La prise de décision collective, l'enjeu de l'ère post-Covid-19

La pandémie de coronavirus a drastiquement modifié la vie quotidienne de la population mondiale. Mais ce changement soudain a mis en lumière une autre problématique : notre façon de coopérer et de concevoir la prise de décision commune.

La pandémie de coronavirus a drastiquement modifié la vie quotidienne de la population mondiale. Une majorité de personnes, confinées chez elles, ont dû, dans l’urgence, se créer leur espace de travail, délimiter vie professionnelle et vie personnelle, et apprendre à rester productifs et concentrés malgré une situation inhabituelle.

Mais ce changement soudain a mis en lumière une autre problématique : notre façon de coopérer et de concevoir la prise de décision commune. Pour des raisons de sécurité évidentes, les contacts entre les personnes restent restreints, les modes de réunion changent, de même que nos façons de s’adresser les uns aux autres. De la réforme des retraites en France, aux élections municipales, au vote des budgets enseignement aux Etats-Unis en passant par les référendums constitutionnels au Chili et en Russie, cette crise a déjà affecté un grand nombre de débats et de scrutins.

Aussi, la question se pose : à l’issue de la pandémie, comment mieux s’organiser et éviter de mettre à mal les processus démocratiques en place lors de nos élections, de nos assemblées générales et de nos réunions annuelles guidant la vie de nos ONG ?

Quelle démocratie pour demain ?

On le sait aujourd’hui, les élections telles qu’elles sont traditionnellement organisées, où des milliers de personnes se rendent dans les bureaux de vote, pourraient mettre en péril la santé de la population en permettant à un virus de se propager à grande échelle. Pire, la population pourrait choisir de s’en détourner pour de bon. En France, le premier tour des élections municipales du 15 mars dernier, a vu un taux d’abstention de 56% et 59% au second.

Bien sûr, plusieurs autres élections sont maintenues, moyennant un renforcement des mesures sanitaires, et malgré les craintes de faible taux de participation, comme en Corée du Sud. Certains états américains ont même choisi de passer à l’envoi de bulletin par voie postale pour le vote des primaires américaines, un procédé pourtant taxé de coûteux et source d’erreurs humaines par ses détracteurs.

Le vote en ligne reste quant à lui une option sérieuse pour beaucoup de gouvernants, même s’ils sont confrontés aux préjugés de la population. En Estonie, où le vote en ligne est proposé depuis 15 ans, 43,75% des votes aux élections législatives de 2019 ont été réalisés en ligne. Un résultat record certes mais qui ne doit pas occulter que ce procédé est encore perçu comme discriminant pour une partie de la population, peu à l’aise avec les outils numériques.

Pour autant, l’issue de la pandémie offre une occasion de reconsidérer la question et de tester le vote à distance. Et quoi de mieux que la pédagogie pour expliquer pourquoi et comment utiliser cette méthode ? Car, si pour une raison ou une autre, un scrutin traditionnel venait à être remis en question, la majorité des gens réfléchiraient certainement plus sérieusement à l’idée de voter depuis leur ordinateur ou téléphone portable.

AG et CA : un nouveau paradigme pour toutes les organisations

Pour de nombreuses industries, cette pandémie rime avec activité ralentie, nouveaux outils et modes de travail mais aussi difficultés d’approvisionnement.

Pour autant, même au plus fort de la crise, il n’y a pas eu d’arrêt total des activités et les conseils d’administration ont vite réagi et pris des mesures adaptées, que ce soit par la vente d’actifs, la mise en place de nouveaux services « sans contact » ou le changement du type de production pour des biens de première nécessité. Et, alors que l’occurrence de ces assemblées n’a fait qu’augmenter au fil des semaines, les entreprises sont rapidement passées à des réunions virtuelles. Une ordonnance parue le 25 mars 2020 présentait d’ailleurs l’ensemble des prérequis nécessaires à la bonne tenue d’assemblées générales, CA et comités de surveillance en période de crise.

Naturellement, la mise en place de procédés de vote en ligne pour ces comités de direction requiert quelques étapes pré-opérationnelles. Il faut amender les règlements internes en matière de gouvernance et adopter de quelques nouvelles règles de fonctionnement.

De plus, lorsque des réunions traitant d’informations sensibles et de données se déroulent en ligne, elles sont sujettes aux cyberattaques, comme toute activité en ligne. C’est pourquoi il est primordial de déplacer les prises de décisions stratégiques pour l’entreprise en ligne et que les membres d’un directoire aient connaissance des bases en cybersécurité pour protéger les résultats des votes de tentatives de vol ou de modification par des cybercriminels.

Au secours des ONG

En début de confinement, les ONG ont annulé leurs évènements, dont leurs AG ordinaires, au cours desquelles leurs membres élisent leur directoire et approuvent les plans d’action annuels. Cela risque d’entraver leur fonctionnement, et d’entraîner l’exacerbation de certains problèmes sociaux, de nombreuses communautés comptant sur l’aide des ONG pour garantir leur stabilité voire leur survie.

Dans ce cas précis également, les solutions de collaboration et de vidéo conférence permettent de poursuivre les prises de décision au niveau des CA tout comme les plateformes de vote en ligne sécurisée et facile d’utilisation, permettent aux parties-prenantes de donner leur opinion.

Les mesures de distanciation sociale ont créé les conditions d’un nouvel élan numérique pour notre société. Ces évolutions récentes dans les usages entrainent déjà un changement dans la façon d’appréhender le vote à distance de la part des électeurs comme des gouvernants : maintien des processus les plus importants en période de crise, baisse des dépenses sur le long-terme, réduction des files d’attente ou encore économie de temps et d’énergie pour les bénévoles.

Aujourd’hui déjà, nous observons un intérêt grandissant pour le vote en ligne au sein des différents parlements du monde, notamment pour la poursuite de l’activité législative et la bonne tenue d’assemblées générales. Et il ne serait pas surprenant que cette demande croisse dans les mois à venir.