Trygr veut devenir le Criteo des petits et moyens e-commerçants

Trygr veut devenir le Criteo des petits et moyens e-commerçants La start-up fondée par un ancien d'Adyoulike veut convertir près de 200 000 e-commerçants au retail media.

"On veut aider les sites marchands qui ont entre 100 000 et 1 million de visiteurs à se lancer dans le retail media." La mission de Charles Deffontaine, cofondateur de Trygr, est plutôt claire. S'occuper de toute cette longue traîne de l'e-commerce qui aimerait, comme le font aujourd'hui des géants comme Carrefour, Casino ou Fnac-Darty, proposer des solutions publicitaires à destination des marques. Des acteurs qui n'ont pas les compétences ou les technologies pour se lancer seuls et qui ne semblent pas, du fait de leur petite taille, intéresser le principal pourvoyeur de techno en France, Criteo. C'est donc avec l'ambition d'en faire le Criteo des petits et moyens e-commerçants que Charles Deffontaine a lancé Trygr en juin 2020.

Après 8 années passées à faire grandir Adyoulike, un des pionniers du native advertising, la transition vers le retail media semble s'être faite naturellement. "Le retail media consiste, tout comme le native advertising, à proposer des formats publicitaires qui épousent les codes des contenus auxquels ils sont associés", rappelle le dirigeant. Charles Deffontaine s'occupe du développement du business quand son associé, Marc de Rodellec, qui s'investit dans d'autres projets, gère, lui, les finances. Charge au binôme de trouver parmi les près de 200 000 e-commerçants concernés, ceux qui sont susceptibles de franchir le pas. Le gâteau est appétissant bien sûr. Les niveaux de marge, qui oscille entre 25 et 30%, n'a rien à voir avec ceux du retail où ils sont la plupart du temps réduits à portion congrue.

"Transformer son site e-commerce en un média, ça reste compliqué pour pas mal d'acteurs"

Le marché est très dynamique, avec une croissance annuelle de près de 20% qui ne cesse de grandir depuis que le confinement a contraint beaucoup de retailers et de marques à digitaliser leurs opérations. L'observatoire de l'ePub estime que les sites de retail ont engrangé près de 232 millions d'euros de revenus display et près de 254 millions d'euros de revenus search en 2020. Mais les habitudes ont la vie dure et il n'est pas toujours évident de faire acquérir à ces retailers la culture du media. "Transformer son site e-commerce en un média reste compliqué pour pas mal d'acteurs", reconnaît Charles Deffontaine. C'est pourtant d'autant plus nécessaire que les marques sont de plus en plus nombreuses à se bousculer au portillon.

La porte d'entrée, c'est d'ailleurs l'e-merchandising. "On commence avec des mécaniques qui permettent d'optimiser les accords de merchandising noués avec les fournisseurs", illustre Charles Deffontaine. Qu'il s'agisse d'occuper la première position d'une rubrique, via une tête de gondole digitale, d'apparaître en tête des résultats de recherche via un emplacement sponsorisé ou d'afficher une bannière quelque part sur le site, tout est bon pour offrir à la marque une visibilité telle qu'elle a été négociée, en début d'année, dans le cadre des accords de trade marketing. "On peut fournir une solution clé en main qui permet de piloter tout ça, depuis la création d'emplacements dédiés jusqu'à la diffusion de la campagne sur ces emplacements, avec des notions de capping et de reporting", détaille Charles Deffontaine. La data remontée peut permettre au retailer de travailler sur les performances de ses campagnes et de les valoriser auprès de ses partenaires. Et Trygr peut, si besoin, dépêcher quelques ressources humaines pour aider les clients les moins avancés à gérer les campagnes. "Mais le but, ça reste de leur donner les moyens d'être autonomes en les formant", précise Charles Deffontaine.

Parmi les premiers clients, on trouve le spécialiste du golf, GolfPlus, le site de pharmacie, Lasante.net ou le spécialiste de l'univers vélo, BeastieBike. Des clients qui souscrivent à un abonnement dont le coût est calculé en fonction de la volumétrie de campagnes et de datas générées. Trygr s'est financé via une levée de fonds auprès de business angels parmi lesquels on retrouve Augustin Ory, fondateur de Moneytizer, spécialiste de la monétisation des sites médias de la longue traîne. "On veut développer la même approche que Moneytiszer pour les sites d'e-commerce", reconnait Charles Deffontaine. Et tout comme son nouvel actionnaire, Trygr ne veut pas se cantonner à l'Hexagone. "On regarde d'autres marchés comme l'Allemagne, pour scaler rapidement."

Cet article est également publié dans Adtech News, supplément papier du magazine CB News réalisé par le JDN, dédié à l'adtech et au martech. Dans l'édition d'octobre, un dossier sur la CTV, une interview de Danone sur le DtoC, une réflexion sur le PIFA, un focus sur Trygr et le baromètre du programmatique