Smartphones et high-tech : pourquoi le reconditionné ne convainc pas encore le grand public ?
Le reconditionné a, en théorie, tout pour séduire : des produits moins chers, une démarche plus durable, et une accessibilité en forte progression.
De la téléphonie aux consoles de jeux, en passant par l’électroménager ou les casques audio, l’offre s’est professionnalisée et étendue, poussée par des plateformes spécialisées, des acteurs de la distribution classique et l’émergence de nouvelles garanties qualité. Pourtant, dans les faits, le grand public reste encore frileux. Pourquoi ?
Le reconditionné progresse, mais lentement
Sur un marché toujours plus sensible au prix et à l’impact environnemental, on aurait pu s’attendre à une adoption massive. Pourtant, les données indiquent une dynamique ralentie, voire en recul. En 2024, par exemple, la part des recherches liées aux smartphones reconditionnés a baissé de 12 % par rapport à l’année précédente. Et selon une étude Kantar, 66 % des Français estiment que le neuf reste plus fiable, contre seulement 21 % pour le reconditionné.
Des écarts de prix trop faibles pour basculer
L’un des freins majeurs reste le niveau de prix. Dans l’imaginaire collectif, reconditionné rime avec bonnes affaires. Mais dans les faits, l’écart de prix entre le neuf (au meilleur tarif) et le reconditionné s’avère souvent trop faible pour justifier le compromis.
À titre d’exemple, selon les données relevées sur la plateforme de comparatif leDénicheur, l’analyse des prix des smartphones les plus populaires révélait que :
- L’iPhone 13 affichait un écart significatif (environ -35 %) entre le neuf et le reconditionné,
- Mais pour deux modèles plus récents, comme l’iPhone 16 Pro Max ou le Galaxy S24, le reconditionné est parfois plus cher… voire simplement égal au neuf, avec un avantage inférieur à 7 %.
Dans ces conditions, la majorité des consommateurs préfère investir dans un produit neuf, perçu comme plus fiable, mieux garanti, et sans "surprise" à la livraison.
Des marketplaces qui brouillent les repères
Ce phénomène s’explique notamment par l’agressivité tarifaire de certains vendeurs tiers sur les marketplaces, qui peuvent casser les prix du neuf jusqu’à rendre le reconditionné peu compétitif. Cette guerre des prix brouille les repères et complexifie la lecture pour les acheteurs.
Apple, Samsung : deux visions, deux usages
Les différences de comportement entre marques confirment cette tendance. Les produits Apple sont davantage recherchés en reconditionné que ceux de Samsung. Cela s’explique par :
- des prix neufs plus élevés pour les iPhones, rendant le reconditionné plus attractif,
- une distribution plus massive des produits Samsung neufs à prix réduits via des vendeurs tiers.
Au-delà du smartphone, une adoption encore marginale
Selon une étude du collectif “On passe la seconde”, seuls 14 % des Français déclarent privilégier le reconditionné pour leurs achats de matériel numérique, tandis que 73 % continuent de préférer le neuf, en particulier lorsqu’il est soldé ou en promotion.
Le smartphone reste la principale porte d’entrée vers le reconditionné, avec environ 14 % des recherches produits orientées vers ce segment. À titre de comparaison : 12 % pour les consoles de jeu, et entre 6 et 8 % pour les tablettes, casques audio ou montres connectées.
En somme, le reconditionné progresse, mais reste cantonné à certains usages spécifiques, souvent motivés par le prix initial élevé du neuf.
La promesse ne suffit plus : il faut rassurer
Aujourd’hui, la promesse d’un produit plus accessible et plus durable ne suffit plus à faire basculer l’acte d’achat. Ce qu’attendent les consommateurs, ce sont des garanties concrètes : transparence sur les tests effectués, clarté sur l’état réel du produit, lisibilité des grades (A, B, C…), politique de retour sans ambiguïté, véritable écart de prix justifié.
Le reconditionné n’a plus à démontrer sa légitimité. Il a à prouver sa fiabilité, sa transparence et sa valeur. Dans un marché ultra-concurrentiel, la confiance est la monnaie d’échange. Elle passe par des standards plus stricts, une meilleure lisibilité de l’offre, et une pédagogie renforcée. Le jour où un consommateur pourra acheter un smartphone reconditionné avec le même niveau de sérénité qu’un produit neuf, l’adoption suivra naturellement.