La simplification de la recherche immobilière par la digitalisation

Le développement des outils digitaux tend à simplifier la phase de recherche immobilière. Au risque de saturer d’annonces des clients en quête de qualité ?

Confronté à la multiplication des supports de diffusion et la variété des terminaux, le marché immobilier est contraint de vivre sa transformation digitale plus rapidement que prévu. Poussées par les nouveaux usages dont se sont emparés les internautes, notamment en matière de recherche de biens à acheter, vendre ou louer, les agences immobilières n’ont pas d’autre choix que de suivre le mouvement de la digitalisation en intégrant des outils innovants. Car, dans cet univers très concurrentiel qu’est le web, le nouveau moteur, ce n’est plus seulement l’argent : c’est le temps.

Une digitalisation à marche forcée

Si le secteur de l’immobilier a la réputation de traîner la patte dès qu’il s’agit d’innovation, le rouleau compresseur du progrès l’a forcé à augmenter sa cadence. C’est que les acteurs du web, eux, n’ont aucune considération pour les structures un peu trop figées dans la pierre : ils avancent à un rythme soutenu, motivés par une demande toujours grandissante des clients, qui se sont saisis avec bonheur des outils numériques pour leur recherche immobilière.

Faut-il craindre une ubérisation du secteur ? Le sujet n’est pas là. Car la transformation numérique ne modifie pas en profondeur le déroulement des transactions dans l’immobilier : 70 % d’entre elles sont toujours prises en charge par des professionnels. Le marché immobilier, complexe et répondant à des réglementations extrêmement précises, ne peut pas devenir l’apanage de quelques amateurs désireux de bousculer des siècles d’habitudes. Non, ce que l’évolution digitale est en train de changer, c’est plutôt ce qui se passe en amont : la façon dont les futurs acheteurs, vendeurs et loueurs mettent la main sur le bien de leurs rêves. En ce sens, la digitalisation est une arme extraordinaire qui simplifie et optimise la phase de la recherche immobilière.

Recherche immobilière dans le monde virtuel

Cette étape clé de la transaction immobilière a bel et bien changé d’échelle : en passant sur le web, en s’appuyant sur des outils digitaux, le stade de la recherche s’est démocratisé. Les sites et autres plateformes web se sont développés à toute allure, offrant un cadre de plus en plus efficient pour accompagner la quête du logement idéal. Les chiffres, désormais, donnent le tournis. Les pourcentages étonnent.

Ainsi, on constate que :

  • 90% des projets immobiliers qui se concrétisent ont débuté sur Internet (achat, vente, location), et que 30% des internautes français disent avoir visité un site ou une application dans le domaine immobilier en 2015 (chiffres Usine-digitale.fr).
  • 13,4 millions de visiteurs mensuels uniques ont été enregistrés l’année dernière sur les plateformes dédiées à l’immobilier, ce qui en fait l’un des secteurs les plus porteurs du web (chiffres Abilways-digital.com) ;
  • Acteurs institutionnels et nouveaux entrants se partagent la mise, captant l’essentiel du trafic web : Seloger.com réunit 3,65 millions de visiteurs uniques par mois, Logic-immo.fr en capte 2,27 millions, Pap.fr en évoque 2,25 millions (pour 2015, source Le Monde). Et 80% de l’activité du site Leboncoin.fr (réservé aux particuliers) serait liée à l’immobilier.

Ces outils ont grandement simplifié la recherche de biens immobiliers, mais ils n’ont pas impacté fondamentalement la suite du processus de vente. Comme dans le domaine automobile, les clients continuent de se rendre dans les points de vente physiques, qui restent indispensables. Cependant, ils arrivent mieux préparés, après des heures de recherche sur le web, avec une idée précise de ce qu’ils veulent.

Quant aux acteurs de l’immobilier, eux, ils rivalisent d’astuces (et de budgets marketing) pour augmenter la quantité des annonces publiées, véritable Graal de la digitalisation du secteur. A tel point que seuls les poids lourds s’imposent, aux dépens des petites structures, moins bien préparées. Dans le monde virtuel, c’est la quantité qui domine : nombre exponentiel d’annonces, multiplication des supports… Mais n’est-ce pas un risque, aussi, pour la qualité des annonces ?

Digitalisation et spécialisation : un œil sur le chasseur immobilier

Parce que le marché immobilier, comme tout marché, tend à se stabiliser de lui-même, la profusion des annonces a créé une situation paradoxale : les futurs acquéreurs, surtout eux, s’épuisent tant et si bien à compulser les milliers d’annonces sur le web qu’ils finissent par abandonner ce vaste terrain de jeu pour se concentrer sur des acteurs plus spécialisés. La simplification de la recherche immobilière par la digitalisation aurait ainsi permis à des métiers très spécifiques de voir le jour, ou du moins, de se développer en France. Le chasseur immobilier est de ceux-là.

Effet pervers de la simplification : plus de gens qui cherchent et qui trouvent, ce sont aussi plus d’acheteurs potentiels qui se positionnent sur le même bien. Ce sont donc, également, plus de biens qui partent plus vite. Après avoir été dominé par l’argent, l’immobilier deviendrait ainsi une affaire de temps : aller plus vite pour négocier un bien au plus tôt, parfois le jour même de sa mise en vente. C’est ce qu’a compris le chasseur immobilier, qui s’appuie sur deux constats :

  • La simplification des recherches sur le web pousse les clients exigeants dans l’autre direction : ils réclament des services plus spécialisés, mieux à même de répondre à leurs besoins (psychologie du consommateur : ne pas faire comme les autres, sortir de la masse, chercher l’exception plutôt que la norme, etc.)
  • La multiplication des outils digitaux permet aux chasseurs immobiliers de fonder leur travail sur des solutions innovantes : logiciels de veille, agents connectés 24h/24 pour rester à l’affût des nouveautés mises sur le marché, outils de modélisation 3D, etc. (plus de détails ici).

Et les résultats seraient au rendez-vous : l’agence spécialisée Parisearch affiche ainsi un taux de réussite de 85% (pour des mandats exclusivement tournés vers l’acquéreur), avec 1 bien sur 2 trouvé en un mois.

Des chiffres heureux qui nous rappellent que, si la digitalisation a grandement simplifié la recherche immobilière, il reste que la recherche n’est rien si elle n’aboutit pas à la conclusion d’une vente. C’est-à-dire à ce que l’acheteur, le vendeur et le locataire parviennent à dénicher le logement rêvé. N’est-ce pas le but de ce jeu ancien qu’est l’immobilier, digitalisation ou pas ?