La voiture gratuite : mythe ou réalité ?

Les constructeurs baissent le prix d’appel pour motiver l’achat alors que le prix final reste le même, c’est la promesse qui change.

Pour imaginer comment disrupter le marché automobile et passer du produit à l’usage, prenons l’exemple des opérateurs téléphoniques : ils proposent des téléphones high-tech à 1€ mais dont les forfaits sont plus chers. Aujourd’hui, acheter le produit importe moins que sa propre utilisation. Dans la mobilité, on sait aujourd’hui que 95% des voitures restent immobilisées la majeure partie du temps, il faut rentabiliser ces véhicules. Citroën vient donc de lancer avec TravelCar une offre complètement inédite : la voiture à 0€. Accepter de la confier les deux tiers de son temps en autopartage, c’est rembourser la totalité des loyers. C’est une première phase dans la transformation du modèle économique de la vente d’une voiture.

La digitalisation, l’automatisation et de nouveaux business modèles ont révolutionné d’autres industries et l’automobile ne sera pas une exception. La data autour de la voiture est désormais clé dans le développement du secteur automobile. Les consommateurs seront prêts à partager leur data voire payer pour un service personnalisé et innovant. Aujourd’hui, les consommateurs choisissent déjà de partager leur data pour un éventail de bénéfices : leurs données GPS en échange d’informations sur le trafic et les conditions météorologiques, leurs data personnelles en échange de wifi gratuit ou de services gratuits divers etc…

La voiture de demain sera gratuite car elle communiquera directement avec les partenaires du constructeur mettant à disposition le véhicule. Il s’agira de fournisseurs de services (streaming, paiements mobiles, pay-as-you-drive, de conciergerie et de réservation, des fournisseurs de mobilité (partage, co-voiturage, etc.), la voiture pourra communiquer avec l’infrastructure environnante (autoroute, parking, trafic routier) l’autorité (appels d’urgence et d’assistance), les constructeurs et les réparateurs adéquats (diagnostic, entretien), les revendeurs situés à proximité etc. De manière alternative et grâce à l’automatisation, certains business pourront même offrir des trajets gratuits jusqu’à leurs points de vente. La diffusion progressive des véhicules entièrement autonomes aura le potentiel de transformer la voiture en un environnement de vie. Cela permettra de libérer un temps précieux. Les utilisateurs seront capables de dormir, travailler ou faire des achats en ligne pendant qu’ils seront sur un trajet.

Si l’intelligence de la voiture de demain est de savoir où aller en fonction des habitudes du conducteur, on pourra imaginer faire son plein dans un certain ensemble de stations essences sans avoir à payer. Il y aura des accords entre les pétroliers et les constructeurs qui deviendront alors apporteurs d’affaires. L’objectif pour un constructeur deviendra alors la simplification de la vie du conducteur : ne pas payer l’essence car la station sera reconnue par la voiture et enregistrée dans les favoris, ne pas prendre de ticket en entrant dans un parking car le parking et la voiture pourront communiquer et le client n’aura qu’à valider la transaction via l’écran de son véhicule ou son smartphone.

La data est devenue une monnaie d’échange, en construisant et en pérennisant la confiance des consommateurs, qui deviendra une réelle compétence pour les acteurs de l’industrie. Quoi qu’il advienne, le consommateur sera le réel bénéficiaire de cette évolution. Non seulement la voiture sera gratuite, mais ce qui la rendra d’autant plus attractive, ce seront les services fournis avec.

On peut se laisser rêver et se demander qui nous apportera le meilleur des services plutôt qu’un prix avantageux, puisque la voiture de demain sera gratuite et partagée. La différence se fera sans aucun doute sur la capacité des constructeurs à comprendre nos habitudes de vie et de consommation et à y répondre. En bref, c’est la voiture qui s’adaptera à l’homme, son mode de vie et ses habitudes de consommation !