Coupe du monde 2026 : le terrain de jeu réseau grandeur nature
Alors que se profile la coupe du monde de football 2026, les opérateurs des infrastructures doivent déjà être en ordre de bataille pour pallier toute perturbation technique ou cybercriminelle à venir.
Les manifestations sportives ont, de tous temps, favorisé la cohésion et le rassemblement des hommes. Des arènes romaines à nos jours, elles ont « […] le pouvoir de changer le monde. [Elles ont] le pouvoir d’unir les gens d’une manière quasi-unique. » pour reprendre les mots de l’ancien président de l’Afrique du Sud et passionné de sport, Nelson Mandela. Cet engouement a depuis plusieurs décennies, largement bénéficié du perfectionnement des technologies, lesquelles ont permis de faire passer la retransmission du tube cathodique à l’internet, au-delà des frontières. Or, qui n’a pas expérimenté avec grande frustration les ralentissements des premières heures d’internet, face au nombre (trop) important de personnes connectées et subit des décalages de réception d’un but ou de l’arrivée d’une course ? Ce sont ces types de problèmes que les spécialistes réseaux s’évertuent à résoudre quotidiennement.
Les grands évènements sportifs ont, de fait, toujours été des accélérateurs d’innovation pour les réseaux mobiles. C’est pourquoi la Coupe du monde de football 2026, constituera indubitablement un véritable terrain d’expérimentation grandeur nature pour les opérateurs des infrastructures de nouvelle génération. En effet, par son ampleur, ce tournoi qui se déroulera dans 16 stades en 104 rencontres, poussera les réseaux mobiles au maximum de leurs capacités. À chaque match, des dizaines de milliers de supporters génèreront de colossales quantités de données, que ce soit en consultant des statistiques sur les applications sportives ou en visionnant des vidéos en 4K. Plusieurs centaines de journalistes accrédités, membres des équipes de diffusion et autres employés connectés simultanément mettront ainsi le réseau existant à rude épreuve. En d’autres termes, la technologie sur laquelle repose cette manifestation suivie par des millions de spectateurs du monde entier ne peut en aucun cas échouer, toute perturbation majeure faisant immédiatement la une des médias.
Pour relever ce défi, les opérateurs devront donc déployer les innovations 5G les plus récentes, avec par exemple des micro-réseaux temporaires et des « tranches » de réseau. À terme, le succès sera défini par deux critères : une protection robuste contre les cybermenaces telles que les attaques par déni de service distribué (DDoS) ; une capacité suffisante pour prendre en charge un nombre élevé d’abonnés et de nouvelles applications à haut débit.
Indicateurs de performance clés et de la modélisation de la propagation des micro-réseaux
Afin de répondre aux besoins croissants de bande passante que suscitent des évènements de cette envergure, les opérateurs déploient des micro-réseaux privés via des unités mobiles, également connus sous l’appellation Network-on-Wheels (NoW). Ces unités regroupent l’ensemble des technologies 5G essentielles (à savoir RAN, Core, MEC et Transport) dans un format compact qui autorise un déploiement rapide et temporaire partout où cette technologie est nécessaire.
Ce mode de déploiement permet aux opérateurs de gérer la connectivité sur site. Cela présente plusieurs avantages parmi lesquels une bande passante supérieure pour les caméras installées dans des endroits inaccessibles aux équipements câblés ou un visionnement en streaming sans tampon pour les spectateurs. Cette capacité de contrôle leur donne également la possibilité de mieux surveiller certains indicateurs de performance tels que la perte de paquets de données, susceptible d’augmenter la latence, la gigue, qui est une variation de temps d'acheminement des paquets à travers un réseau et qui est parfois à l’origine de coupures de son, ou encore le débit en liaisons montantes/descendantes, notamment pour le streaming vidéo et le partage de contenus. En d’autres termes, il est essentiel de maintenir une qualité maximale pour chacun de ces éléments, dans la mesure où toute dégradation du réseau sera immédiatement remarquée et engendrait des coûts supplémentaires élevés, ainsi que du temps et des ressources.
Nécessité d’une meilleure observabilité de bout-en-bout
Par ailleurs, assurer le bon fonctionnement d'un réseau temporaire, requiert de tester sa robustesse bien en amont de l'événement. Pour ce faire, les équipes mettent le réseau à l'épreuve avec des simulations de forte affluence pour assurer une couverture optimale, un débit suffisant et une infrastructure résistante aux imprévus. Ainsi, une surveillance en temps réel et une visibilité de bout en bout du réseau permettront aux équipes techniques de veiller à son bon fonctionnement, avec une connexion stable et de qualité et d’identifier tout trafic inhabituel ou malveillant – à l’instar de potentielles attaques DDoS –, mais également de localiser les applications, les appareils et les utilisateurs spécifiquement à l’origine des problèmes de performance. Une telle visibilité permettra de résoudre les problèmes proactivement en empêchant qu’un dysfonctionnement mineur ne devienne une panne généralisée.
Mesure de succès : sécurité et capacité
Du point de vue des opérateurs, le succès sera mesuré à l’aune de deux indicateurs particulièrement importants : la protection du réseau contre les menaces DDoS et le maintien d’une capacité suffisante pour les utilisateurs.
Par son ampleur, la Coupe du monde, ainsi que les 48 pays en lice, constituent une cible de choix pour les cybercriminels, augmentant le risque d’attaques telles que les DDoS. Par le passé, des États-nations et des activistes ont perturbé cette épreuve, démontrant ainsi que les protocoles de sécurité et la détection des menaces en temps réel sont essentiels pour les organisateurs et les sponsors. Le moindre incident de sécurité peut non seulement impacter les recettes, mais également nuire à l’image de l’évènement avec des pertes d’audience potentielles à la clé. C’est pourquoi, les opérateurs mobiles doivent a minima renforcer leur système de détection et de neutralisation des attaques DDoS.
In fine, pour les opérateurs de réseaux mobiles, la Coupe du monde de football 2026 sera bien davantage qu’un évènement sportif. Cela sera un terrain d’essai sans précédent. En effet, les connaissances acquises grâce au perfectionnement des modèles de propagation en environnements haute densité, à la garantie de l’observabilité d’un bout à l’autre du réseau, en passant par renforcement de la cybersécurité joueront un rôle décisif. Ces avancées ouvriront la voie à la Coupe du monde 2030 et façonneront en profondeur les stratégies de déploiement de réseaux commerciaux résilients et hautement performants au cours des années à venir.