Que penser de l'impact de la 5G sur notre santé ?

Au-delà des aspects financiers, techniques et écologiques de la mise en place de la 5G, la question de notre exposition aux ondes se posent toujours. D'autant plus que la 5G n'a été que très peu étudiée par les scientifiques et que nous connaissons toujours mal les ondes électromagnétiques.

La 5G fait débat par de multiples aspects. Arrivée sans être réellement sollicitée par le grand public, la technologie peut nous sembler imposée. Symbole du "toujours plus", l’impact écologique qu’elle représente en laisse certains plus que songeurs. D’un point de vue sanitaire, qu’en est-il ? Devons-nous craindre un effet quelconque de ce nouveau type de rayonnements sur notre santé ?

Les fréquences de la 5G assez peu étudiées par la science

Les fréquences utilisées par la 5G ne sont pas tout à fait les mêmes que celles que nous connaissons aujourd’hui. Afin d’offrir un meilleur débit, il faut en effet viser dans les fréquences plus hautes que celles utilisées actuellement. Mais qui dit fréquences plus hautes dit aussi portée amoindrie et donc plus d’antennes.

Dans un premier temps, la 5G utilisera la bande des 3,5 GHz. Cette bande de fréquence est un bon compromis entre amélioration du débit pour un usage "de tous les jours" et portée suffisante. Dans quelques années, la bande des 26 GHz sera sollicitée. Le débit sera bien plus conséquent mais la portée en pâtira forcément.

Difficile de dire si un tel changement de fréquence (qui n’a jamais été explorée jusqu’alors dans ce contexte) peut conduire à des effets imprévisibles sur notre santé. D’autant plus que la recherche en la matière n’est que peu aboutie.

Seules quelques publications scientifiques traitent des fréquences plus hautes que celles utilisées actuellement, comme le résume très bien l’équipe du Pr. Simkò dans une publication de 2019. Pour des fréquences supérieures à 30 GHz et avec une forte intensité, ce sont surtout la peau et les yeux qui sont touchés. En effet, les ondes à cette fréquence se propagent beaucoup moins bien dans les solides (quelques millimètres seulement, contre quelques centimètres pour les fréquences de la 4G) et ont donc principalement un impact sur les "surfaces" telles que notre épiderme.

Pour autant, pas de panique. Ces études se concentrent sur des applications médicales de telles fréquences. Pour rappel, la bande visée dans les années futures est de 26 GHz, en-deçà donc des 30 GHz qui pourraient poser problème. De plus, les études envisagent le pire scénario possible, avec des expositions bien plus importantes que celles auxquelles nous ferons face. Enfin, dernier point et pas des moindres : les design expérimentaux de ces études peuvent laisser à désirer. Les conclusions sont loin d’être unanimes ou fiables à 100%.

Concrètement, on ne sait donc pas grand chose des effets propres à la 5G. Pour l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité et du Médicament), les effets de la 5G ne seraient à priori pas différents de ceux de la 4G. L’Agence a été chargée d’étudier en profondeur cette question et doit rendre un rapport dans les mois à venir.

En attendant, les plus sceptiques d’entre nous peuvent tout de même se poser une question : la réponse de l’ANSES est-elle pour autant rassurante ?

Des effets similaires 4G : et donc ?

Que la 5G et la 4G ne soient pas si différentes, soit. Mais il paraît toutefois opportun de rappeler, dans un premier temps, que la 5G ne va pas immédiatement remplacer la 4G. Les deux systèmes vont cohabiter pendant plusieurs années, nécessitant au passage plus d’antennes et donc plus d’ondes. D’autant plus que la 5G et ses fréquences plus élevées nécessitent un plus grand nombre d’antennes à cause d’une portée des ondes amoindries et d’un mauvais comportement de ces dernières dans les matériaux solides.

Bien qu’à terme la 5G devrait permettre de faire passer plus de données dans moins d’ondes (même s’il y a fort à parier que nos exigences en terme de datas augmentent d’ici-là), une première conséquence de l’arrivée de cette technologie devrait tout de même être une exposition plus importantes aux ondes.

Rappelons également que le débat sur les ondes électromagnétiques est loin d’être clos. La recherche scientifique peine toujours à évaluer aussi bien la sécurité que la dangerosité de ces rayonnements. Aucune preuve de risques à court-terme n’a été faite. Mais cela signifie simplement que s'il existait des risques, ces derniers n’ont pas pu être démontrés. Ce n’est pas la preuve de l’absence de risque.

Lorsque l’on se penche sur la littérature sur le sujet, nous sommes bien forcés de constater que s’il existe des études aux résultats rassurants, il en existe d’autres aux conclusions plus inquiétantes. Pourquoi ? Parce que l’étude des ondes électromagnétiques est complexe. Comme en témoignent les déboires de l’étude Interphone, il est très difficile d’appliquer une méthodologie parfaite à ce domaine de la science que l’on ne maîtrise pas encore complètement.

La réalité des ondes électromagnétiques, qu’elles soient de type 4G ou 5G, c’est que personne ne détient la vérité. Les études se contredisent sans que personne ne soit capable de trancher sur la question. Non pas parce que personne n’est assez compétent, mais parce que le sujet est complexe.

C’est d’ailleurs pour cette raison que l’OMS a enregistré les ondes électromagnétiques comme possibles cancérogènes. Pas parce qu’il existe des preuves formelles de ces risques, mais justement parce qu’il n’existe pas de démonstration de leur innocuité non plus.

Dans l’attente, certains sont libres, comme toujours, d’appliquer une sorte de principe de précaution personnalisé. L’ANSES devrait rendre bientôt son rapport, bien que le manque d’études au sujet de la 5G puisse laisser présumer de la nature du contenu de celui-ci. Espérons toutefois que des études plus abouties feront surface avant la mise en place des bandes à 26 GHz, plus éloignées de ce que nous connaissons à l’heure actuelle.