Une société va annoncer le lancement d’un registre pour la création de noms de domaine dont l’extension se terminera en “.covoiturage”. Dans quels buts ?
Une idée de génie?
Le
covoiturage est en plein développement et nombreux sont les entrepreneurs qui veulent une part de ce gâteau, que ce soit en France ou à l’étranger. Pour ce faire, il est utile d’être innovant afin d’entrer dans l’esprit des utilisateurs, de façon à ce qu’ils associent une
marque au covoiturage. C’est précisément ce que souhaite faire le porteur du projet “.covoiturage”. Le covoiturage propose un axe de développement intéressant pour un projet de registre: les multiples noms de domaine qu’il peut exploiter sont autant de points de départs pour des utilisateurs du covoiturage. Prenons par exemple une ville comme Toulouse: quoi de plus parlant qu’un “www.toulouse.covoiturage” pour organiser le covoiturage sur cette zone géographique?
Des noms de villes
S’il n’est nul besoin d’expliquer ce qu’est le covoiturage, peut être est-il bon de rappeler que chaque utilisateur à besoin d’un point de départ avec un point de rendez-vous et un point d’arrivée. De source Wikipedia, il existe en France 264 villes de plus de 30 000 habitants mais il existe surtout 36 000 communes au total: ce sont autant de noms de domaine exploitables pour créer un site Internet. D’autres pays utilisent le français comme langue “parlée” et ce sont autant d’autres noms de villes qui deviendront des NDD disponibles à l’enregistrement.
Combien de Noms de domaine?
Si le chiffre d’environ 36 000 noms de domaine peut être envisagé, c’est déjà confortable car “covoiturage” est un mot français : un projet de registre peut être rentable à partir de 5 000 noms de domaine mis en exploitation. Il existe bien des façons de rentabiliser un tel projet mais ce n’est pas nécessairement la création de noms de domaine qui est la plus rentable. En effet, ce n’est pas la commune de Fontenoy-le-Château et ses 605 habitants qui sera désireuse d’acheter son www.fontenoy-le-château.covoiturage. D’ailleurs, qu’en ferait-elle?
Rentabiliser chaque nom de domaine
Un utilisateur (aussi appelé “registrant” ou “titulaire de nom de domaine”) achète son nom de domaine chez un bureau d’enregistrement accrédité, qui lui même l’achète (le crée) chez un registre. Le titulaire du nom de domaine renouvelle son NDD à raison d’une fois par an (parfois il le renouvelle pour 2 à 10 ans).
Certains Registres proposent ces noms de domaine à la création pour moins de 5€ par an : c’est sur ce prix que le bureau d’enregistrement pratique une marge calculée en fonction d’un pourcentage pour pratiquer un tarif sensiblement plus élevé car le registre n’est pas autorisé à vendre directement à l’utilisateur final.
Ainsi, le porteur du projet peut gagner de l’argent en créant des noms de domaine “.covoiturage” à la demande des bureaux d’enregistrement accrédités...mais est-ce vraiment la meilleure façon dont celui-ci peut gagner de l’argent? Pas forcément.
Vendre des noms de domaine “.covoiturage”?
Dans le cas qui nous concerne, il pourrait s’agir de vendre des noms de domaine...mais pas nécessairement. En effet, il y a peut être mieux à faire que d’imaginer que les bureaux d’enregistrement, accrédités à la commercialisation des noms de domaine, feront la promotion d’un projet “.covoiturage”. Nous n’y croyons pas et c’est pourtant ce sur quoi de nombreux porteurs de projets ont compté en déposant leur candidature lors du lancement du premier cycle d’appel aux nouvelles extensions Internet de l’ICANN dont les projets avaient été rendus publics en 2012.
Quel serait l’intérêt d’un tiers de s’acheter un nom de domaine en “.covoiturage”, sinon de proposer un service lié au covoiturage (et il n’y en a pas autant que ça)?
En revanche; n’est-il pas plus intéressant pour le porteur du projet, d’exploiter un maximum de nom de domaine dans chaque ville majeure en créant en parallèle sa propre régie publicitaire?
Nous savons que Google ne met pas plus en avant une extension descriptive qu’une autre mais nous ne savons pas si cela ne changera pas à l’avenir. Ce que nous savons en revanche, et c’est important en matière de référencement, c’est que le contenu du domaine de second niveau (le nom de ville en ce qui nous concerne) fait partie des critères pris en compte lors de l’indexation par l’algorithme de Google. Si chacune des pages créées est un nom de ville qui se termine en “.covoiturage”, cela fait sens de créer des sites Internet, proposant un service de covoiturage dans chaque ville. En matière de fréquentation, ce sont donc une multitude de nouveaux sites Internet qui seront amenés à être mieux positionnés lors de recherches sur le covoiturage liées à un lieu géographique.
Pour un tiers exploitant des centaines de noms de domaine, c’est non seulement une garantie de visibilité à terme, mais aussi une formidable opportunité de commercialiser de l’espace publicitaire car si il en coûtera au porteur du projet de Registre quelques Euros pour entretenir un nom de domaine et quelques Euros pour entretenir chaque espace d’hébergement, ce sont des investissements qui seront rapidement rentabilisés. Voici comment:
Des pubs de “bagnoles”
Ne vous est-il pas arrivé de tomber sur une publicité vantant combien il est agréable de conduire à quatre dans un New York complètement désert? Si nous n’avons pas pu rater ces publicités à la télévision, il est fort possible qu’une régie s’adressant à des acheteurs potentiels soit du plus grand intérêt pour les constructeurs automobiles...mais sur Internet. L’audience cumulée de plusieurs centaines de sites Internet sur le covoiturage est une cible à ne pas négliger.
Si l’audience d’un “www.village.covoiturage” se limitera probablement à quelques pages vues chaque jour, l’audience d’un “www.nantes.covoiturage” sera probablement très différente. L’audience cumulée de toutes les villes française réunies sera très importante.
D’une pierre deux coups
Mais c’est pourtant le “cross linking” (liens croisés) de cette multitude de sites Internet qui fera toute la différence pour une régie publicitaire car un site Internet fera la promotion de l’autre grâce à un référencement bien organisé.
Lorsqu’il n’y a qu’un propriétaire pour la majorité des sites Internet les plus précis, ce sont autant de sites Internet qui vont pouvoir couvrir une campagne publicitaire tout en dynamisant la visibilité les uns des autres: autant de revenus cumulés générés par la régie publicitaire du propriétaire.
C’est une garantie de visibilité inégalée pour le signe “covoiturage”, mais aussi pour le script qui figurera sur chaque page permettant de chercher une voiture.
L’exploitation en masse de ce volume de noms de domaine proposant le script de recherche de covoiturage ainsi que celui de la régie publicitaire est ainsi...financé par la publicité. Il s’agit d’un coût d’exploitation bien moindre pour un prestataire unique de covoiturage qui voudra donner de la visibilité à sa marque, tout en se rémunérant grâce au service qu’il propose mais aussi, grâce aux gains générés par sa régie publicitaire.
Des questions sans réponses
Attention: dans le cadre d’un dépôt de candidature “générique”, l’exploitant devra obligatoirement autoriser l’enregistrement de noms de domaine par des tiers. Comment s’organiser pour exploiter l’ensemble des noms de villes? Qu’en est-il des villes protégées par une marque: comment faire pour exploiter ces noms de domaine? Des noms de villes...mais pourquoi pas des dates chiffrées ou des annonces datées? Des noms de domaine...de prix? Et pourquoi ne pas commercialiser les mois de l’année, les noms de régions et autres lieux en tout genre comme noms de domaine “Premium” (pour quelques milliers d’Euros)? Et les annuaires: y avez-vous pensé? Et les services au covoiturage: il y en a peu mais ils existent tout de même!
Vous l’avez cru?
Cet article est une fiction et il n’y a pas encore, à ce jour, de candidat pour une extension de nom de domaine “.covoiturage”: les éléments évoqués ci-dessus sont une façon d’indiquer qu’il y aura un second cycle d’appel à candidature ICANN pour les nouvelles extensions Internet et si beaucoup de projets ont eu du mal à voir le jour financièrement, quatre éléments fondamentaux sont à retenir de ce qu’est un projet de Registre:
- Un Registre est unique: il est propriétaire de l’extension et il est le seul à autoriser la création de noms de domaine.
- Un Registre gagne de l’argent à chaque fois qu’un bureau d’enregistrement accrédité vend un nom de domaine.
- La majorité des noms de domaine achetés sont renouvelés chaque année;
- Un Registre sera très probablement encore là dans 20 ans.
Cela ne vous évoque rien?