Voiture autonome : le défi de l’entretien et de la réparation

Alors que les débats portent sur l’évolution de la législation et le rôle des différents acteurs, du constructeur à l’assureur, on ne pense pas forcément au réparateur, qui sera pourtant en première ligne et dont la responsabilité sera engagée au quotidien.

Le véhicule autonome n’est plus un rêve d’ingénieur. Il est déjà en test dans de nombreux pays, avec des flottes de prototypes opérées sur route ouverte par des constructeurs (Audi, BMW, Mercedes, GM, PSA, Renault, Toyota...), des équipementiers (Bosch, Continental, Valeo) et de nouveaux acteurs (Alibaba, Google, Uber). Son arrivée sur le marché est prévue à partir de 2021, sachant que les modèles les plus récents embarquent déjà des technologies semi-autonomes.

Et bien avant de pouvoir lâcher les mains du volant, les conducteurs vont devoir aussi se familiariser avec les ADAS (aides à la conduite) que les marques automobiles sont actuellement en train de déployer massivement. Il s’agit des systèmes basés sur des radars et des caméras, qui permettent de détecter les piétons, prévenir des sorties de voie et enclencher un freinage automatique en cas de danger. Auparavant, on ne les trouvait que sur des modèles Premium. Aujourd’hui, ils sont à la portée des clients de véhicules très abordables, comme la Nissan Micra ou la Hyundai i10. Par exemple, sur le million de pare-brise que nous changeons chaque année dans l’hexagone, il y en a 15 000 qui intègrent déjà une caméra de bord. Ce chiffre va très rapidement s’amplifier. Le recalibrage est une prestation très technique, qui va bien au-delà de la pose du vitrage.

La réparation devient high-tech

Tout ceci n’est pas neutre pour le monde de la réparation, qui va devoir gérer l’entretien de ces technologies. Pour les techniciens, les opérations deviennent ainsi plus complexes. Par exemple avec l’affichage tête haute, qui reflète dans le pare-brise les informations utiles pour le conducteur. Demain, la surface d’affichage sera sans doute plus importante, avec l’apparition programmée de la réalité augmentée pour faciliter la navigation et mieux alerter en cas de danger. Ce n’est pas seulement le secteur du vitrage qui doit faire face à ces évolutions. Les carrossiers vont aussi être confrontés à la présence dans les pare-chocs de nouveaux capteurs comme les lidars, essentiels pour le véhicule autonome. Même le pneumatique devient plus high-tech. Il intègre d’ores et déjà un système de mesure de la pression (TPMS) relié au tableau de bord et sera doté demain d’une puce, informant la voiture de l’usure et du niveau d’adhérence.

Cela signifie que les réparateurs engageront leur responsabilité sur bon nombre d’opérations courantes d’entretien. Il faudra s’assurer à chaque instant de l’intégrité de l’électronique embarquée. Rappelons que les modèles les plus sophistiqués ont jusqu’à 80 calculateurs et embarquent plus de 100 millions de lignes de code. Et ce sera plus encore à terme.

Les techniciens deviennent ingénieurs

Tout le monde ne pourra pas réparer demain de tels équipements. Par contre, les acteurs qui ont un réseau intégré et qui ont fait l’effort de former leurs techniciens, avec des compétences se rapprochant de celles d’un ingénieur, seront qualifiés pour ce genre d’opérations. Pour continuer à pouvoir entretenir des véhicules toujours plus connectés, et qui vont devenir autonomes, Carglass® échange par exemple avec le CESVI France, un organisme lié au monde de l’assurance et qui fait de la veille technique et de la formation.

Le conducteur ne pourra pas non plus s’affranchir de ses responsabilités. Parce que les capteurs peuvent être aveuglés par la boue, le sel de mer et par toutes sortes de projections, il sera nécessaire de nettoyer régulièrement les zones sensibles du véhicule pour garantir une sécurité optimale. Il ne sera plus possible non plus de repousser l’entretien, car c’est le véhicule qui dictera les échéances en fonction des défaillances et de l’usure mesurée en temps réel. L’obstacle n’est plus la technologie. Nous entrons dans une nouvelle ère qui relève le niveau d’exigence pour tous les acteurs.