La 5G ne fait pas (encore) rêver le secteur des transactions bancaires

La 5G ne fait pas (encore) rêver le secteur des transactions bancaires Si la faible latence de la 5G peut apporter des opportunités à l'industrie des terminaux de paiement électronique, les évolutions dépendront davantage des usages que de la technologie.

Avec la 5G, ce sont des promesses de débit élevés, de faible latence et de qualité de service qui sont mis en avant auprès des professionnels. Pour l'industrie des terminaux de paiement électronique (TPE), cela pourrait fluidifier les paiements et permettre d'effectuer davantage de transactions. Qu'en est-il vraiment ?

En Suisse, où la 5G est déployée depuis fin 2019, le fournisseur de terminaux de paiement électronique CCV, qui gère plus de 500 millions de transactions par an, se réjouit de disposer de connexions plus efficaces. CCV, qui enregistrait un temps de transaction de l'ordre de 10 secondes en 2G, est passé à 8 secondes avec la 4G et estime pouvoir l'abaisser à 7 secondes avec la 5G. "La 5G accroît la fiabilité du réseau, ce qui est important pour les paiements", synthétise Marianne Bregenzer, responsable de l'activité en Suisse et en Autriche. Autre point positif selon elle : l'essor des TPE mobiles, qui permettent aux commerçants de disposer sur un même support - leur smartphone - d'une solution de paiement et des applications métiers à moindre coût.

"Ce sont ces appareils qui vont bénéficier de la faible latence de la 5G et permettre de voir le taux d'échecs lors des transactions se réduire", prédit Pierre Lahbabi, CEO de Galitt, la filiale de Sopra Steria spécialisée dans les paiements. De fait, les échecs sont généralement dus à une saturation des réseaux ou à une mauvaise capacité des serveurs, notamment aux heures de pointe, deux paramètres sur lesquels la 5G pourrait influer positivement. "Ces terminaux sont toutefois vraiment minoritaires en France", nuance Tariq Ashraf, senior manager chez le cabinet de conseil français BearingPoint, qui suit étroitement ces sujets aux côtés de banques et de retailers.

Un TPE, un coût moyen de 250 euros en France

Pour cette raison, les acteurs interrogés en France ne sont "pas convaincus que la 5G va mener à des évolutions, d'autant que les terminaux de paiement électronique s'adressent à une grande variété de clients – du chauffeur de taxi aux grandes chaînes de retail – qui n'ont pas les mêmes problématiques", souligne Sylvain Chevallier, associé chez BearingPoint. Plus que le débit, la question majeure dans le secteur des paiements concerne la couverture réseau. Ce qui est attendu par les professionnels : une meilleure couverture à la fois outdoor pour garantir l'universalité du moyen de paiement et indoor pour éviter la saturation des réseaux dans les centres commerciaux et l'échec des transactions qui en découle. "Mieux vaut un terminal en 4G qu'un en 5G encore mal couvert", poursuit Sylvain Chevallier. Pour l'heure, la 5G est déployée en tâches de léopard. Les quatre opérateurs français ont jusqu'à 2025 pour couvrir 90% du territoire en 5G.

Le passage à la 5G implique par ailleurs un coût supplémentaire puisque les acteurs doivent équiper leur parc de terminaux de puce 5G. Pour Famoco, fabricant français de TPE mobiles sécurisés basés sur Android (300 000 terminaux déployés dans plus de 50 pays), les clients utilisateurs de TPE passeront à la 5G non pas dès qu'une zone géographique sera dotée de la 5G mais quand ils auront besoin de renouveler leur parc. Sachant qu'un cycle de vie dure cinq à sept ans, selon Marianne Bregenzer, de CCV Suisse. Le renouvellement des TPE, qui coûtent en moyenne 250 euros en France, se fera ainsi en dehors de la 5G.

Malgré ces obstacles, la 5G pourrait favoriser de nouveaux usages, comme l'open paiement. "Le paiement devient multimodal. Avec la 5G, le paiement par carte de crédit dans les bus par exemple serait facilité, il n'y aurait plus de frein en mobilité. Aujourd'hui, les acteurs sont réticents en raison des tunnels et des autres obstacles à un bon réseau en tout lieu, que la 5G se promet d'assurer", assure Lionel Baraban, CEO et cofondateur de Famoco, qui observe un intérêt croissant de plusieurs collectivités voulant s'inspirer de l'exemple de Londres, où l'open paiement est déjà développé. Après avoir équipé Toronto et Stockolm, Famoco échange avec Paris sur le sujet.