La priorité est à la qualité face à la dépendance aux réseaux fixes et mobiles

Alors que les schémas traditionnels pour exploiter les réseaux sont totalement modifiés, l'infrastructure de communication doit être aussi fiable et sûre que possible

En l’espace de seulement quelques semaines, la pandémie du Covid-19 a dicté de nouvelles règles à l’écosystème mondial des entreprises avec plus d’efficacité que n’importe quelle entreprise se prévalant d’avoir des méthodes "disruptives" n’aurait pu l’imaginer.

Les entreprises de toutes sortes ont dû mettre en place des systèmes de télétravail et d’accès à distance - ou les généraliser rapidement là où le télétravail ponctuel existait déjà - et littéralement reconfigurer les business models essentiels au maintien de la continuité et de la stabilité de leurs activités. Un réel défi même avec une stratégie de changement et une feuille de route solide, sur plusieurs années. La transformation est lancée. Les nouvelles technologies qui attendaient leur tour depuis des années sont désormais considérées comme des priorités immédiates. 

Pour beaucoup d’entreprises - et pour leurs partenaires fournisseurs de services de communication (les CSP) - la 5G est l’une de ces priorités. Certaines ont déjà pris de l’avance dans le déploiement de leurs réseaux nouvelle génération et renforcent leur utilisation tandis que d’autres sont en train d’accélérer la cadence pour lancer de nouveaux projets et les intégrer à leurs activités.

Pour toutes, la question de la définition de la qualité du réseau et de la maintenance doit être leur préoccupation première. A la différence des générations technologiques précédentes et de la manière dont on mesurait la connectivité, avec la 5G, la qualité sera définie par les besoins des clients et de leurs activités et non plus par les capacités (ou limitations) du réseau. En clair, les standards seront dictés par le marché et non par la technologie et il s’agira de connecter le réseau au business. Pour offrir la qualité de service et de réseau exigée par les clients entreprises, les CSP devront d’abord revoir leur définition de la "qualité" - et repenser fondamentalement leurs opérations réseau 5G.

Qualité de service garantie avec le network slicing 

Un réseau 5G de bout en bout offre différents niveaux de débit, de fiabilité et de latence et dans cette configuration, des cas d’usage différents impliqueront des combinaisons différentes de ces éléments. Par exemple, le casque de réalité virtuelle d’un ingénieur a besoin d’un débit puissant, d’une latence très faible et d’un niveau de fiabilité moyen, alors qu’un réseau qui contrôle un drone autonome requiert un débit bas, une latence faible et un degré de fiabilité élevé.

Pour pouvoir répondre aux différents scénarios possibles, un réseau 5G peut être découpé en segments, eux-mêmes calibrés pour des cas d’usage spécifiques. Un réseau peut être découpé en centaines, voire en milliers de réseaux virtuels, chacun disposant de ses propres niveaux de qualité de service (SLA).  Les entreprises dont les activités dépendent de la 5G ne toléreront pas des approches "best effort" (obligation de moyens sans garantie de résultats) et attendront des CSP qu’ils fournissent une qualité garantie, en d’autres termes un "engagement SLA". Parallèlement aux multiples cas d’usage que nous connaissons déjà - ajoutés à ceux qui seront inventés demain - les réseaux 5G vont incorporer des infrastructures existantes plus anciennes dans un réseau hybride, et travailleront, par exemple, aux côtés de la 4G (réseaux LTE) qui existe depuis un certain temps et qui bénéficie d’une couverture plus large. Superviser tout cela et s’assurer que les CSP respectent différents SLA simultanément est une tâche trop grande pour que les équipes en charge de l’exploitation des réseaux utilisent des processus manuels.

Transformer les opérations pour transformer les services

L’une des grandes forces de la 5G étant sa fiabilité, il n’est pas surprenant de voir que les SLA attendus des CSP par les entreprises puissent comporter des niveaux de garantie de disponibilité réseau atteignant les 99,9999% - assortis de lourdes pénalités en cas de non-respect de ces garanties. Une approche qui s’éloigne radicalement de l’approche "best effort". Toutefois, celle-ci n’est envisageable que si les CSP ont des capacités opérationnelles ultra-performantes.

La multitude des cas d’usage, l’hybridation avec des technologies plus anciennes et des SLA stricts créent une nouvelle source de complexité, ce qui signifie que l’assurance-qualité doit aller au delà d’un contrôle de la bonne santé du réseau et devenir une fonction opérationnelle inhérente. Cela implique, effectivement, que la fonction Opérations évolue pour satisfaire à de nouvelles attentes clients plus strictes. Pour répondre à ces nouvelles attentes et aux nouveaux besoins des clients, mais aussi faire en sorte que les CSP puissent contrôler efficacement la qualité sur un réseau hybride et un large éventail de cas d’usage 5G, la garantie de service réseau doit s’envisager dans sa globalité, de bout en bout, et s’appuyer sur l’automatisation et l’intelligence artificielle (IA).

Au niveau structurant, les CSP devraient utiliser l’IA et le machine learning pour accélérer l’analyse des causes profondes (RCA) et l’analyse des impacts sur le service (SIA). Le bénéfice immédiat pour les équipes opérationnelles est clair : chez Nokia, par exemple, nous avons assisté à une baisse de 90% dans la gestion des alertes grâce au filtrage et à la corrélation IA, avec un taux de résolution automatique des problèmes de 30% (sans intervention humaine).

Exploiter un écosystème IA présente un autre avantage : il permet d’avoir le retour d’expérience et les bonnes pratiques de nombreuses entreprises et des CSP, comme le confirme notre expérience avec les CSP et l’utilisation des services cognitifs AVA. Par exemple, ces "leçons" ont permis d’obtenir une augmentation de 75% de la vitesse de transmission des données pour Hutchinson 3 en Indonésie. 

Face aux perturbations provoquées par le Covid-19, les CSP et les entreprises du monde entier sont confrontés à d'importants défis. Nous remarquons une demande pour des services opérationnels avancés en cette période de tension et nous pensons que la demande pour ce type de capacités opérationnelles va encore augmenter avec le temps. Afin de préserver l’activité et l’exploitation de leurs réseaux, les CSP peuvent se rapprocher de fournisseurs de services gérés pour établir ensemble un plan de continuité des activités (aussi appelé plan de contingence). Avec cette approche, la supervision dans le centre d’opérations réseau des CSP est suivie et retransmise dans les centres de gestion des fournisseurs de services gérés. En cas de panne, le fournisseur de services gérés peut utiliser des procédures de basculement de secours pour intervenir et prendre le relais temporairement sur la gestion de la performance et des défaillances - voire prendre en charge l’ensemble des opérations, à l’exclusion d’une augmentation de la capacité du réseau en vue de gérer une hausse du trafic.

Les schémas traditionnels que nous utilisons pour l’exploitation des réseaux fixes et mobiles ont été rigoureusement modifiés ces dernières semaines. Tous ces changements ont entraîné un remaniement forcé des plans de transformation et de leur calendrier. Avec l’instauration de nouvelles pratiques opérationnelles et la multiplication des process, il est indispensable que l'infrastructure de communication soit aussi fiable et sûre que possible. Transformer les opérations des CSP pour le monde de la 5G est la seule manière de satisfaire aux nouvelles attentes en matière de qualité.