoles techniques régissant les fonctionnements de base de l’Internet. Viennent enfin les couches logicielles permettant d’exploiter cet ensemble technique : le Web ou l'E-mail par exemple.
Au fil des ans, le Web est pour beaucoup devenu synonyme de l’Internet. Techniquement, il n’en est donc rien. L’Internet, système ouvert, n’oppose aucun frein à la mise en service de couches logicielles complémentaires à celles qui existent, comme le Web. La technologie Frogans, c’est justement ça !

Sécurisé, multilingue et multi-plateforme

Une technologie visant à prendre place aux côtés du Web ? Et française en plus ? Il y a de quoi lever un sourcil d’étonnement. Pourtant, depuis 1999, les deux cofondateurs Amaury Grimbert et Alexis Tamas travaillent sur ce projet d’envergure. L’idée est de pallier certaines faiblesses inhérentes au Web et qui rendent son utilisation problématique. Ce qui a pour effet de freiner l’essor de l’Internet en général.
Ainsi la technologie Frogans permet la création et la publication de sites rendus à l’identique, quelle que soit la plateforme. Pour les développeurs, cela veut dire moins de coûts et une publication plus facile et plus rapide (il n’y a qu’une version d’un site à coder).
Pour les utilisateurs, c’est l’assurance de voir la même chose, au pixel près, qu’ils soient sur un smartphone ou leur ordinateur de bureau. Par ailleurs, les sites Frogans sont par conception beaucoup plus légers que les sites Web. Ils peuvent donc être chargés facilement lorsque la bande passante est faible. Sur votre tablette dans le train par exemple.
Autre point fort de la technologie Frogans, elle intègre d’office la sécurité de l’utilisateur en ne permettant pas le chargement à son insu de logiciels malveillants.
Par ailleurs, cette nouvelle couche logicielle est multilingue et multi-alphabets. Elle est donc utilisable d’office par ceux pour qui l’anglais ne coule pas de source.
Si le réseau compte déjà 2,7 milliards d’utilisateurs, la venue sur ce dernier des 60 % de la race humaine restants est conditionnée par la possibilité pour eux d’utiliser des appareils ultra mobiles (et donc moins chers qu’un PC) et leurs propres alphabets. Vu sous cet angle, on comprend mieux l’importance du projet Frogans, et son impact potentiel.

Deux principales catégories d'adresses

D’après l’OP3FT, le fonds de dotation en charge d’assurer, sans but lucratif, le développement de cette technologie, les premiers sites Frogans devraient voir le jour progressivement. Ils s’utiliseront par le biais d’un navigateur dédié, appelé Frogans Player, et d’adresses spécifiques.
Deux principales catégories d’adresses vont être attribuées par STG Interactive, l’opérateur technique auquel l’OP3FT a délégué le droit exclusif de diffuser ces nouveaux espaces de nommage en tant qu'Opérateur du FCR (Registre Central Frogans).
La première catégorie regroupe des adresses publiques. Ouvertes à tout utilisateur, vous comme moi, personne physique ou morale, ces adresses auront la forme frogans*nom-de-site où la partie <nom-de-site> est variable. Il s’agit donc d’une adresse à la lecture plus intuitive que les noms de domaine qui placent l’extension après la partie variable (le <frogans> avant l’étoile étant ici l’équivalent de l’extension).
Toutes les adresses Frogans sont aisément reconnaissables puisqu’elles remplacent le point d’un nom de domaine traditionnel par une étoile. La deuxième catégorie d’adresses regroupent les réseaux dédiés de type nom-de-réseau*nom-de-site. Ici, les deux parties de l’adresse sont variables. Ce type d’adresse est destiné à ceux qui veulent utiliser leur propre réseau Frogans en déclinant leurs propres noms de site (la partie droite de l’adresse) à volonté.
Si les adresses de la première catégorie sont équivalentes aux noms de domaine, celles de la deuxième ressemblent plus à des extensions. On peut ainsi imaginer une marque exploitant des adresses comme ma-marque*contact, ma-marque*boutiques ou encore ma-marque*sav.

Déjà des revendeurs 

Ces adresses Frogans intéressent déjà les acteurs de la chaîne de distribution des noms de domaine. En France, les sociétés ProDomaines, Mailclub et le cabinet Witetic ont déjà ouvert un compte auprès de STG Interactive pour devenir « administrateur de compte FCR ». Ils sont donc autorisés à enregistrer les adresses Frogans, fonctionnant comme n’importe quel bureau d’enregistrement (registrar).
A ceci près que pour ces sociétés, nul besoin de souffrir la complexité d’une accréditation à un autre organisme.
Dans l’écosystème de la technologie Frogans, l’OP3FT (qui peut être considérée comme l’équivalent de l’ICANN) sous-traite l’intégralité des aspects contractuels sur la diffusion des adresses à l'Opérateur du FCR. Il en résulte un fonctionnement plus ouvert, où non seulement les registrars mais également tout type d’acteurs de service comme les avocats ou les web agencies peuvent proposer des adresses Frogans à leurs clients.
Les coûts pour les adresses publiques seront très proches de ceux d’un nom de domaine en .COM.
A quelques milliers d’euros, les réseaux dédiés seront eux-aussi très abordables.
L’ensemble porte l'ambition du projet Frogans : soutenir le déploiement d’une nouvelle manière de diffuser, et d’accéder à du contenu sur Internet.