La personnalisation, un prolongement de l’A/B testing ?
L’apparition de solutions agiles et simples sur le terrain de la personnalisation amène certains à s’interroger sur la supériorité d’une pratique par rapport à l’autre : est-ce mieux de personnaliser que d’A/B tester ou faut-il privilégier l’A/B testing plutôt que la personnalisation ?
Elle est d’ailleurs considérée comme cruciale ou importante par 89% des interviewés et la corrélation est forte entre ceux qui ont une approche structurée et ceux qui améliorent effectivement leur conversion. Constat moins flatteur : les mêmes sont en moyenne peu satisfaits de leur taux de conversion (seuls 22% déclarent l’être, un chiffre en baisse !), ce qui démontre que la route est encore longue pour obtenir des résultats à la hauteur de leurs espérances.
L’A/B testing est donc une porte naturelle vers la personnalisation au point de parfois considérer la seconde pratique comme un prolongement de la première : on peut en effet considérer que la variante d’une page (« B » vs « A ») qui est poussée à 100% sur un segment de client, est une personnalisation. Mais est-ce l’Alpha et l’Omega de la personnalisation ?
L’observation des deux pratiques démontre clairement que non : il a fallu peu de temps après l’apparition d’Internet pour voir les premières expérimentations de personnalisation qu’on appelait « marketing one-to-one » au début des années 2000 (avec des solutions à l’époque très contraignantes impliquant des projets techniques longs et complexes). Les premières solutions de testing sont apparues plusieurs années plus tard. Et c’est parfaitement logique : comme dans le monde physique, on définit d’abord sa stratégie marketing, son offre, ses segments clients et, si besoin, on réalise ensuite des tests consommateurs pour valider l’adéquation de son offre à sa cible. Si l’A/B testing peut être considéré comme un bon point d’entrée vers la personnalisation, la logique veut donc que l’on réfléchisse plutôt dans l’autre sens. De plus, une approche structurée de la personnalisation n’implique pas forcément a posteriori une logique de test : quand on est dans l’animation commerciale de son site, on associe une action à un segment visiteur avec une décision marketing structurante déjà prise en amont pour l’ensemble de ce segment : les personnalisations (qu’elles soient des contenus ou des actions promotionnelles) sont appliquées à 100% parce qu’elles sont les conséquences de l’analyse préalable de ses données visiteur et de sa stratégie marketing. La question n’est pas de tester à l’intérieur de ce segment (logique d’A/B test) mais de mesurer la performance de ses ventes sur ce segment vs l’ensemble de sa population.
Personnalisation web : une pratique en plein essor
Toujours selon l’étude Econsultancy (1), moins de 30% des e-commerçants ont investi le terrain de la personnalisation. L’apparition de solutions agiles pensées pour les équipes marketing est cependant en passe de changer la donne : la création de personnalisations (c’est-à-dire l’association d’un segment et d’une action) est désormais une question de jours, voire d’heures, plutôt que de semaines. Comparativement à l’A/B testing, la personnalisation web est aussi une pratique moins technique (l’action centrale n’est pas d’abord la modification graphique ou technique de sa page web mais la réflexion sur la définition de son segment) et moins rigoriste dans la lecture de résultats : en comparant par rapport à une population témoin (non exposée à la personnalisation), on calcule de manière permanente un gain (ou perte) de conversion. Tant que le gain demeure, la personnalisation a vocation à durer. La pratique est in fine beaucoup plus abordable et naturelle pour les équipes marketing.
C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles on observe une forte intensité d’utilisation parmi les e-commerçants « pratiquants ». La rançon du succès peut venir avec le temps : en menant plusieurs personnalisations en parallèle, on multiplie en théorie le nombre de versions de son site et le risque de contradictions entre personnalisations (un visiteur peut appartenir à deux segments de population auxquels sont attribués deux actions différentes), ce qui peut rapidement donner le sentiment d’une perte de contrôle. Mieux vaut donc être bien organisé avec une solution capable d’identifier et résoudre ces conflits tout en permettant le suivi des différentes actions sur un tableau de bord dédié.
Où sont les plus importants gisements d’amélioration de votre conversion ?
En résumé, les deux pratiques ont leurs logiques et leurs intérêts propres : elles sont parfaitement complémentaires. Il n’y a aucune raison d’affirmer qu’il faut privilégier l’une ou l’autre ou même qu’il faut forcément mener les deux en parallèle. Si l’on en croit l’étude du cabinet Econsultancy, on observe simplement que la pratique de l’A/B testing est aujourd’hui 2,5 fois plus populaire que la personnalisation, un écart qui - toujours selon la même étude - est appelé à se réduire très fortement dans les 3 prochaines années. C’est somme toute logique car rien ne justifie a priori que les opportunités de gain de conversion sur lesquelles consacrer ses efforts sont majoritairement celles du terrain de jeu de l’A/B testing. Il semble bien que des gisements importants de personnalisation ne sont pas explorés. L’arrivée d’outils agiles et dédiés permet désormais de les exploiter.