Bonnes feuilles : "La deuxième vie des réseaux" Vers une limite des capacités

"Même les projections les plus conservatrices prédisent ainsi une véritable explosion des usages au fur et à mesure de la montée en puissance de la deuxième vie des réseaux. (...)

"L'avenir radieux de la deuxième vie des réseaux n'est pas acquis"

Mais toutes ces projections considèrent implicitement que le monde des réseaux physiques sous-jacents, qui s'est en apparence effacé pour favoriser l'expérience des utilisateurs, pourra supporter, comme ce fut certes le cas jusqu'à présent, l'accroissement considérable de trafic que cette explosion des usages implique. Or si la deuxième vie des réseaux a certes débuté sur les réseaux physiques de "première vie", en particulier les réseaux de cuivre et les réseaux mobiles jusqu'à "2,75G" (deuxième génération améliorée, comme avec la technologie Edge), ceux-ci ne disposent pas des capacités suffisantes pour faire face à une généralisation des nouveaux usages.

En réalité, l'avenir radieux de la deuxième vie des réseaux que nous venons longuement de décrire... n'est pas acquis. (...)

Aujourd'hui, l'entrée dans la deuxième vie des réseaux et les usages qui la caractérisent conduisent de nouveau à un accroissement exponentiel du trafic, mais cette fois à partir de niveaux déjà considérables. (...)

projection du trafic internet par usage grand public (monde)
Projection du trafic Internet par usage grand public (monde) © "The Exabyte Era", Cisco, janvier 2008, p.5

Bret Swanson de l'institut Discovery met d'ailleurs en évidence ce qu'il appelle l'arrivée de l'Exadéluge ou Exavalanche. Il explique que l'Internet sera bientôt confronté à une vague énorme de nouveaux contenus repoussant les frontières connues du monde de l'exaoctet. (...)

Si l'on élargit le spectre à l'ensemble des informations numériques existantes, c'est-à-dire celles présentes sur les réseaux (visibles et invisibles) mais aussi celles en dehors des réseaux (CD, DVD, etc.), les niveaux atteints sont encore plus vertigineux. Une étude du cabinet IDC pour la société EMC2, publiée en 2007 et intitulée The Expanding Digital Universe 30, révèle ainsi : "En 2006, la quantité d'informations numériques créées ou copiées dans le monde atteignait 161 exaoctets, soit l'équivalent de 3 millions de fois les informations contenues dans tous les livres jamais écrits. Entre 2006 et 2010, poursuit l'étude, la quantité d'informations ajoutée chaque année dans l'univers numérique croîtra d'un facteur 6, de 161 à 988 exacoctets." (...)

Cependant, une fois n'est pas coutume en matière de télécommunications, les projections de trafic sur les réseaux à moyen terme vont bien au-delà d'un simple ajustement des usages sur les capacités : à leur tour, les usages stimulent les technologies, la demande stimule l'offre."

"Le Village numérique mondial, la deuxième vie des réseaux", de Diddier Lombard © Odile Jacob