De l’immobilisme dans la mobilité

Malgré la foison de services, de technologies mobiles et d’offres des opérateurs, les usages de la mobilité peinent toujours à décoller. Quelles sont les causes de cette situation ? Quelques pistes de réflexion.

En surfant sur son mobile aujourd'hui, on peut lire son mail, chatter avec ses contacts sur MSN ou bien Yahoo messenger, on peut consulter les horaires de cinéma, gérer son compte en banque, trouver son chemin, suivre les actualités et même regarder son émission télé préférée. On constate donc que l'offre actuelle est aussi fournie que sur Internet.

Les technologies
WAP, i-mode, GPRS, UMTS, HSPDA, EDGE, Visio, Flashlite, J2ME, Doja ... c'est vrai qu'avec tous ces acronymes barbares on fini par s'y perdre. Mais au-delà de ce jargon, qu'en est-il de l'impact des technologies sur les utilisateurs ? Plus de technologies signifie plus de services et plus de débit induit plus de confort et d'ergonomie. Mis à part les déboires du WAP de première génération, les technologies actuelles offrent une qualité, encore perfectible certes, mais tout à fait convenable pour une utilisation privée. Les multiples blocages de Windows n'en ont pas empêché le succès que l'on connaît.

Les opérateurs
A considérer les montants de leurs investissements dans les licences UMTS, à entendre les budgets des directions techniques et enfin à voir l'importance des campagnes publicitaires, on pourrait penser que l'intérêt des opérateurs n'est pas de réduire l'ambition des services mobiles. Pourtant, en regardant de plus près les offres commerciales et la politique tarifaire de leurs services, on peut penser que les opérateurs sont volontairement responsables de cette situation. La conséquence de leurs choix est de tuer dans l'oeuf la rentabilité et la créativité de l'Internet mobile qui est un marché au potentiel important.

Orange propose un forfait "illimité" dont on trouve rapidement les limites : cette offre ne permet en effet qu'un accès illimité à son portail Orange World alors que les accès à tous les autres services mobiles tiers et même au kiosque Gallery sont hors forfait. Il en est de même si vous souhaitez regarder le service TV sur Orange World ou utiliser Orange Messenger : il vous faudra payer des forfaits supplémentaires.

On retrouve le même principe chez SFR avec, par exemple, son service SFR Chat dont l'accès est permis par un forfait illimité mais pour lequel l'envoi de chaque message est facturé l'équivalent du prix d'un SMS. Et enfin chez Bouygues Télécom, vous pouvez payer pour un forfait WAP, limité en volume de données, mais qui ne vous permet pas l'accès à des données telles que vos e-mails au moyen du client de messagerie de votre téléphone.

C'est plus par souci de clarté que par manque d'exemples que je m'arrête là mais on peut retenir que la moindre utilisation non voulue ou le moindre service non vendu par les opérateurs, est surtaxé voir même  bloqué.

Reste donc à savoir pourquoi les opérateurs mobiles français s'entendent (fortuitement ?) pour empêcher l'essor des services mobiles. Pour protéger leurs marges actuelles sur les SMS ? Par peur d'un modèle économique, façon FAI, qu'ils ne maîtrisent pas ? Les hypothèses sont nombreuses ...

Les causes du faible essor des services mobiles
Imaginez seulement que Wanadoo fasse payer en plus de l'abonnement ADSL l'accès à chaque page consultée sur un site Web non référencé sur le portail Wanadoo : cela découragerait les plus motivés à effectuer une recherche sur Google et à lire les e-mails de leur boîte hotmail par exemple ... Internet ne serait peut-être pas devenu un média aussi démocratisé et un marché aussi florissant.

A l'heure de la liberté d'information et du libre échange, il est plus que temps que les opérateurs changent de mentalité. Faut-il pour cela que Bruxelles ou l'Arcep viennent une fois encore à la rescousse des utilisateurs ?

Un espoir subsiste avec la venue potentielle d'un nouvel entrant (4ème licence UMTS) dans le cercle très fermé des opérateurs mobiles français, qui pourrait alors remettre en cause l'immobilisme depuis trop longtemps installé sur ce marché ... On peut rêver.