Bouygues Télécom - Numéricable-SFR : un timing bien pensé

Bouygues Télécom - Numéricable-SFR : un timing bien pensé Patrick Drahi a officialisé son offre à peine quelques jours après la fixation par l'Arcep des conditions d'attribution des fameuses fréquences en or.

Le patron de Numéricable-SFR, Patrick Drahi, a annoncé avoir mis 10 milliards d'euros sur la table pour procéder au rachat deBouygues Télécom. Et le timing de l'offre, à peine quelques jours après que l'Arcep ait fixé les conditions d'attribution des fréquences en or, ne manque pas d'interpeller. Cet appel d'offre portant sur les fréquences de 700MHz libérées prochainement par les chaînes hertziennes suscite en effet la convoitise des opérateurs télécoms. Et c'est dans cette perspective que l'Arcep a fixé des limites pour restreindre le nombre de lots attribué par opérateur.

Problème, ces conditions ont été édictées pour un marché à quatre opérateurs et leur équité risque d'être mise à mal par un regroupement SFR - Numericable - Bouygues Telecom. SFR-Numericable, Bouygues Telecom et Orange sont en effet limités à 10 MHz chacun sur ces enchères. Conséquence d'un éventuel rachat, sur les 30 MHz disponibles, SFR et Bouygues pourraient en toucher 20. Ce qui ne laisserait que 10 MHz à Orange et Free Mobile, fatalement défavorisés par rapport à la nouvelle entité. Une vraie épine dans le pied de ces derniers, alors que l'obtention de ces fréquences est cruciale pour les opérateurs qui préparent  l'arrivée de la 5G en 2020 et doivent faire face à une demande de data qui explose chez leurs abonnés.

Un représentant FO de Bouygues Telecom ne manque d'ailleurs pas de noter la coïncidence troublante, se demandant dans le Parisien : "Est-ce que ce n'est pas un coup médiatique pour perturber l'appel d'offres ?", et peut être obtenir un report. Une interrogation que le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, semble partager. Opposé à un tel mariage, Emmanuel Macron a rappelé que la priorité était que "chacun se concentre sur les engagements pris en matière d'investissement, sur l'innovation, sur l'attribution imminente de la bande (de fréquences) 700 MHz et sur les opérations". Sera-t-il entendu par le conseil d'administration de Bouygues qui devrait se prononcer sur l'offre ce mardi ? Difficile à dire. D'autant que l'offre formulée par Patrick Drahi, qui valorise Bouygues Télécom 25% de plus que les places financières, risque de peser. 

Preuve que les bases de l'opération ont été jetées il y a un petit moment déjà, le groupe Iliad, maison-mère de Free et Free Mobile a annoncé dans la foulée être entré "en négociations exclusives avec SFR - Numericable  pour l'achat d'un portefeuille d'actifs dans le cadre de l'offre remise par Altice en vue de l'acquisition de Bouygues Telecom par SFR - Numericable". Free devrait ainsi reprendre des fréquences, des antennes et des boutiques Bouygues si jamais ce dernier acceptait l'offre de SFR - Numericable.