L'adtech française Scibids à l'assaut de l'Amérique

L'adtech française Scibids à l'assaut de l'Amérique La start-up, qui met ses algorithmes de machine learning au service des trading desks, réalise plus de 30% de son chiffre d'affaires outre-Atlantique. Elle s'apprête à ouvrir un bureau à New York.

Scibids se développe aussi vite que son algorithme d'enchère en temps réel ne met de temps à se décider. L'adtech française revendique, moins de 10 mois après son lancement commercial officiel, une hausse de 20 à 25% de son chiffre d'affaires chaque mois. Une croissance que ses deux fondateurs, Rémi Lemonnier et Julien Hirth, convertissent en embauches : 10 collaborateurs les ont rejoints depuis le lancement et 12 recrutements supplémentaires sont prévus dans les mois qui viennent. "Des commerciaux, des account managers bilingues et des développeurs doués en Python", précise Rémi Lemonnier. La promesse de l'algorithme d'optimisation contextuelle de Scibids ? Proposer, pour chacun de ses clients, une enchère la plus juste possible pour chaque bid request reçue. "C'est vraiment l'essence de notre offre", résume Rémi Lemonnier. 

La société en compte désormais une trentaine de clients

A raison d'un nouveau client par semaine, la société en compte désormais une trentaine, dont une part significative qui provient des Etats-Unis. Un territoire qui pèse désormais pour plus de 30% du chiffre d'affaires. "Bientôt la majorité, ce qui est naturel au vu de l'importance du nombre de trading desks présents là-bas", annonce Rémi Lemonnier. La société va d'ailleurs ouvrir un bureau à New York où le recrutement d'un représentant commercial est en cours.

En beta sur Facebook

Scibids, qui a officialisé une levée de 600 000 euros en septembre dernier, assure que ce développement américain ne lui impose pas de chercher de nouveaux fonds. La start-up est en effet rentable depuis ses débuts. Si un rapprochement avec un fonds américain pourrait lui ouvrir quelques portes, la société ne manque toutefois pas d'appuis sur ce marché. A commencer par son partenaire historique, la plateforme d'achat Appnexus, qui n'hésite pas à pousser la solution sur son marché domestique. Autres alliés : les groupes d'achat média auxquels Scibids promet de baisser leurs coûts d'acquisition de 30 à 40%, "marge Scibids comprise", et qui font la promotion de la technologie auprès de leurs filiales américaines. De quoi nourrir une ambition assumée : devenir le 'leader mondial de l'optimisation contextuelle". D'autant qu'à en croire Rémi Lemonnier la concurrence n'est pas des plus ardues aux Etats-Unis où les acteurs qui se positionnent comme un "3d party machine learning provider" sont rares.

Chantier du moment : l'interopérabilité avec les principales technologies d'achat du marché. La solution est compatible avec Appnexus donc, mais aussi DBM (le DSP de Google) et Mediamath. Les discussions avec le dernier membre du big four des DSP, l'américain The Trade Desk, sont en cours. Scibids est aussi disponible en beta sur Facebook alors que l'épisode Cambridge Analytica a considérablement ralenti le processus de sélection des nouveaux arrivants.

"Facebook sera sans doute un gros partenaire à mesure qu'il capte de plus en plus d'investissements de nos clients traders." Si la plateforme propose à ses utilisateurs d'optimiser elle-même leurs investissements, Scibids a un rôle à jouer. "Nous sommes précieux pour les campagnes qui génèrent peu de conversion, lorsque les trading desks veulent garder le contrôle sur leurs CPM moyens tout en optimisant un CPA. Et pour les annonceurs qui veulent répartir algorithmiquement leurs investissements selon différents jeux de création publicitaires. Ce que ne permet pas Facebook à ce jour ", illustre Rémi Lemonnier.

Le patron de Scibids ne s'inquiète pas de l'arrivée récente du RGPD qui ne représente pas un danger pour la société. "Ce qui est remis en question par ce règlement c'est surtout le stockage du User ID et son utilisation à des fins de segmentation publicitaire. Or, tant que l'attribution continue de fonctionner côté DSP, nous ne l'utilisons pas pour créer notre stratégie d'enchères."