Altice USA va-t-il gagner son pari américain ?

Altice USA va-t-il gagner son pari américain ? La filiale américaine de l'opérateur télécoms, devenue numéro 4 du secteur, a mandaté quatre banques pour sa prochaine IPO à New York.

Patrick Drahi a le profil qui plait aux Américains : ce "self-made man" issu d'une famille d'immigrés marocains n'a pas hésité à abandonner une prometteuse carrière d'ingénieur chez Philips pour se lancer seul dans le câble aux Etats-Unis. Après avoir réussi à percer avec sa première entreprise, Sud Cable Services, il a été recruté pour diriger la filiale européenne de Liberty Global, et a fait ses armes auprès du gourou américain des télécoms : John Malone. Après avoir réussi à emporter SFR face au magnat industriel Martin Bouygues, il est parvenu à construire un empire européen des télécoms, Altice, et cherche aujourd'hui à conquérir l'Amérique.

A l'instar de ses concurrents, Altice USA compte se diversifier dans le contenu

Depuis fin 2015, Altice a déjà déboursé plus de 26 milliards de dollars pour reprendre Suddenlink et Cablevision et devenir le quatrième acteur des télécoms aux Etats-Unis. Dès son entrée sur le marché américain, Patrick Drahi a détonné avec ses prévisions très agressives de synergies et d'économies de coûts. Il s'est par exemple engagé à réduire les coûts de 900 millions de dollars sur Cablevision, via une discipline financière de fer. Les médias américains ont ainsi révélé l'existence de "comités d'investissement" qui scrutent chaque dépense et tentent de trouver des moyens de les éviter ou les réduire. Et ont même été jusqu'à parler de "culture de la peur", qui a entraîné le départ d'employés mais a aussi évité des coupes dans les effectifs.

Quoi qu'il en soit, Patrick Drahi trace sa route outre-Atlantique et ne cache pas ses ambitions de devenir un leader du câble dans le pays. "Il est plus facile de passer de numéro 4 à numéro 1, que de zéro à numéro 4. C'est le premier jour du paradis", avait-il déclaré après l'acquisition de Cablevision en juin 2016. Il s'est même intéressé au géant Time Warner Cable, avant que ce dernier n'accepte une offre de Charter pour 60 milliards de dollars l'an passé. Aujourd'hui, les cibles de taille sont plus difficiles à trouver car deux autres acteurs significatifs, Cox et Mediacom, sont contrôlés par des familles.

Mais à l'instar de ses concurrents, Altice USA compte aussi se diversifier dans le contenu, comme il vient de le prouver en reprenant le français Teads, acteur de la vidéo publicitaire très présent aux Etats-Unis. Cette emplette ne lui a coûté que 300 millions d'euros, mais étant donné que sa dette culmine à plus de 50 milliards d'euros, il lui faudra avoir les moyens de ses ambitions aux Etats-Unis.

C'est tout le sens de l'IPO en vue, alors que la Bourse américaine semble à nouveau prête à accueillir des acteurs du secteur. Altice USA a déjà mandaté quatre banques (Goldman Sachs, JP Morgan, Morgan Stanley et Citi) pour mettre en Bourse une part minoritaire de son capital, autour de 20% selon les rumeurs. Les actionnaires minoritaires, BC Partners et le fonds de pension canadien CPPIB, pourraient en profiter pour céder des titres. Selon Les Echos, le document d'information pourrait être disponible dès la fin avril, afin de lancer l'opération au meilleur moment selon la fenêtre de tir des marchés. Pour optimiser sa structure financière face aux investisseurs, la maison-mère Altice a d'ailleurs levé 3,3 milliards d'euros sur les marchés le mois dernier, afin de refinancer ses emprunts et de réduire de 60 millions d'euros par an le coût de ses intérêts.

Article originel publié sur WanSquare par Anne-Laure Peytavin le 10/04/2017.

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